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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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13 juillet 2015

Tsipras n'a jamais eu le choix...

Je sens que je ne vais pas me faire des potes avec ce message mais bon... ce qui vient de se passer est suffisemment important pour qu'on essaye de regarder les choses sans a priori.

Si tout se passe bien (un dérapage n'est pas encore exclu), un accord va être mis en oeuvre entre la Grèce et le reste de la zone Euro ce qui va permettre à ce pays d'y rester et de bénéficier d'un nouveau plan d'aide d'environ 80 milliards d'Euros.

D'abord, rappelons nous de ce qu'est la Grèce: environ 11 millions d'habitants pour un PIB nominal par habitant en 2014 d'environ 20 k€. Par comparaison, la France c'est 62 millions de personne avec un PIB nominal par habitant en 2014 de 40 k€ (soit le double). Le nouveau plan d'aide de 80 G€ correspond à une somme d'environ 7500 € par citoyen grec (de l'enfant qui vient de naitre au plus agé des grecs).

Si on prend comme base 3 ans (cas le plus long), cela correspond à environ 10 % du PIB par habitant, c'est à dire de la richesse produite dans tout le pays. Sachant qu'une partie est utilisé pour maintenir des infrastructures, en gros c'est 20% du revenu disponible typique par habitant! C'est énorme!

Beaucoup de gens insistent que les plans d'aide n'ont pas amélioré le sort des grecs mais je vous laisse imaginer, au vu de l'ordre de grandeur ci dessus, ce qui les attends sans un tel plan. C'est le bouillon tout simplement.

Pour mémoire voici un graphe comparant les évolutions de PIB par habitant de quelques pays européens histoire d'avoir conscience de ce que représenterait un nouveau bouillon grec comparé à celui qu'ils ont déjà subi:

La vérité, qui n'est pas très agréable à dire, c'est que l'économie greque n'est pas encore assez solide pour voler de ses propres ailes tout en apportant à ses habitants un niveau de vie compable aux autres pays de la zone Euro.

En soi ce n'est pas un drame absolu mais cela laisse deux alternatives:

  • Soit la Grèce reste dans la zone Euro mais doit accepter l'aide des autres pays, ce qui veut dire en contrepartie, s'engager sur une démarche de rattrapage franche et sincère. Les sommes mises en jeu sont considérables c'est normal qu'il faille convaincre pour y avoir accès. 
  • Soit la Grèce sort de la zone Euro, ce qui certes la dispense des contreparties à la solidarité des autres pays de cet ensemble, mais dans ce cas, les chiffres montrent qu'elle ne pourra pas bénéficier du même niveau de vie. Ne me sortez pas que son grand voisin Turc s'en sort très bien: le PIB nominal par habitant n'y est que la moitié de celui de la Grèce... Même si un certain nombre de denrées de base et de service (comme le logement) sont moins chers, ca se traduit quand même par une difficulté d'accès à un certain standard de vie.

Vu sous cet angle, les évènement des dernières semaines prennent un tout autre relief car le choix pour Tsipras, c'est précisément celui que je viens d'énoncer. Or il savait très bien que les citoyens grecs, une fois mis devant les chiffres, choisiront invariablement la première solution. D'ailleurs, vous qui me lisez feriez pareil sauf à être vraiment enthousiasmés par une violente cure de sobriété subie (-20 % de revenu dans le meilleur des cas, probablement bien plus vu les dommages collatéraux).

Dans ces conditions, Tripras était en position de faiblesse. Sa seule arme était précisément d'améliorer son capital confiance vis à vis des pays de la zone Euro (les seuls qui auraient intérêt à l'aider en fait...). Que cette situation l'ait mis en situation délicate vis à vis de l'opinion publique greque dont une partie est surement dans le déni par rapport à la situation rééle du pays, soit... Qu'un référendum fut une bonne idée pour donner un cap au pays et renforcer sa légitimité devant ses électeurs soit... Mais pourquoi l'avoir fait dans le dos des gens dont on cherche précisément à obtenir la confiance ? Et pourquoi avoir explicitement appelé à voter "non" à la liste des mesures que de toutes facon, dans les grandes lignes, il allait devoir accepter ?

N'aurait t'il pas été plus sage de se battre sur quelques points durs pénalisants pour le peuple grec (les petites retraites, le financement du système de santé) quitte à lacher du lest par ailleurs (sur le controle fiscal, les exemptions et privilèges divers et variés, les distorsions de concurrence) et à proposer d'engager le peuple grec par referendum sur l'accord final de manière à garantir aux autres pays européens le sérieux de l'engagement de son pays ?

Le principal enseignement qui ressort de cet épisole est que Tsipras a été un bien piètre politique qui ne doit son salut qu'à une résilience indéniable dans la tempête et aussi au fait que, pour la zone Euro, un Grexit serait lourd de conséquences quoi qu'en disent certains politiques français totalement irresponsables (ou obsoletes). Mais cela j'en parlerai dans un prochain post...

A suivre, stay tuned...

 

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Commentaires
P
Tu oublies juste l'essentiel, à savoir que le soit-disant "plan d'aide" n'est pas là pour améliorer de vie des grecs mais pour leur permettre de rembourser les dettes passées, qu'il va augmenter le niveau de la dette alors qu'il est déjà insoutenable, que rien de concret n'est prévu pour alléger ce fardeau, que les mesures d'austérité supplémentaires vont d'ailleurs l'augmenter et continuer la paupérisation grecs.<br /> <br /> <br /> <br /> Après ça il ne faudra pas s'étonner si on se retrouve avec l'extrème-droite au pouvoir en Grèce d'ici quelques années.
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