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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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14 avril 2010

Low-tech trip in a high-tech province...

Je me disais que cela faisait bien longtemps que ce blog n'avait pas évoqué les déboires de malheureux expatriés français perdus dans des contrées lointaines. Evidemment depuis que j'ai retrouvé mon écosystème Croix-Roussien, j'ai du mal à raconter des aventures américaines. Mais mes collègues Pascal Koiran et Natacha Portier qui sont partis deux ans à Toronto découvrent à leur tour les joies de la vie sur le continent Nord-Américain! Alors profitons en avec ce récit que m'a transmis Pascal Koiran...

Je viens de passer une journée a Waterloo, une ville parfois connue sous le nom de "Silicon Valley du nord" a cause du grand nombre de start-ups issues de l'universite (merci wikipedia). Vous connaissez surement le Blackberry, une espece d'iPhone avant l'iPhone ?

L'entreprise qui le fabrique (RIM) a ete creee par un ancien etudiant; et Maple, le celebre logiciel de calcul formel, a ete cree par des profs de l'universite (c'est d'ailleurs au groupe de calcul formel que je suis alle rendre visite).

Pour aller a Waterloo, j'ai pris le train depuis Toronto. Des l'achat du billet on s'apercoit que le Canada n'est pas vraiment le pays du train. Pour partir le matin et revenir le soir il n'y a qu'un seul horaire possible (si!) : depart de Toronto a 11.03, retour de Waterloo a 21.37. Le voyage dure en principe 1h30, a peu pres autant qu'en bus. Donc il ne vaut mieux pas rater son train.

Je me renseigne a ce sujet au guichet : on peut embarquer 30 minutes a l'avance mais mieux vaut ne pas arriver a la derniere minute car la porte risquerait d'etre fermee. La porte ? Serions nous dans un aeroport ?

La suite ne fait que confirmer cette impression. Apparemment, le Canada est tellement peu un pays de trains qu'ils ont trouve naturel de les faire fonctionner plus ou moins comme des avions. En fait d'embarqument 30 minutes a l'avance, c'est une file d'attente a laquelle nous avons droit : les gens font la queue devant la fameuse porte (un panneau avec le numero du quai). Il y a aussi des sieges mais la plupart des gens sont debout dans la queue. Esperant un embarquement imminent je fais sagement comme tout le monde, mais nous ne monterons dans le train que quelques minutes avant le depart. Quand la "porte" s'ouvre enfin nous sommes conduits jusqu'au train, et un agent verifie nos billets au passage.

A l'intérieur nous restons dans une ambiance aerienne : les compartiments pour stocker les bagages au dessus de nos têtes ressemblent furieusement a ceux d'un avion, et le chariot de vente ambulante est 100% d'origine aerienne, il n'y a aucun doute d'apres le nom de la compagnie qui le fabrique (j'ai oublie le nom exact, mais je vous assure que c'etait tres aerien). Mais le plus drole, c'est quand-meme le rappel des consignes de securite! Je vous rassure, il n'y a pas de message enregistre pour expliquer que les gilets de sauvetage se trouvent sous notre siege (mais ils devraient peut-etre y penser, si jamais le train deraille dans le lac Ontario...). Par contre, les personnes assises devant la sortie de secours ont droit a un petit cours personnalise pour leur expliquer ce qu'il faut faire en cas de probleme. Si vous avez eu la chance d'avoir cette place dans un avion (il y a plus de place pour les jambes) , vous savez que ça se passe exactement de cette manière.

Au fait, vous pensez qu'il y a tout ce personnel de bord (2 hotesses du fer) parce que des centaines de personnes prennent le quasi-unique train entre Waterloo (quand-meme dans les 500 000 habitants en comptant Kitchener et son agglomeration) et Toronto (4.5 millions de personnes dans la GTA) ? Et bien pas du tout, le voyage se fait dans un train minuscule qui ne compte que deux wagons!

Il n'y a donc aucun doute, nous ne sommes pas dans le TGV, d'ailleurs les cahots (un peu comme dans un train de banlieue francais, mais en pire) et les nombreux passages a niveaux et arrets en rase campagne (ou rase banlieue) sont la pour nous le rappeler. Une autre ressemblance moins amusante avec l'avion, c'est que ce train est souvent en retard (voire meme toujours en retard, me dit-on a Waterloo). J'ai ete prevenu a l'avance : la personne qui doit m'attendre a la gare me demande de lui telephoner si le retard est important. Finalement, nous n'aurons qu'environ 30 minutes de retard. Pour un trajet d'1h30 il faut quand-meme le faire, d'autant plus que le train est parti a l'heure. Un peu avant l'arrivee je fais remarquer a l'hotesse qu'un retard semble se profiler. Elle me dit que "yes, we are slightly behind schedule" d'un air blase; pour le meme prix la SNCF se serait confondue en excuses et aurait offert moult compensations.

Pour le retour je crains le pire car on m'explique qu'il peut y avoir facilement plusieurs heures de retard si le train est parti de Chicago. Mais heureusement (?)  il s'avere que cette destination a ete supprimee recemment. Le prof qui le raccompagne a la gare verifie quand-meme avant de repartir que le train est annonce a l'heure, on ne sait jamais...

Pendant le trajet de la gare jusqu'a l'universite nous passons devant le Perimeter Institure, un centre de recherche prive finance par Mike Lazaridis, un milliardaire canadien (et oui, c'est lui le fondateur de RIM). Pascal nous a déjà parlé du Perimeter Institute sur son blog (http://ayearinboston.canalblog.com/archives/2006/10/25/index.html ).  Une nouveauté depuis son passage : des travaux importants sont en cours, on construit une extension parrainee par Stephen Hawking (Oui quand j'y étais c'était encore en chantier). Mais surprise, devant ce centre de physique theorique flambant neuf se trouve stationne un petit train, aupres duquel le train que j'ai pris depuis Toronto ferait facilement figure de TGV. On m'explique que le train ne fonctionne que pendant l'été, et qu'il sert principalement a emmener les touristes se promener a la campagne (Je confirme: j'ai vu les voies et je les ai même longées par -15 pour aller de l'université au Perimeter).

Plus tard, un thesard americain m'explique que le petit train n'est probablement conserve que pour habituer les habitants a la vue de ce genre de vehicule etrange. En effet, il y a un projet de construction d'un systeme de "light rail" dans l'agglomeration.

Je me demande si ca va vraiment se faire vu que le gouvernement ontarien vient de supprimer du jour au lendemain 4 milliads de dollards de financement pour aggrandir le reseau de transport en commun de Toronto (le maire est furieux). En matiere de transport en commun Toronto part d´une bonne base, surtout dans le centre ville, mais le réseau n´a pas suivi l´extension démographique de ces dernières années. Résultat, d´après une enquête récente sur un panel de 24 grandes villes Toronto arrive bon dernier pour le temps moyen de trajet domicile-travail, derrière Madrid, Londres, New York, San Francisco, Los Angeles...

La décision du gouvernement de l´Ontario est donc particulièrement mal venue, et je ne serais pas surpris si  d'autres projets similaires partent en fumee... Bien que ne venant pas non plus precisement d'un pays de train, le thesard est attere par le sous-developpement des transports en commun dans la region.

Bon, je termine quand-meme sur une note positive : le voyage s'effectue dans la bonne humeur, personne ne se plaint (sauf le francais de service, bien sur), des gens qui ne se connaissaient pas discutent entre eux, surtout au retour. C'est peut-etre le fait de voyager dans un vehicule exotique qui les met en si bonne disposition.

Commentaire de Natacha : comme nous l'a dit un de nos amis avant le départ : l'Amérique du Nord c'est le tiers-monde avec de l'argent. (C'est marrant, un de mes collègues prof à Boston University me disait presque la même chose: les USA sans la high-tech et les universités, c'est le tiers monde. Y'aurait t'il du vrai là dedans ?)

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