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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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18 novembre 2011

Etre ou ne pas être, là est la question...

D'ordinaire je ne traduit pas ce que je lis dans la presse anglo saxonne. Mais là, j'ai trouvé le propos de Naomi Klein dans son dernier papier dans "The Nation" que je me suis dit que ça serait dommage de ne pas en traduire des morceaux. 

J'ai choisi un passage qui, je trouve, à une résonance toute particulière pour nous dans le contexte de la campagne présidentielle de 2012. D'abord aprce qu'il dit les enjeux sans détours mais aussi parce qu'il pose, comme tout l'article mais ici de manière très concentrée, ce qui pourrait être les bases d'une ligne directrice du camp progressiste (souvent appelé la gauche)... Le choix est somme toute assez simple...

occupyOn peut vendre des lendemains qui chantent ou qui en tous cas seront plus juste... et avoir une campagne de mauvaise foi dans lesquels le camp conservateur aura beau jeu de flatter les penchants individualistes et les peurs de l'électeur tout en dénoncant la gentille utopie bisounours des progressistes... Ou bien on peut aussi tenter une campagne de rupture en expliquant clairement au citoyens les enjeux et en articulant les mesures que l'on propose en un projet cohérent, fondé sur des analyses sérieuses et sans présupposés idéologiques. Plutot Churchill que les Bisounours, plutôt un monde vivable dont nous pourrions être fiers plutot qu'une utopie néo-coco-bobo qui finira liquéfiée par un climat à +5 degrés.

Là c'est sur, c'est un affrontement idéologique clair et un combat qui sera impitoyable. Mais jamais le camp progressiste n'a été dans une telle position de force pour remporter la bataille des idées.

C'est précisément ce que nous disent Naomi Klein et, d'une certaine manière, le mouvement Occupy aux USA ou encore Stéphane Hessel et Edgar Morin dans "Le chemin de l'espérance".

"Pour résumer, répondre au défi du changement climatique nécessite de remettre en question toutes les règles canoniques du libre marché et de le faire de manière urgente. Nous aurons besoin de reconstruire la sphère publique, de renverser le mouvement de privatisation, de relocaliser de large pans de nos économies, de diminuer radicalement la surconsommation, de revenir à une planification sur le long terme, et réguler fortement et de taxer les grandes entreprises, peut être même de nationaliser certaines d'entre elles, de renormaliser nos budgets militaires et de reconnaitre notre dette aux pays du Sud.

Evidemment, rien ne tout cela n'a le moindre espoir d'arriver sans déployer un effort considérable pour réduire l'influence des forces économiques sur le débat politique. Cela veut dire pour le moins un financement public des campagnes électorales et donc retirer le statut juridique de "personnes" aux entreprises. En clair, le changement climatique ne fait que renforcer considérablement les arguments et thèses des mouvements progressistes, en leur apportant une cohérence et en leur fournissant un agenda basé sur un impératif scientifique clair. 

Plus que cela, au plan politique, le changement climatique constitue l'exemple le plus spécaculaire de "Je vous l'avais bien dit" depuis que Keynes a prédit la retour de flamme allemand suite au traité de Versailles. Marx a écrit à propos du "shisme fondamental" entre le capitalisme et les "lois naturelles de la vie elle même" et beaucoup à gauche ont avancé qu'un système économique basé sur le déchainement des apétits du capital finirait par écraser les écosystèmes naturels. Et bien sur, bien des peuples indigènes ont par le passé tiré la sonette d'alarme sur le danger des manques de respect à la "Terre mère". Le fait que les déchets gazeux du capitalisme industriel soient en train de réchauffer la planète avec des conséquences potentielles cataclysmiques signifie justement que les Cassandres avaient raison. Et que les gens qui ont affirmé "Abandonons toutes les règles et laisson la magie opérer" ont eu totalement, catastrophiquement tort.

Il n'y a aucune raison de se féliciter d'avoir raison sur des sujets aussi graves. Mais pour les progressistes, il y a une responsabilité dans tout cela car cela signifie que nos idées, alimentées par les enseignements des peuples indigènes et par les échecs du socialisme productiviste, sont plus importantes que jamais. Cela veut dire qu'une approche écolo-sociale qui ne se contente pas d'un simple réformisme mais vise à remettre en cause la place centrale du profit dans l'économie, constitue la meilleure chance pour surmonter ces crises superposées.

Mais imaginez in instant ce que cela signifie pour un type comme le président de "Heartland" qui a étudié l'économie à l'université de Chicago et qui m'a décrit sa motivation politique comme "libérer les individus de la tyrannie des autres". Cela ressemble à la fin du monde. Ca ne l'est pas mais de son point de vue et ses objectifs, c'est la fin de son monde. Le changement climatique fait exploser les carcans idéologiques sur lesquels le conservatisme moderne s'appuie. Il n'a y aucun moyen de réconcilier un système de croyance qui rejette le collectif et idolatre la liberté totale des marchés avec un problème qui demande des actions collectives à une échelle jamais atteinte et qui nécessite une prise de controle sur les forces du marché qui ont engendré et qui renforcent la crise."

Naomi Klein, Capitalism vs the Climate, The Nation (2011).

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Commentaires
P
D'après ce qu'on m'a dit, il existe trois grandes catégories d'agricultures en France: le standard qui représente le gros de la production, le bio dont tout le monde a entendu parler et le raisonné qui est un peu intermédiaire. On m'a expliqué la différence sur les oeufs: le oeufs bios sont produits sans aucune utilisation d'antibiotiques et par des poules en liberté, le standard, par des poules enfermées et avec utilisation d'anbitios, et le raisonné est un intermédiaire: les poules sont dans un batiment ouvert et on s'autorise les antibios... Je pense que pour les autres productions des distingos similaires existent notamment concernant l'utilisation des fertilisants...<br /> <br /> Ce qui est sur c'est qu'en passant au bio ou au raisonné, on perd en rendement. Pas dramatique pour nous je pense car on a déjà amplement de quoi se nourrir (encore qu'il faudrait vraiment quantifier l'impact)... Dans d'autres coins de la planète, c'est une autre histoire... <br /> <br /> Optimalement il faudrait également consommer plus de produits frais et moins de conditionné mais là on se heurte au manque de temps de beaucoup de gens dans nos sociétés un peu dingues...<br /> <br /> L'autre problème c'est la mécanisation de l'agriculture. Là aussi on peut gagner mais ca suppose de refaire appel à l'animal et à l'homme. C'est sur que revenir à une société ou cinq fois plus de gens sont dans l'agriculture absorberait une grosse partie du chomage mais les parents d'aujourd'hui ne révent pas d'un retour à la Terre pour leurs enfants... Une solution serait peut être de conserver des acquis de la mécanisation en développant un peu les agrocarburants pour l'usage exclusif du machinisme agricole... <br /> <br /> Bref pour changer de paradigme agricole et alimentaire, je crains que l'obstacle ne soit pas technique (alors là vraiment pas) mais plus dans la manière dont une telle évolution serait perçue... Mais bon, cela ne veut pas dire qu'il ne faille pas chercher à avancer.
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R
J'aime beaucoup cette approche qui remet en avant les "lois naturelles de la vie elle même" et invite à s'inspirer des enseignements des peuples indigènes. Cela rejoint une réflexion récente que j'ai eu sur le rapport qu'on les agriculteurs aujourd'hui avec la Terre nourricière (j'adore la définition de Dr. Albert A. Bartlett : "Modern agriculture is the use of land to convert petroleum into food"). <br /> <br /> A ce sujet, l'agriculture biodynamique semble apporter une technique et une philosophie intéressante pour ceux qui sont censés nous nourrir.
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P
Il n'y a pas d'opposition absolue entre marchés et lutte contre le réchauffement : voir l'exemple des marchés d'émission, des taxes carbones (chacun est libre d'acheter un produit qui pollue mais ça coûte plus cher). Evidemment ces règles et ces marchés doivent être mis en place par quelqu'un, en l'occurence les états. C'est peut-être encore trop "socialiste" pour certains.<br /> <br /> De toute façon ces préoccupations écologistes sont condamnées à rester au second plan tant qu'on ne sera pas sorti de la crise financière, et on dirait que ce n'est pas demain la veille...
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B
Celui qui se rapprocherait le plus de ce programme en France c'est Mélanchon (si l'on met de côté l'enrobage populiste qui sert à passer dans les médias, et même si ce n'est pas encore tout à fait ça), et dans une moindre mesure Montebourg en avait défendu certains aspects lors de la primaire. Hollande en est très très loin pour le moment, et je crains que ce ne soit pas l'aréopage qui l'entoure qui pourrait l'emmener dans la bonne direction...<br /> <br /> D'ailleurs, je trouve curieux que ce type de programme de rupture (qui est effectivement clairement ce qu'il faut faire à mon avis, et au plus vite), ainsi que les mouvements protestataires qui souhaitent une rupture tels "Occupy" et "indignés", ne trouve pas de concrétisation dans les urnes et à travers des forces politiques organisées. Mélanchon est à 5% en France, le parti populaire va l'emporter en Espagne sans qu'une extrême-gauche n'émerge dimanche, aux US ils vont certainement se voir proposer un duel à l'eau tiède entre deux hommes "du système" de type droite modérée tendance molle avec Obama et Romney, etc...<br /> <br /> Comment l'expliques-tu ?
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