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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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28 août 2009

Darwin, Internet et l'IA (3)

Alors où les évolutions issues de la révolution des technologies de l'information nous mèneront t'elles ?

La première réponse qui me vient à l'esprit, c'est surement pas où nous imaginions. Déjà, avec 10-15 ans de reculs, je vois la divergence entre ce que j'imaginais et ce qui se produit...

Comme Nicholas Carr, je suis finalement enclin à penser que cette révolution nous fera évoluer. Evidemment, pas tout le monde car une grande partie de l'humanité n'a pas encore accès à l'électricité et donc encore moins à l'Internet... et parmis le milliard d'internautes supposés, beaucoup ne l'utilisent qu'épisodiquement. Mais l'évolution de la petite minorité d'humains qui en fait un usage intensif sera intéressante à observer.

Ce qui est intéressant c'est que la civilisation de l'Internet va opérer une pression environnementale sur les individus, une pression portant non pas sur des caractéristiques physiques ou biologiques mais sur des caractéristiques comportementales. Ceux et celles qui s'intégreront le mieux dans les sociétés connectées seront celles et ceux qui s'adapteront le mieux à la nouvelle donne informationnelle créée par le Net.

C'est là qu'on voit Darwin pointer le bout de son nez, sauf que Darwin discutait de la sélection par des pressions environnementales portant sur des caractères biologiques ou physique. Mais depuis, on a fait du chemin...

Depuis 40 ans, en Sibérie, une équipe russe autour de Dmitri Belyaev mène des expériences très intéressantes sur les renards argentés de Sibérie. En gros, ils sélectionnent une population de renard sur des traits de caractères comportementaux (notamment une faible agressivité et une absence de peur de l'Homme). Le résultat surprenant, c'est qu'au fil des générations, les renards ainsi sélectionnés deviennent de plus en plus proches d'un animal domestique. Au delà du comportement, des différences physiques sont apparues au niveau des oreilles, de la queue et de la fourrure des renards, différences analogues à celles qui existent entre le chien et le loup.

Bref, je vous passe les détails, mais il semble que par la sélection sur critères comportementaux, l'équipe de Belyaev soit arrivée à domestiquer le renard argenté tout comme l'Homme a réussi à domestiquer le loup (ce qui a donné les chiens) il y a environ 15000 ans... Le point qui ressort de ces travaux, c'est qu'une sélection comportementale finit par entraîner une altération sinon du génome ou du moins de son expression.

Alors qu'en sera t'il si des générations d'humains baignent dans le flux d'informations issus du net. On peut évidemment être tenté de penser que cela nous influencera... mais surement pas par un mécanisme aussi simple que la domestication des renards argentés. Tout simplement parce que 40 génération humaines c'est au bas mot un millénaire et nul ne sait ce qu'il adviendra des civilisations actuelles sur une aussi longue échelle!

Par contre, à beaucoup plus court terme, comme je l'ai déjà écrit, notre rapport au savoir va se modifier. Nous commençons déjà à "fonctionner" différemment sur le plan intellectuel et je pense que cela va s'amplifier pour devenir permanent... Par le biais de l'interconnexion, une partie de l'humanité va baigner dans un bain culturel plus uniforme non seulement par son contenu mais aussi par son rapport à la connaissance. Je crois que là réside la vraie rupture historique.

Qu'en sortira t'il ? Difficile à dire... l'hyperempire pronostiqué par Attali avec l'aliénation de l'Humain aux forces du marché ? Peut être. Mais peut être pas sous la forme attendue car l'univers matériel va se rappeler à nous avec force. Sans compter le fait que l'explosion informationelle va mettre nos systèmes politiques à rude épreuve. Comme par le passé, la Nature et nos propres créations engendreront des pressions qui nous feront lentement mais surement changer au fil des décénies.

Quoi qu'il en soit, au moins, il n'y aura plus besoin de chercher très loin l'intelligence artificielle. J'aime assez ce qu'en dit Nicholas Carr:

"as we come to rely on computers to mediate our understanding of the world, it is our own intelligence that flattens into artificial intelligence".

Mais essayer de savoir à quoi elle ressemblera est aussi difficle que d'imaginer comment l'internaute de 2010 fonctionne pour le chevalier paysan de l'an 1000 au lac de Paladru.

caprica

Pour en savoir plus: un site web complet sur l'expérience de domestication par sélection génétique des renards argentés de Sibérie.

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