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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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28 septembre 2009

Les chants de la Terre lointaine

Dans un précédent post, je vous ai parlé de la "science fiction naturaliste", le concept introduit par Ron Moore, le concepteur de Battlestar Galactica et décrit dans on manifeste. Le principe, c'est de recentrer un récit de SF sur les personnages, qui n'ont rien d'extraordinaires, et d'enlever le maximum d'éléments irréalistes qui ne sont pas indispensables à l'histoire. En clair, la SF naturaliste, c'est l'opposé de Star Treck ou de la Guerre des Etoiles.
Naivement on pourrait même penser que c'est l'opposé de toutes les oeuvres majeures de la SF et que Battlestar Galactica a vraiment été la première oeuvre de SF naturaliste. En fait c'est faux.

chants_terre_lointainEn 1984, A.C. Clarke, l'auteur de "2001, Odyssée de l'espace", a publié "Les chants de la terre lointaine" qui satisfait parfaitement aux critères énoncés par Ron Moore. L'histoire est simple, loin des épopées starwarsiennes: en 2500, découvrant que le soleil est condamné à exploser, les hommes prennent le chemin des étoiles. Sur une planète océane, un "vaisseau semeur" donne une deuxième chance à l'humanité... Mille ans plus tard, le système solaire est sur le point d'exploser, mais la découverte de la "poussée quantique" permet désormais de transporter un million de corps cryogénisés vers Sagan Deux. Faisant escale sur Thalassa, le Magellan et son équipage feront la connaissance des descendants de l'humanité... Le coeur de l'histoire, c'est la rencontre des derniers habitants de la Terre et de leurs descendants, rencontre éphémère car ils seront de nouveau séparés par 50 années lumières et 300 ans de voyage. L'équipage du Magellan, ce sont des personnages ordinaires placés devant deux situations extraordinaires: la fin de la Terre et leur rencontre avec les habitants de Thalassa.

Le roman est particulièrement intéressant car il aborde vraiment le problème du voyage interestellaire. Pas de saut hyperspatial: ici la vitesse de la lumière est la limite ultime et même en pratique, elle n'est pas approchable à cause des collisions sur la poussière interstellaire. En clair une application stricte du principe énoncé par Moore: "The speed of light is a law and there will be no moving violations". Les deux seules extrapolations technologiques du roman sont donc l'extraction d'énergie des fluctuations quantiques du vide - ce qui permet de construire un vaisseau pouvant accélérer indéfiniment à masse au repos constante - et l'hibernation. Et ce sont les ingrédients minimaux pour l'histoire... 
Celle ci est complètement centrée sur les aspects inter-personnels: rencontres entre personnages avec en toile de fond le gouffre infranchissable qui les séparera à la fin. Et en écho au gouffre physique, le fossé entre deux civilisations au vécu totalement différent. Clarke insiste ainsi sur le contraste entre un groupe de survivants d'un cataclysme (l'équipage du Magellan) et les habitants d'une planète paradisiaque. Plusieurs questions sont abordées comme celle de savoir quels éléments de culture les Terriens peuvent/doivent t'il transmettre aux habitants de Thalassa dont la culture est conçue pour favoriser la stabilité de leur société ? Un arc inspiré des "Révoltés du Bounty" sert de charpente au livre et un autre tourne autour de la découverte d'une espèce marine intelligente mais cela n'est pas l'essentiel du roman qui tient surtout par l'effet d'immersion qu'il produit, conséquence directe de son réalisme. Comme le dit Moore:

"We will eschew the usual stories about parallel universes, time-travel, mind-control, evil twins, God-like powers and all the other cliches of the genre. Our show is first and foremost a drama. It is about people. Real people that the audience can identify with and become engaged in. It is not a show about hardware or bizarre alien cultures. It is a show about us. It is an allegory for our own 

society, our own people and it should be immediately recognizable to any member of the audience. "

PS: Au passage, la NASA a abrité entre 1996 et 2002 un projet "Breakthrough Propulsion Physics" qui bosse sur les pistes pour une propulsion interstellaire (pour en savoir plus: les transparents du directeur du projet)...

 

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Commentaires
M
Bonsoir<br /> <br /> J'ai trouvé ce roman il y a quelques jours. Au départ, je l'ai trouvé très intéressant et agréable à lire. Et, en effet, il changeait très agréablement de Star Wars. Mais, après en avoir lu un peu plus de la moitié, plusieurs graves incohérences me heurent.<br /> <br /> La première d'entre elle est que les passagers du Magellan, qui sont les derniers survivants de l'humanité, ne peuvent qu'avoir été terriblement traumatisés par la destruction de la terre. Or ce traumatisme n'apparait jamais dans ce livre. Et si les machines du Magellan les préservent d'une trop grande souffrance, les personnes doivent inévitablement développer un lien très fort et particulier avec ces dernières.<br /> <br /> La deuxième est que les machines qui ont élevé les premières générations d'enfants sur Thalassa n'apparaissent presque pas. Là encore, il est inévitable que les enfants de cette planète aient développé une relation très forte avec les machines qui leur ont servi de nounou.<br /> <br /> Il n'est pas non plus très logique de vouloir fabriquer de la glace depuis les océans d'une planète tellurique et de vouloir extraire cette dernière de son puit gravitationnel, alors que d'immense quantités de glace sont disponibles dans la ceinture extérieure des systèmes planétaires. C'est juste une grande perte de temps et d'énergie.<br /> <br /> Autre élément encore, le Magellan est capable de voyager sans encombre pendant des siècles, voire des millénaires. Une telle capacité signifie qu'ils est capable d'autodiagnostic et d'auto-réparation et probablement d'auto-direction. C'est loin d'être un simple véhicule. Mais, là encore il est en presque absent de l'histoire.<br /> <br /> Personnellement, j'aurais imaginé le plan d'évacuation du reste de l'humanité sous une autre forme (plus d'étapes, plus de vaisseaux, etc.) mais cela n'engage que moi.<br /> <br /> Si je trouve intéressant l'idée de traiter de cete nmanière de la rencontre entre deux branches de l'humanité, il me semble qu'Alastair Reynolds voit plus juste quand il décrit ce qu'implique le vol interstellaire à des vitesses relativistes et aussi ses conséquences psychologiques sur l'humanité.
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