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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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15 août 2009

Darwin, Internet et l'IA (1)

Je suis né bien avant que l'Internet ne devienne omniprésent.
Enfant, puis adolescent et enfin étudiant, j'ai grandi dans une culture de l'écrit mais aussi de l'image. Le savoir était alors stocké dans des bibliothèques et rendu aisément accessible, sous une forme plus compacte, dans des encyclopédies. L'accès au savoir prenait du temps et l'enseignement que j'ai suivi comportait une part de mémorisation que je trouvais d'ailleurs trop importante.
A la fin des années 80, j'ai commencé à utiliser l'Internet principalement comme véhicule pour du courrier électronique. Même si le Net permettait l'échange de fichiers via ftp ou par mail, il n'avait pas encore altéré notre manière de travailler ni d'appréhender le savoir. C'était juste des tuyaux plus rapides pour communiquer dans un monde qui n'avait pas changé son rapport au temps et au savoir.
C'est en 1993 qu'avec l'invention du Web, les choses ont radicalement changé: non seulement il était possible de mettre à disposition des données mais surtout le Web les reliait entre elles via les liens. Autre nouveauté: chacun pouvait contribuer à alimenter le Web. Et en 1994, j'avais mis en place un serveur Web pour présenter les activités de notre labo.

Rapidement avec quelques uns, nous avons vu le potentiel du Web: permettre de rendre disponible une information de qualité, structurée au moyen de l'hypertexte... En clair, devenir une référence dans un domaine, un peu comme une biliothèque mais accessible de n'importe quel ordinateur et ouverte 24h24. C'est la démarche que j'ai eu avec la Guilde des Doctorants. Somme toute, il s'agissait de transcrire sur le net une démarche de synthèse familière par ailleurs...

Ce que je n'avais pas complètement perçu, c'est l'explosion du volume de données et de la redondance sur le Net. Cette explosion informationnelle dont j'ai déjà parle sur ce blog, commence d'ailleurs à poser questions. Ainsi Nicholas Carr dans un article récent intitulé "Is google making us stupid ?" se demande dans quelle mesure l'explosion du Net et le développement d'outils comme Google ne sont pas en train de modifier nos processus cognitifs. Ainsi, à une lecture approfondie de textes écrits longs se substituerait peu à peu une tendance au butinage de notes synthétiques, pas forcément très approfondie. Ainsi, la lente digestion de "sommes" sur un sujet serait peu à peu remplacée par la lecture plus ou moins rapide de quantités de petits documents, un peu comme si la connaissance ne se digérait plus qu'en tapas...

Plus largement, nous qui avons vécu les débuts d'Internet avons souvent vanté les mérites de l'intelligence collective sur l'intelligence individuelle voire déliré sur l'émergence de cette nouvelle forme d'intelligence. Mais sommes nous surs que l'intelligence collective est nécessairement plus performante que des intelligences faiblement connectées, conservant une large marge d'indépendance ?

hal_eye

Si je me base sur mon expérience de scientifique, rien n'est moins sur. Je vois quotidiennement dans mon travail comment des effets de mode prennent naissance dans des communautés fortement connectés et sont amplifié par la circulation instantée des prépublications. D'un autre coté, il est indéniable que cette circulation accrue d'information permet de renforcer au moins numériquement l'effort consacré à explorer un nouveau sujet, de faciliter des collaborations et de diminuer le temps lié à la diffusion de l'information.

Alors quel regard jeter sur ces évolutions ? Qu'est ce qui l'emporte: le gain d'efficacité induit par l'interconnexion des cerveaux ou le panurgisme induit par cette même interconnexion ? Y'a t'il vraiment matière à s'interroger où s'agit t'il de psychotage paranoide de vieux crouton dépassé ?

A suivre...

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Commentaires
P
Ca me fait penser à un collègue qui remarquait il y a déjà plusieurs années que le mode de travail des chercheurs a changé. Dans le temps, on apprenait à fond un sujet en lisant tout ce qu'il y avait à lire dessus avant de se lancer dans la recherche.<br /> Maintenant on a plutot tendance à se lancer dans un sujet "tete baissée", en tentant tant bien que mal d'apprendre ce dont on a besoin au fur et à mesure qu'on découvre qu'on en a besoin (je me reconnais bien là dedans, et vous ?)<br /> Mais ce changement est-il vraiment dû à l'Internet ? Plus surement, à l'explosion du volume des connaissances et à l'interconnection de tout avec tout. Résultat, si on voulait vraiment apprendre tout ce qui peut servir pour étudier un sujet X on pourrait passer sa vie à apprendre sans jamais passer à l'étape de production de nouvelles connaissances.
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L
Pour l'instant, je ne suis pas sur d'avoir jamais vu l'émergence de cette intelligence collective via Internet. En tout cas, pas une intelligence substentifiquement différente de celle qui était à l'oeuvre au début du siècle et qui permit l'émergence du physique nouvelle.<br /> Ce qui est fascinant dans le web, c'est la possibilité de retrouver de l'information pertinente, mais le processus cognitif reste inidividuel. Un des exemples les plus parlants, c'est wikipédia. Il y a des articles très riches, mais, qui s'il ne sont pas pris en main par une personne, manque de structure, d'organisation.<br /> <br /> Pour ce qui est de la peur de l'esprit morcelé par le butinage, j'avoue que c'est une pensée qui m'a déjà effleuré. Il y a dans le surf quelque chose de curieusement passif. Mais l'activité absolue n'est-elle pas un leurre ? Peut-on vraiment être constamment dans la construction, sans jamais flâner ?<br /> <br /> A+
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