Les puissances supérieures des Bogdanov

Franchement, j'aurais préféré arréter la série ici mais il y a un truc qui me chiffonne... Il est compréhensible que les Bogdanov aient été rendus furibards par le rapport portant sur leurs travaux et sur le processus d'évaluation scientifique de leurs thèses. Qu'ils demandent des explications quant à la "fuite" du rapport en question, c'est bien normal. 

Mais que le président directeur général du CNRS, dont l'emploi du temps est à mon avis bien rempli, se sente obligé de les recevoir puis de publier un communiqué de presse, ça me laisse un peu plus dubitatif.

Ce qui en revanche m'interpelle un tantinet, c'est la toute fin dudit communiqué:

"Enfin, le président du CNRS s'est déclaré heurté par l'allégation de « Stasi scientifique » portée publiquement par MM. Bogdanoff à l'endroit du CNRS qui est un établissement totalement dévoué au service public de la recherche et qui, par conséquent, ne souhaite entretenir aucune polémique médiatique avec qui que ce soit."

Quelque part, c'est un peu étonnant de la part du PDG du CNRS... Non pas le début de cette phrase mais sa fin.

Le CNRS est le premier organisme de recherche en France, le plus important par la taille et par sa largeur thématique. Il organise le Comité National de la Recherche Scientifique dont une des missions est d'évaluer l'activité des agents du CNRS et également de faire de la prospective sur les directions de recherche établies et émergentes. Le directeur de thèse des Bognanov, Daniel Sternheimer, est directeur de recherche (DR) au CNRS. Dans le jury de la thèse de Grichka Bogdanov, on trouve Costas Kounnas (DR CNRS) comme rapporteur, Ignatios Anoniadis (DR CNRS) comme examinateur et bien sur Daniel Sternheimer (DR CNRS)... Il me parait parfaitement normal que, en 2002, le CNRS ait cherché à comprendre comment ces thèses, dirigées par un DR du CNRS, validée par un jury comprenant un ou des DR CNRS et des professeurs d'universités françaises, ont pu se retrouver au coeur d'une telle controverse. Et donc forcément, compte tenu de l'implication directe de trois de ses "cadres supérieurs" (c'est comme cela qu'on considère les DR dans l'établissement maintenant), il était évident qu'il aurait tot ou tard été ammené à communiquer sur ce sujet... et donc potentiellement à rentrer dans une "polémique médiatique" vu le statut de personnes publiques des Bogdanov.

Alors pourquoi tant d'obséquisité ?

Doit t'on y voir la volonté du PDG du CNRS de ne pas s'acharner sur les jumeaux victimes d'un odieux complot fomenté par des scientifiques aveuglés par la jalousie comme ils le disent eux même? Ou comme le suggère Sylvestre Huet dans son blog, devrait t'on y voir le résultat de l'intervention d'une puissance supérieure ? 

Dans Battlestar Galactica, c'est Dieu (qui n'aime d'ailleurs pas être appelé par ce nom là) qui guide les personnages sur la voie de la sagesse en leur envoyant notamment Caprica Six en robe rouge moulante.

Dans l'affaire Bogdanov, les éventuelles puissances supérieures restent dans le brouillard. Il est vrai que vu de Sirius, c'est à dire de la province profonde où j'exerce besogneusement mon métier de chercheur, nous ne somme pas dans le secret des Dieux...

Et oui, nous sommes bien loin des flamboyances de l'OIympe, Paris, cette ville lumière qui bruisse d'un microcosme brillant, scintillant, vibrant et qui illutre à merveille le vieil adage "Les grands esprits se rejoignent": Pierre Sarkozy, un artiste qui produit les illustrations sonores de leurs émissions, Laurent Juppé qui travaille dans leur maison de production, le philosophe Luc Ferry qu'Igor a invité à son mariage avec Amélie Bourbon de Parme, descendante de la famille royale. Et comme ils le disent eux même, leur amitié avec le Président est ancienne... 

C'est sur, devant tant de puissances supérieures, je ne peux que m'incliner car comme les jumeaux le disent si bien eux mêmes: "Ce que nous exprimons est tellement vertigineux que même les scientifiques ne parviennent toujours pas à l'assimiler."