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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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10 octobre 2012

L'insoutenable légéreté de la communauté scientifique...

Tout ceci était pourtant tellement prévisible... Lorsque la communauté scientifique a demandé à corps et à cris le développement des financements sur projet en 2004, puis lorsqu'elle a accepté sans broncher de voir la part de financement sur projet augmenter de plus en plus dans les laboratoires, elle a inscrit dans le marbre l'histoire peu reluisante que nous raconte Sylvestre Huet dans la dernière note de son blog.

De quio s'agit t'il ? Tout simplement du merdier dans lesquels sont plongé un nombre certains (combien d'ailleurs?) de jeunes docteurs ou ingénieurs qui après plusieurs CDD reconduits d'année en année se retrouvent éjectés du système car aucun opérateur de recherche ne veut prendre le risque de les garder du fait de la loi Sauvadet qui impliquerait de leur fournir un CDI.

Evidemment, on dénonce la loi Sauvadet. Mais ma lecture des responsabilités est toute autre: la loi Sauvadet c'est un peu comme la panneau limitation de vitesse sur la route... Il est là pour une bonne raison et si vous enquillez un virage à fond les ballons, il ne faut pas vous étonner si vous partez dans le décor. 

Transposé ici, il y a eu "faute de conduite" de la part des responsables d'équipes, de plateformes, de labos, qui ont proposé aux jeunes docteurs et ingénieurs de reconduire leur CDD durant des années! C'était clairement les amener dans le mur... Je comprends l'argument de la stabilisation des compétences mais quelque part n'est ce pas instrumentaliser la vie de ces jeunes diplômés pour faire tourner le labo? Quand le directeur d'un institut reconnait 60 CDD sur fonctions d'ingénieurs et techniciens (donc perennes) et s'interroge, on peut se demander si il n'a pas été un peu lent à la détente...

Les personnes en question ne sont pas non plus totalement irréprochables: les règles du recrutement en recherche sont claires et largement accesssibles (notamment au travers du travail des associations de jeunes chercheurs): c'est un processus à étapes. Après une thèse, un postdoc, un autre postdoc, la question à se poser est simple: "Est ce que je peux trouver une opportunité qui me fasse avancer ou bien est ce qu'on me propose juste le même genre de boulot qu'avant?"

Dans le premier cas, l'opportunité constitue un réél plus qui augmente les chances de recrutement. Dans le second cas, elle ne vous apportera rien de très significatif et donc n'augmentera pas vos chances de recrutement. Et vu la rareté des emplois stables, si on ne vous permet pas d'avancer significativement, alors il est temps de prendre la tangeante. C'est le conseil que je donne à tous les doctorants que je croise, y compris ceux que j'ai formé. C'est ce qu'on disait (en plus soft) dans le Guide du Doctorant il y a près de 12 ans...

Dans un cas comme dans l'autre, on voit bien le danger qu'il y a eu à ronronner dans une forme de confort douillet apporté par les flots d'argents déversés par les ANR et les initiatives d'excellences diverses et variées des dernières années. Tout ceci était pourtant largement prévisible! Un tel système ne pouvait qu'entretenir le turnover des compétences ou mettre des gens dans la mouise...

Pour finir ce post qui, pour le coup n'est pas très optimiste, je pense que ce n'est pas le malheur de ces dizaines voire centaines de personnes qui déclanchera une prise de conscience... Sauf si ils décidaient de vraiment faire un mouvement d'ampleur mais j'en doute... Non, ce qui produira une vraie prise de conscience c'est la décrue des financements qui ne manquera pas de se produire quand le prix du pétrole commencera à danser la bourrée... Lorsque nous paierons le litre d'essence entre 3€ et 3€50 et que les magnifiques plateformes techniques des années 2000-2010 prendront la poussière faute de gens pour les faire tourner, je pense que la communauté scientifique prendra alors vraiment, cruellement, profondément conscience du problème...

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Mais pour le coup, il sera vraiment trop tard...

PS: Allez une petite dernière pour les responsables de jolies plateformes scientifiques qui se demandent comment ca sera quand le baril sera à 300 €: visite guidée des sous sols de l'université d'Etat de Moscou...

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Commentaires
D
Je suis pas sur... Mais eux auront probablement les derniers barrils avec les vénézuéliens...
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P
Le côté positif du litre à plus de 3 euros, c'est que les russes pourront remettre en état le matériel qui rouille à la cave!
Répondre
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