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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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3 septembre 2009

Carbon conneries au PS...

Ces derniers jours, ce fut la course à la bétise sur la "taxe carbone": d'un coté notre innimitable madonne qui s'élève contre cet impot injuste et de l'autre l'actuelle première secrétaire du PS qui s'emberlificotte dans une casuistique compliquée contre le projet de taxe carbonne du gouvernement - lequel n'est même pas complètement finalisé - mais qui veut une fiscalité écologique. Chacune de ces positions baroques est couronnées par une cerise sur le gateau, à savoir d'un coté un grand projet de transports "carbone zéro" et de l'autre la multiplication non pas des petits pains mais des voitures électriques pour tous. Reprenons un peu ce qu'il en est avec un minimum de rigueur et vous constaterez que nos deux dirigeantes socialistes ne maitrisent visiblement pas le dossier...

A propos de la voiture électrique pour tous: C'est simple: au jour d'aujourd'hui, elle n'existe pas. En tous cas, pas comme on l'imagine... En se renseignant un peu, on apprend assez vite que le principal problème de la voiture électrique, c'est la recharge. En effet, si on veut un véhicule électrique utilisable, il faut qu'il ait une certaine autonomie, de l'ordre de 250 km semblant un bon point de départ pour ne pas effrayer "monsieur tout le monde" (une voiture essence comme la mienne fait 450 km sur un plein et un diesel peut faire plus du double).

tesla_roadster2On sait que cela est possible: ainsi le roadster Tesla ou bien la Venturi Fetish ont de telles autonomies. Bon ce sont des voitures de sports - donc pas la voiture de monsieur tout le monde - mais elles illustrent bien le problème. Pour une autonomie de 300 km environ, l'une comme l'autre embarque à son bord de quoi stocker 53 kWh d'énergie. Par comparaison, ma kakoumoubile embarque 400 kWh sous la forme de 40 litres d'essence. Cela montre bien le gain que représentent ces véhicules électriques en terme d'efficacité énergétique. Mais, et c'est là tout le point, pour embarquer cela il faut 450 kgs de batteries Lithium/ion hautes performances (ci dessous le bloc de batteries de la Tesla Roadster).

tesla_batteries

Et là commencent les problèmes: tout d'abord c'est cher et il n'est pas clair du tout qu'on puisse les produire en masse pour "monsieur tout le monde". Mais ensuite, sur du 220 volts, avec du 32 ampères - la plus grosse prise électrique dans la maison de mopnsieur tout le monde - il faut près de 8 heures pour engranger nos 53 kWh!

On me rétorquera que monsieur tout le monde n'a pas besoin d'une voiture de sport électrique mais ne confondez pas puissance et énergie! En effet, comme je viens de l'expliquer le paramètre limitant n'est pas la puissance du véhicule (qui détermine ses "reprises") mais la quantité d'énergie qu'on doit embarquer. Celle ci correspond à l'énergie qu'il faut fournir au véhicule pour le lancer (énergie cinétique) ou pour lui faire monter une cote (énergie potentielle). Et accessoirement, l'autonomie de 300 km du roadster sport s'entend avec une conduite qui est à l'opposé de la conduite sportive... Pour diminuer cette quantité d'énergie nécessaire pour rouler 250 km deux solutions: tout d'abord diminuer la masse. L'énergie potentielle comme l'énergie potentielle sont proportionnelles à la masse. Donc un véhicule de 450 kg aura besoin de moins d'énergie qu'un de 900 kg et donc de moins de batteries. Ceci dit pour stocker 1/4 de 53 kWh, il faut encore 115 kgs de batteries Lithium/ion hautes performances ce qui suggère qu'à technologie de batteries données on ne peut indéfiniment alléger le véhicule... Ensuite limiter la vitesse: pour l'énergie potentielle, ca ne change rien mais l'énergie cinétique varie comme le carré de la vitesse. Mais bon, qui voudrait d'une voiture ne pouvant monter une cote à 2% qu'avec un seul passager et ne dépassant pas le 40 km/h ? Un compromis est donc nécessaire.

bfriendly_heuliezRegardons donc la Heuliez Friendly, chère à Ségolène: elle ne dépasse pas le 110 km/h (ce qui reste tout à fait décent), et pour avoir une autonomie maximale de 250 km. Pour cela, elle utilise 18 kWh. Et pour embarquer 18 kWh depuis la maison de monsieur tout le monde, il faut encore 2h et 40 minutes... Peut t'on descendre en dessous sans sacrifier en vitesse, en autonomie et capacité d'emport ? Pas sur...

En clair, même avec un véhicule beaucoup plus léger - et donc moins rassurant que nos voitures actuelles - aux performances "pépéres" (donc en phase avec une vision plus cool de la route), la voiture électrique reste longue à recharger et repose sur une technologie de batteries dont personne n'osera affirmer aujourd'hui qu'elle permettra une production de masse.

Sur les déplacements zéro carbone: là on est dans le voeux pieux.

A part la cariole en bois tirée par des chevaux, ou la marche à pied, aucun mode de déplacement n'est zéro carbone (notez que je néglige la respiration du cheval).

 

Tout d'abord, construire un moyen de transport mécanisé, fusse t'il un vélo, rejette du carbone. A l'entendre, la première secrétaire du PS semble ignorer que la production de bien manufacturés, même destinés à durer des années, est source de rejets de carbone. Mais bon, passons sur cela...

On peut évidemment penser au véhicule électrique car on sait produire de l'électricité sans rejeter du carbone (modulo celui du à la construction des équipements de production & transport). Mais les calculs que j'ai donné ci dessus montrent qu'il va y avoir un problème. Imaginons en effet 10 millions de voitures Heuliez en circulation que les gens vont recharger chez eux le soir. Même en étalant la recharge sur six heures, cela fait une puissance par véhicule de 3 kW environ. En imaginant que ces véhicules fassent 20 km/jour et n'aient en gros besoin d'être rechargés à plein qu'un jour sur dix, la recharge représentera une surconsommation nocturne d'environ 3 giga Watts. C'est un minimum car je l'ai estimé en supposant que les charges étaient étalées le plus régulièrement possible.

Pour se faire une idée, 3 GW chez l'usager, c'est au bas mot 3 ou 4 réacteurs EPR tournant à plein régime... En hydraulique, c'est 3 millions de mètres cubes d'eau chutant de 100 mètres de hauteur chaque seconde et encore, sans compter les pertes en ligne lors du transport. Comme les centrales nucléaires n'aiment pas les pics de production, le risque est que la recharge des véhicules électriques entraine l'allumage de centrales thermiques au gaz ou au charbon chez nous ou chez nos voisins. Et là, adieu le zéro carbone...

La seule manière d'éviter ce redoutable effet "kiss cool", ca serait d'utiliser de l'électricité provenant de centrales hydrauliques. En principe, les petits barrages installés en France peuvent sortir une puissance instantanée de plus de 2 GW ce qui est donc presque suffisant. Mais se pose le problème de l'énergie totale consommée: nos centrales hydrauliques produisent sur un an 6 TWh à comparer au chargement des batteries: 4,5 TWh calculé sur la base d'une utilisation de 25 km, 250 jours par an pour 10 millions de véhicules. Ceci montre que pour que la voiture électrique de masse, rechargée par son propriétaire la nuit, ne rejette pas trop de carbone lors de son utilisation, il faudra un développement massif de l'hydroélectrique (notamment via des stations de repompage capables de remonter de l'eau en période de surproduction) et aussi de systèmes de gestion intelligents de la consommation électrique. Et encore, en supposant que l'on dispose bien d'un réseau capable d'encaisser des pics de demandes aussi énormes...

Bref, si je résume: la solution n'est peut être pas là où Martine la cherche. En fait, le vrai déplacement zéro carbone, c'est celui qui n'est pas fait (l'idéal) ou bien fait à pied en vélo ou à cheval (quasi idéal). Viennent ensuite les transports en commun et en dernier le véhicule motorisé individuel, fusse t'il électrique. En clair, le vrai plan déplacement "zéro carbone" c'est de permettre aux gens de pouvoir se déplacer sans véhicule ou au pire en transport en commun.

Et donc le plan transport zéro carbone, c'est surtout un plan pelleteuse... La clé, ce n'est pas le développement de plus de transport mais l'aménagement du territoire pour moins de transport! Et comme le souligne Alliston Arief dans son blog, la vraie difficulté sera de gérer l'urbanisme existant...

Pavillons

Au lieu de cela, nos deux dirigeantes en quête de projet pour l'Avenir prennent en otage la souffrance à venir des gens qui souffriront du rencherissement du coût de l'énergie sans avoir la moindre idée de comment leur épargner ces malheurs à venir. Visiblement, le yakafokon n'est toujours pas passé de mode. Quand je vois ça, cela me donne l'impression qu'au PS, on va encore faire pleurer dans les chaumières sur le sort des classes moyennes mais qu'on ne va surtout rien faire pour affronter les problèmes réels auxquels elles seront confrontées.

Ce n'est certes pas le cynisme sarkozien mais j'aimerais bien avoir un autre choix que la peste ou le choléra pour 2012...

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Commentaires
C
Les images de voiture peut être xD
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P
Ah bon, pourquoi ?
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B
Aaaah, j'aime ce genre d'articles :D
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