Singularité technologique (2bis/3)
Au début de l'été j'ai commencé une série de posts consacrés à la singularité technologique inspiré par le récent papier de Huebner qui avance l'hypothèse que l'innovation scientifique et technologique est une ressource non renouvelable et donc susceptible de présenter un pic analogue au pic de Hubbert. Dans son article, Huebner avance des arguments forts pour dire qu'entre 1600 et maintenant s'est produit un pic d'innovation lié à la révolution industrielle et que le maximum s'est en fait produit fin 19ème et que nous sommes déjà sur la pente descendante. A l'opposé, les tenants de la singularité technologique pensent que nous sommes dans une phase de progrès exceptionnel et que la technologie dépassera bientôt l'Homme ou le transformera en profondeur.
Alors qui a raison et qui a tort ?
J'avoue que j'aurais été volontier preneur de votre avis sur la question mais la léthargie estivale semble avoir eu raison de la disponibilité de votre cerveau, à l'exception notable d'Arnaud avec qui j'ai eu l'occasion de partager quelques idées intéressantes sur le sujet (-: ...
Dans le second post de la série, j'avais avancé l'idée que des pics d'innovation s'étaient déjà produits dans un lointain passé: je pense en particulier à la révolution néolithique qui vit l'invention de l'argiculture et avec elle une transformation radicale de notre mode de vie avec la sédentarisation, la spécialisation des activités, le développements des premières cités et du commerce, d'où découlèrent l'invention de l'écriture et des mathématiques. Evidemment, je ne peux pas prouver cela de la même manière que Huebner car il n'existe pas d'enregistrement fiable des découvertes effectuées entre -10000 et -2500!
Néanmoins, si on admet l'existence d'un pic d'innovation lié à la révolution néolithique, il se dégage une possibilité intéressante: Huebner a peut être raison sur l'existence de pics d'innovation mais l'Histoire pourrait bien en présenter plusieurs, bien séparés, chacun étant associé à une révolution techologique ou conceptuelle. Dans cette vision de l'histoire, l'écart entre les différents pics reflète le temps nécessaire pour que la révolution suivante émerge. Et pour cela il faut probablement que la précédente soit bien digérée: ainsi la révolution industrielle n'est possible que dans une société déjà solidement structurée, ayant acquis une longue tradition d'accumulation des connaissances techniques et ayant généré une économie qui appelle la production de masse. Entre la révolution néolithique et la révolution industrielle, 11000 ans se sont écoulés...
La question est donc de savoir quel pourraient être les prochains pics rencontrés par l'humanité et à quelle révolution technologique ils pourraient être associés.
C'est un exercice très risqué que d'essayer de répondre à cette question. Mais bon, il n'est pas interdit de réfléchir...
A suivre...