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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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21 novembre 2006

La recherche, les palais de la République et le temps qui passe.

Mon employeur n'en finit plus de se trainer de crise en crise. Cette fois ci, c'est une coupure dans les budgets des laboratoires de Science de la Vie qui agite les hautes sphères de la science française (Libération le 17/11/2006 et Le Monde du 20/11/2006). On peut difficilement reprocher à la direction de l'établissement d'arbitrer entre diverses priorités (si tant est que l'on puisse encore parler de priorités quand on n'a plus les moyens de faire grand chose). Après tout c'est son boulot. Mais la méthode soulève des questions. Et surtout on ne peut que constater que cela fait un temps certain qu'une direction du CNRS n'arrive plus prendre de décision significative sans provoquer une lever de bouclier et un psychodrame. Aujourd'hui une répartition budgétaire, hier une réforme de l'organisme (réforme Mégie/Larrouturou), avant hier une possible réforme des structures de direction, avant avant hier le budget... Il faut dire que les deux dernières directions se sont fait virer avant terme, la dernière à l'issue d'intrigues de palais apparemment dignes d'un roman de Garcia-Marquez, la truculence et l'humour en moins. Chaque révolution de palais s'accompagne des incontournables mises au placard des projets en cours (quand ce n'est pas des personnes) avec les conséquences que l'on imagine sur la motivation des troupes. J'avais déjà souligné dans un précédent post une des retombées concrètes de cet état de crispation permanent, à savoir l'incapacité de moderniser les procédures de recrutement. Cette nouvelle crise, qui révéle une fois de plus la tension des rapports au sein des instances de direction de l'organisme, est un N+1-ème symptome de quelque chose de plus profond. Je crois que le CNRS n'est pas différent d'une grande entreprise publique ou privée en terme de complexité. La taille est comparable (25000 personnes enrivon), la diversité des métiers aussi... Bien sur, les finalités sont différentes: le CNRS n'est ni Thalès, ni La Poste ou la SNCF. Mais quelques principes généraux de management gagneraient à être mis en oeuvre. Sur le blog Zone Franche consacré à des réflexions sur de nouvelles pratiques de management, Jean Paul Bailly, PdG de La Poste décrit quelques une de ces règles de base pour faire évoluer une grande entreprise publique:
  • Donner une Vision, un projet et des valeurs : aujourd'hui, chaque employé du CNRS a son idée de ce que devrait être le rôle du CNRS. Si vous discutez avec des chercheurs, des ingénieurs, des administratifs, chacun pourra vous en parler et sera convaincu que sa vision est celle qu'il faut pour l'organisme. Mais personne ne fera référence à une vision commune, élaborée au sein de l'organisme et reconnue par tous. On est dans la juxtaposition d'opinions individuelles, c'est à dire tout le contraire de l'adhésion raisonnée à une vision collective. Idem en ce qui concerne les valeurs: parmis les chercheurs, le vocable excellence si souvent invoqué recouvre des réalités bien différentes et beaucoup de projections fantasmatiques. Quant au projet, le dernier en date a sauté avec l'ancien directeur général. Un site spécial fait le point sur l'évolution à venir du CNRS: je vous laisse le découvrir.
  • Mettre en place un management décentralisé par métier : On en est très loin. Au niveau des personnels d'appui à la recherche, le CNRS a mis en place un rencensement de ses personnels sur la base d'une répertoire de métiers. Un gros boulot mais qui n'est pas couplé à un accompagnement RH des personnels au niveau des établissements d'affectation... En clair, un outil administratif mais pas de management. Coté chercheur, les rares embryons d'accompagnement du métier ont été renvoyés aux oubliettes. Au début des années 90, Pierre Tambourin voulait mettre en place des entretiens correspondant aux diverses étapes de la carrière d'un chercheur, depuis les premières années suivant le recrutement d'un jeunes chercheur à la préparation à la cessassion d'activité pour les futurs retraités. En pratique, la mise en oeuvre s'est faite sur la base d'un unique entretien au bout de 7 ans de carrière. Rapidement, l'entretien est devenu purement facultatif, sans rééle publicité. Le dispositif est au point mort depuis deux ans au moins (faites une recherche google pour voir)...
  • Mettre en place un style de management « 3 S » - Sens, Soutien, Suivi : Je n'irais pas jusqu'à dire que cela ne se rencontre pas au CNRS. Ca serait faux. Il y a des gens qui donnent du sens à leur activité et à celle de leurs collaborateurs, qui créent une dynamique positive et qui suivent les conséquences de leurs actions. J'en ai rencontré. Mais une chose est certaine: cela ne fait clairement pas partie d'une culture partagée au sein du CNRS. Le corrollaire est que, en moyenne, les gens sont globalement laissés face à eux mêmes.
  • Organiser le dialogue dans l’entreprise : vaste programme. C'est pas gagné.
  • Avoir des alliés : le CNRS ne pourra pas sauver la recherche française. Les problémes de cette dernière sont intimement intriqués avec ceux de l'enseignement supérieur et de l'innovation technologique. Pratiquement tout le personnel du CNRS exerce son activité au sein des établissements d'enseignement supérieur, en collaboration étroite avec des universitaires. Point d'avenir pour le CNRS dans un repli identitaire et une crispation autour de la prétendue incapacité des universités à faire de la recherche. Hélas, de nombreux collègues du CNRS continuent à considérer que la recherche ne repose que sur les seuls organismes... On l'aura compris, j'ai le sentiment que le CNRS est à des années lumières de cette révolution des mentalités et des pratiques. Pourtant la crise dans laquelle s'enfonce lentement le CNRS n'est absolument pas différente des difficultés que connaissent nombre d'entreprises: confusion des missions, pertes des valeurs, incapacité d'élaborer et de créer un consensus autour de décisions difficiles, souffrance des employés tiraillés entre des contraintes contractictoires, montée d'un sentiment de manque de reconnaissance. Lors des Etats-Généraux de la Recherche, j'avais eu l'occasion de voir que les compétences et la volonté pour mettre en oeuvre de nouvelles idées et un management renouvelé au sein du CNRS (et d'autres organismes ou au sein des unversités) existent. Malheureusement, ces forces vives porteuses d'avenir n'ont pas encore trouvé moyen de s'exprimer. En attentant, petit à petit se dessine l'idée que le CNRS est devenu impossible à diriger et à réformer. Et un jour où l'autre, il faudra bien solder les comptes. A relire ou à lire: la lettre de l'ancien directeur livrant son analyse de la situation.
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    Z
    Voilà une proposition qui va nous sauver....<br /> Décidément, il y a encore du travail...<br /> <br /> http://gillesmartin.blogs.com/zone_franche/2006/11/la_loi_de_la_pe.html<br />
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    After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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