1 décembre 2006
Les universitaires sont t'ils fondamentalement ingérables ?
Aujourd'hui, un des jeunes chercheurs qui avait participé aux Etats Généraux de la recherche a fait circuler un papier intéressant sur le thème du management dans la recherche et l'enseignement supérieur. C'est un article signé de Lucy Kellaway et qui est paru dans le Financial Times le 27 février 2006.
Après tout la recherche et l'enseignement supérieur publics sont un service public, financé par le contribuable et il est donc légitime de chercher à voir comment en améliorer le fonctionnement. Une fois que l'on a fait le tour des éventuelles dispositions réglementaires à modifier, ce qui reste est avant tout un problème de gestion des hommes, c'est à dire un problème de "management" au sens large. Bon d'accord, en France, le simple fait de prononcer ce mot dans une assemblée d'universitaires provoque de vives protestations. Mais si beaucoup de monde s'accorde pour condamner l'idée même de mangement dans ce secteur d'activité, rares sont les gens qui tentent d'analyser la question en profondeur. C'est pour cela que le papier de Lucy Kellaway est intéressant car il avance une analyse des raisons pour lesquelles le management d'une institution académique est un problème difficile, peut être même sans solution. Et c'est assez bien vu:
- Les universitaires sont intelligents. Certes, c'est un gage d'autonomie mais Kelly met en avant le risque d'afatuation qui nous guette tous et que l'on peut résumer par "JE suis intelligent et les autres sont des cons".
- Le bas niveau d'intelligence émotionnelle: en clair, de très grands chercheurs peuvent s'avérer être totalement incapables d'appréhender leurs collègues, des étudiants et plus généralement les autres...
- L'individualisme qui règne dans la recherche, conséquence du fait qu'au sein d'un même champ disciplinaire, les gens sont plus ou moins en concurrence pour les postes, le fric, la renomée etc...
- Une attirance immodérée pour la critique systématique couplée à une tendance poussée à sodomiser les drosophiles même quand il n'y a pas forcément de quoi se prendre la tête plus d'un quart de seconde.
- L'abscence de chaîne hiérarchique respectée par tous. Comme m'a dit un jour un ancien étudiant de Lyon: "Il serait temps que tes collègues comprennent que la fonction prime sur le grade. Même à l'armée il l'ont intégré".
- Un intérêt dans le statu-quo afin de préserver un système qui apporte emploi stable et retraite garantie.
- Une hyperspécialisation dans la recherche qui une tension entre l'égo du chercheur et le faible nombre de gens réélement concernés par ses travaux. Et de là peut évidemment naitre une certaine frustration.
""Cherche homme jeune, décidé, prêt à tout pour voyage d'exploration. Froid intense, bas salaire, retour incertain, gloire et honneur si réussite."
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