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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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28 février 2009

Le prochaine bombe financière ?

Un CDS (credit default swap) est une "pseudo assurance" par laquelle un établissement financier se protège du risque de défaut de remboursement d’un crédit en payant une prime. L'idée est la suivante: un banque a vendu un pret à une entreprise ou à quelque chose. Pour se protéger, elle achète une protection à une autre institution (un réassureur ou une autre banque par exemple). Pour cela elle paye une prime. Le contrat CDS stipule que si jamais le créancier de la banque ne rembourse plus, et seulement dans ce cas, la créance est transférée au protecteur qui rembourse alors le créancier. En clair, en souscrivant un CDS, une banque s'ocrtoie un droit de jouer les "Ponce Pilate" en récupérant sa mise et en transférant sur un autre - le protecteur - le soin de récupérer ses billes. Sauf que comme l'organisme auquel l'argent a été prété n'est pas partie prenante du CDS, qui n'engage que le protecteur et le préteur, le protecteur n'a à priori pas de recours... Premier risque!
cds
Evidemment, tant que tout se passe bien, être un protecteur est intéressant. Vous êtes là pour rassurer tout le monde et vous encaissez des primes. C'est donc un investissement sans capital initial car somme toute, en tant que protecteur, vous ne déboursez d'argent qu'en cas de défaut de remboursement et dans ce cas vous récupérez la dette qui "en principe" est assise sur des actifs solides (notez le "en principe"). Comme l'a dit Blythe Masters qui les a inventés dans les années 90: "It's a free lunch for every one". Mais en fait, c'est une pseudo assurance vu que le protecteur n'est pas obligé d'avoir les fonds en permanence pour assumer le risque...Oulala me direz vous. Last but not least, les CDS peuvent être revendus car leur rendement est variable: la prime de risque que touche le protecteur peut être revue à la hausse où à la baisse et un marché des CDS s'est développé. Et pour couronner le tout, pour être acheteur d'une protection CDS, vous n'avez même pas besoin d'être un préteur, c'est à dire de posséder une part de la dette. En clair, c'est vraiment un produit dérivé qui sert certes à "assurer" les préteurs mais aussi à spéculer sur le risque lié à des opération de crédit! Le mécanisme est simple: un investisseur peut avoir intérêt acheter une protection CDS à une banque. Si la dette concernée par le CDS n'est pas honorée, il touche le jackpot... Mais même si la dette est honorée, il peut s'en tirer favorablement si le risque de défaut augmente. En effet, rapidement il peut devenir lui même protecteur et comme le risque à augmenté, il touchera des primes supérieures à celles qu'il verse. Le bilan net peut donc être positif même quand la situation lui est à priori défavorable! En clair en étant tantot acheteur, tantot vendeur de CDS, on peut gagner ou au moins minimiser les pertes liées aux versement des primes... Free lunch for everyone... Et fin 2007, sur les 45 trillons de $ de notionel CDS, environ 20 concernaient des contrats dont aucun des deux partenaires - préteur et protecteur - ne possédaient une partie de la dette de référence associée. En 2008, le marché des CDS correspondait à des sommes de 60 000 milliards de dollars contre 6000 milliards en 2004! Et comme il s'agit d'opérations réalisées sans financement, elles sont comptées hors bilan ce qui explique que la bulle CDS ait pu décupler sans provoquer de scandale. Tout se corse quand les défauts de remboursement se multiplient. Les protecteurs sont alors obligés de passer à la caisse ce qui peut les conduire à la faillitte. C'est d'ailleurs ce qui a failli arriver à AIG. Du fait des effets d'amplification gigantesques induits par de longues chaines de CDS, un emballement des défauts de crédits aboutirait alors à une crise de confiance généralisée sur l'ensemble des marchés financiers. Le marché des CDS pourrait alors s'effondrer fragilisant un marché d'une taille plus de 50 fois supérieure celui des subprimes. Pour donner une comparaison, la capitalisation des entreprises du CAC 40 est passée de 1300 à 1000 milliards d'Euros du fait de la crise financière. Les CDS, c'est des produits dérivés adossés à un notionel de 40000 milliards d'euros... à comparer à la capitalisation du CAC 40 (1 trillon d'euros aujourd'hui contre 1,3 il y a un an)... Comme pour les subprimes, l'implosion ne détruira pas des sommes pareilles. Mais alors que la crise des subprimes a eu pour première conséquence directe dans le "monde réél" de mettre des gens dehors, l'explosion de la bulle CDS aura pour conséquence l'impossibilité pour les collectivités locales, des états et des entreprises de se financer... voire de continuer leurs activité (que faire si le réassureur demande son fric de suite ?). Des signes de tensions sur le marché des CDS sont déjà apparus avec en particulier une hausse des primes de risques (la prime que le préteur verse à son protecteur) qui reflète l'augmentation des évennements de défaut de remboursement de part le monde. Récement les primes ("spread") des CDS associés aux pays de l'Est ont fortement augmenté contaminant même par exemple l'Autriche qui est très exposée car préteuse de capitaux aux pays de l'Est qui sont rentrés dans l'UE27.
sovereign_credit_default_swap_spreads
Comme expliqué dans cette note en français, c'est le signe que la température monte. Aujourd'hui, on n'en est pas encore à la septicémie mais il y a là de quoi déclancher une nouvelle crise systémique bancaire majeure, d'amplitude encore plus importante que celle des subprimes. Une telle crise pourrait mettre en lumière l'incapacité des Etats à maitriser le système financier global provoquant une crise de confiance sans précédent historique. Si cela arrivait, ca serait l'effondrement systémique du système financier, de l'économie et l'entrée brutale dans une phase de turbulences majeures. Les Européens ne s'y trompent pas et les grandes manoeuvres sont en cours pour nettoyer le marché des CDS au moins au niveau européen avant l'été. Un peu comme si le temps pressait... tic tac tic tac... Et devinez ce qui ajoute encore à la fièvre: les difficultés financière de certains Etats Américains... NB: article rédigé le 22/02/2009...
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Commentaires
B
Bon ben moi cela m'a bien inspiré, ainsi que d'autres lectures récentes, j'en ai même fait un billet sur mon blog :<br /> <br /> http://benoitb.lesdemocrates.fr/2009/03/03/la-grande-erreur/<br /> <br /> ...où je pose, je crois, les 2 questions de fond essentielles qui en découlent ;-)
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B
Jacques Attali a écris la-dessus dans son dernier livre : "La crise, et après ?"
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