Populisme écolo: les origines...
Suite de mon précédent post sur les dérives du populisme écolo... (Sami va être content que j'aille au bout de cette exploration).
Une des questions que j'ai laissé en suspens c'est le pourquoi de ces éventuelles dérives. Je pense que comprendre le pourquoi de l'attachement viscéral à la cause antinucléaire est un bon exemple. Il faut pour cela se replacer dans le contexte de l'époque: le programme électronucléaire français a été lancé après le premier choc pétrolier pour diminuer la facture des importations d'hydrocarbures car à l'époque une partie importante de la production pétrolière provenait des centrales thermiques. Voir le graphe en bas de ce post que j'ai trouvé ici...
Ce programme a été construit en s'appuyant sur EDF et en utilisant une technologie américaine (Westinghouse) mais aussi sur l'expertise accumulée au fil des année dans le programme nucléaire national qui trouve ses origines dans le développement de l'armement nucléaire (voir un historique de tout cela sur Wikipédia). Et c'est de là que vient le hiatus...
Historiquement, dans les France des années 60 et 70, une partie de la gauche (pratiquement la majorité) était traditionnellement opposé à ce programme: guerre froide oblige, dans une gauche dominée par un PCF inféodé à l'URSS, ça n'était pas politiquement correct. Il y eut d'ailleurs une longue bataille homérique entre les anti et les pro dissuasion au sein du PS, bataille qui fut finalement gagnée par ces derniers juste avant 1981. Je vous renvoie aussi à l'excellent papier de Védrine sur la politique étrangère de Mitterrand qui revient brièvement sur cette histoire mais montre surtout le basculement de la gauche dans l'ère post PCF dont j'ai parlé dans un précédent post.
Dans un contexte post 68 où une partie du bloc de gauche s'était déjà fragmentée a émérgé l'écologie politique (1974: première candidature écolo à la présidentielle) qui s'est trouvée naturellement alimentée en militants venus de cette large famille politique. Et naturellement les combats anti-militaristes comme le camp du Larzac (la guerre d'Algérie n'était pas si loin et la gauche hors SFIO s'y était opposée) et les combats anti-nucléaires ont servi de ciment à ce nouveau mouvement.
Or il en est des mouvements politiques comme des individus: dompter ou transformer les démons qui habitent les placards de l'enfance est particulièrement difficile... De ce point de vue, l'écologie politique en France n'est pas encore sortie de l'adolescence (voire de l'enfance) alors que l'écologie tout court est une véritable science interdisciplinaire...
Je crois que le faible niveau de culture scientifique en sciences dites exactes (physique et sciences de la Terre mais aussi sur les notions de probabilité et de risque) a amplifié le phénomène de "passionisation" du débat autour du nucléaire en France.
Au delà de ce débat particulier, le problème c'est que tout le débat sur l'énergie est contaminé par cette incapacité d'une fraction des militants écologistes à partir des faits scientifiques. Or comme je l'ai expliqué dans ma série de posts sur l'énergie, la situation est suffisamment inquiétante pour qu'il soit malsain de ne pas utiliser tous les outils à notre disposition...
Je ne me suis surement pas fait des potes chez les écolos en écrivant cela mais au moins on ne me reprochera pas de ne pas avoir exprimé clairement le fond de ma pensée...