Un an après Fukushima (1)

A lire aujourd'hui sur le blog de S. Huet, une interview de Bernard Bigot, directeur général du CEA, après sa visite à Fukushima... Ce n'est clairement pas la doxa des khmers verts mais au moins, c'est plein de bon sens:

"On ne fait pas du nucléaire par plaisir, mais par nécessité, pour la production massive d’électricité avec un prix acceptable et sans émissions de CO2, dans un choix relativement aux combustibles fossiles (gaz et charbon). Nous avons dépensé 62 milliards d’euros en gaz et pétrole en 2010 contre 23 milliards il y a 5 ans. Les économies d'énergie dans le transport et dans l'habitat doivent être priorisées,elles nécessiteront des investissements importants. L'usage des énergies renouvelables doit aussi êtré dévelopé, elles sont très largement complémentaires, pas concurrentes, mais elles ont des limites physiques. L’Allemagne dispose d'une capacité installée de 30 000 MW d’éolien mais qui n’a fonctionné qu’à 17% de cette capacité l’an dernier. En période de froid, l’éolien est souvent très peu productif."

A noter le chiffre intéressant donnant l'évolution de la dépense française suite à l'augmentation des prix du pétrole et du gaz en cinq ans: +40 milliards d'euros! Ce chiffre est à comparer à plusieurs autres pour bien comprendre que nous ne sommes déjà plus seulement dans une crise financière mais aussi dans une crise énergétique:

• L'augmentation du déficit public annuel entre l'avant crise de 2008 et maintenant: environ 50 milliards d'euros...
• Le déficit budgétaire français avant la crise de 2008: de l'ordre de 50 milliards d'euros aussi...
• Le budget de l'éducation nationale: 60 milliards d'euros en 2011.
• Le produit de l'impôt sur le revenu: 45 milliards d'euros en 2009.

Last but not least, ce chiffre est à comparer au déficit de notre balance commerciale (source: wikipédia): 51 milliards d'euros en 2010! La conséquence directe c'est que ce n'est pas que la désindustrialisation qui est la source de notre déficit commercial: l'explosion du coût de l'énergie est probablement une cause au moins aussi importante... 

Je vous laisse imaginer ce que donnera le doublement du prix des hydrocarbures: plus de 60 milliards d'euros à sortir par an en plus (à consommation en gros constante)... soit pas loin de 1000 € par citoyen français (homme, femme, enfant, viellard) par an qui seront éventuellement répercuté en grande partie sur son pouvoir d'achat. 

Je crains donc que le prochain président ne soit pas celui de la croissance ni du pouvoir d'achat... 

Il est intéressant de noter que les khmers verts se gardent bien d'utiliser cet argument dans la campagne présidentielle car indubitablement c'est un argument fort en faveur des chauffages solaires ou électriques et donc indirectement contre la sortie du nucléaire. Finalement j'aurais pu intituler ce post: "Présidentielles 2012: la vérité cachée"...