Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
Archives
Derniers commentaires
27 avril 2010

Le syndrome Caprica (suite et fin)

Suite du post précédent!

L'instruction est évidemment indispensable à la formation de citoyens au sein d'une société avancée. Sans instruction, impossible d'avoir un travail quand la quasi totalité des métiers nécessitent un minimum de connaissances techniques et une capacité à traiter un certain nombre d'informations. Sans instruction, impossible de comprendre les éléments de base qui sous-tendent un certain nombre de débats publics (changement climatique, mondialisation, énergie etc). L'instruction est donc incontournable pour la constitution d'une société démocratique avancée.

Mais l'instruction n'est pas l'éducation: en deconnectant les enfants du réel et de l'expérience vécue qui sous-tend la culture, on prend le risque de fabriquer une génération de clones imbéciles et instruits et pour notre plus grand malheur, de donner tort à Marguerite Yourcenar: "A chaque époque, il y a des gens qui ne pensent pas comme les autres, c'est à dire qui ne pensent pas comme ceux qui ne pensent pas."

Dans un précédent post, je me suis demandé ce qu'on pouvait faire au niveau de la formation des enseignants et même dans notre manière d'enseigner les sciences. Je pourrais prolonger ici la réflexion sur ce sujet important mais, à un moment, il faut aussi reconnaitre que cela ne suffira pas.

L'instruction ne peut  donner son plein potentiel que si l'éducation, qui concentre l'essentiel de la transmission de valeurs et de l'éveil de l'intelligence émotionnelle, n'est pas aux abonnés absents. Or cela repose essentiellement sur  les familles et plus largement sur chacun d'entre nous. 

Depuis quelques années, une prise de conscience à lieu autour des thèmes environnementaux et écologiques. C'est une bonne chose mais il est intéressant de remarquer que cette prise de conscience porte essentiellement sur les aspects matériels du problème: dans quel état allons nous laisser la planète à nos enfants et petits enfants ? Mais une autre question est souvent ignorée: quel enfants allons nous laisser sur cette planète ?

On peut idéologiser les débats sur l'instruction au travers d'un conflit entre tenants des méthodes dites pédagogiques et tenants de la pure transmission de savoir...  Mais ne pas dépasser cet horizon me parait passer à coté de l'essentiel. La question des valeurs véhiculées par la société autour de l'éducation et de l'instruction est largement plus importante.

De la même manière qu'au nivau familial et individuel, l'attachement à la culture et à l'instruction ainsi que la transmission de valeur sont des déterminants essentiels de la réussite scolaire puis souvent professionnelle des enfants, je crois qu'il en est de même à l'échelle des sociétés. Le rapport d'une société à sa culture et aux autres, à l'environnement, à son histoire sont probablement un élément déterminant dans sa capacité à affronter les défis qu'elle rencontre. Du Groenland à l'ile de Paques et au Rwanda en passant par la république de Weimar, l'Histoire récente et plus ancienne nous a exposé un impressionnant catalogue d'horreurs et de catastrophes qui découlèrent d'une forme de cécité sur l'un des points mentionnés ci dessus.

La question des rythmes de vie et de la convivialité, déterminante pour le développement de l'intelligence émotionelle et pour appréhender pleinement l'environnement dans lequel nous vivons sont donc largement aussi importantes, voire même plus que la question du contenu des programmes ou de la formation des enseignants. Mais elles sont largement occultées dans le débat public.

De même, questionner la place du matérialisme et de la culture dans notre société n'est pas un simple débat d'intellos mais une question politique d'importance comme le souligne Patrick Viveret. L'enjeu est tout simplement d'assurer notre capacité collective à construire un avenir meilleur en appréhendant la réalité du présent et les enseignements du passé. Bref, il s'agit de reprendre conscience de notre responsabilité dans la construction des générations futures. C'est la base même de ce qui construit des civilisations mais que l'accès rapide à une aisance matérielle, la déconnection avec les contraintes naturelles et la montée d'une forme de matérialisme immature au sein de nos sociétés avancées ont un peu fait perdre de vue. 

Ce point n'a pas échappé aux créateurs de Battlestar Galactica et de Caprica. Dans le pilote de Battlestar Galactica, on voit William Adama improviser un discours sur le thème de la responsabilitité après une dispute avec son fils:

"We refuse to accept the responsibility for anything that we've done, like we did with the Cylons. We decided to play God, create life. And when that life turned against us, we comforted ourselves in the knowledge that it really wasn't our fault, not really. You cannot play God then wash your hands of the things that you've created. Sooner or later, the day comes when you can't hide from the things that you've done anymore."

Et vous qui me lisez, que ferez vous des choses que vous avez créées ?

bsg_hera

Publicité
Commentaires
P
Merci pour avoir partagé cette réponse avec les lecteurs de mon blog! Effectivement, le partage et la transmission sont des choses essentielles et c'est une des choses que j'ai essayé de faire passer au travers de cette série de post consacrée à Caprica.
Répondre
F
Ce que je ferai de ce que j'ai créé? Je tenterai de le transmettre! Que ce soit directement ou indirectement, personnellement ou de manière impersonnelle, formellement ou informellement, réellement ou virtuellement, physiquement ou immatériellement, numériquement... Archives, Legacy, and bridges that are and will still being built, linking past to present, and we choose to which future(s) bridges will go!
Répondre
After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
Publicité
Publicité