La honte du financement des doctorants étrangers enfin dénoncée!
A noter dans le Figaro, un article sur le problème du financement des doctorants étrangers par des "bourses"... Ce papier rend en fait compte d'un travail d'enquête mené par la Confédération des Jeunes Chercheurs qui a enquété sur les pratiques de l'Agence Universitaire de la Francophonie... Coup de chapeau au passage à la journaliste qui suit ces questions depuis plus de 10 ans avec toujours beaucoup de sérieux!
Cette agence, financée par le ministère des affaires étrangères, vient en effet d'être épinglée par la CJC car elle propose des "bourses" sans cotisations sociales de 650 € mensuels à des étudiants étrangers des pays du sud pour préparer une thèsee en France... Outre la différence de revenu (650 € mensuels versus plus de 1200 € pour un doctorant sous contrat de travail), les "boursiers" ne bénéficient pas des mêmes couvertures sociales: ils doivent s'inscrire à la sécurité sociale étudiante (s'ils le peuvent), n'ont pas droit aux allocations chômage et ne cotisent pas pour la retraite. C'est en somme la double peine..
Je dois dire que cette pratique m'a toujours révulsé. Alors qu'au fil des années, un programme des transformation des "bourses" en contrat de travail s'est peu à peu mis en place pour les ressortissants français, sous pretexte d'aide aux pays en développements, le ministère des affaires étrangères a continué à distribuer des "bourses" notoirement sous payées aux étrangers au motif que la République accomplissait là une grande mission civilisatrice.
Personnellement, j'ai toujours considéré que c'était la version moderne des breloques que les négriers distribuaient pour récupérer des esclaves pour les colonies il y a 400 ans: sous pretexte de mission civilisatrice, on exploite sans vergogne. Vous trouverez peut être que j'exagère mais j'ai encore le souvenir très net d'un collègue me disant "Tu comprends, un doctorant vietnamien vit très bien avec 750 € par mois..." et m'expliquant avec une conviction sincère que ce faible cout permettait à plus d'entre eux de bénéficier d'une formation en France et que c'était très bien pour eux!
Je ne peux donc que saluer le travail de la Confédération des Jeunes Chercheurs. Pour en savoir plus, consltez les dossiers établis par la Confédération des Jeunes Chercheurs sur les conditions d'acceuil des doctorants étrangers.
Je pense que la République Française doit acceuillir les doctorants étrangers aux même conditions qu'elle permet aux français de préparer un doctorat, c'est à dire en bénéficiant d'un contrat de travail en bonne et due forme car, comme on l'a écrit un beau jour de 1789, "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits." Au delà des principes, c'est une question d'attractivité car plutot tot que tard, d'autres pays bien plus vastes et bien plus conquérants (suivez mon regard) proposeront des conditions de formation doctorale bien plus attractives aux doctorants des pays avec lesquels nous avions des liens historiques.
J'avais d'ailleurs convaincu Valérie Pecresse du caractère scandaleux et contre productif de cette politique des breloques lorsque je l'avais rencontrée au titre de l'ANDèS en mars 2009 mais à l'époque elle n'y pouvait pas grand chose car le ministère des affaires étrangères faisait ce qu'il veut. J'espère donc que le prochain gouvernement, quel qu'il soit, saura mettre fin à cette injustice qui, comme tant d'autres, fait honte à notre pays.
PS: Dans ce dossier, il n'y a qu'une difficulté technique, les cotisations retraites. En effet 50% des étrangers titulaires d'un doctorat français repartent dans leur pays d'origine. Ils n'utiliseront probablement jamais les droits pour lesquels ils ont cotisé. Il faudrait donc développer les mécanismes de transférabilité des droits lorsqu'on le peut. D'ailleurs il faudrait que je demande à mon colocataire ce qu'il pense du problème car il existe pour plein d'autres catégories d'étrangers comme par exemple des ouvriers qui viennent pour travailler sur des chantiers en France une partie de leur vie et qui cotisent au régime général en France...
PPS: Comme le rappelle l'article du Figaro, la CJC avait par le passé contribuer à faire reculer le financement par libéralité en dénoncant les pratiques des écoles des mines qui financaient des bourses via une association écran. Une fois l'URSAFF informée de la pratique et de son ampleur, elle avait considéré qu'il y avait "travail dissimulé" et condamné les écoles des mines à une amende de 500 000 €!