Tel-Aviv sur Seine et autres polémiques: fluctuat et mergitur...

Retour en France pour découvrir la nouvelle polémique nationale: Tel-Aviv sur Seine... Bon en soi, c'est rien d'autre qu'un label collé sur Paris Plage qui, soit dit en passant, semble avoir du mal à se renouveler... 

Mais cela a déclanché toute une furie sur les réseaux sociaux et dans la presse nationale compte tenu de la situation en Israël et dans les territoires occupés. Il faut reconnaitre que, sans doute sous le coup d'un accès d'hubris probablement lié à la canicule (soyons charitables), la Mairie de Paris aura fait très fort: lancer une opération "Tel-Aviv sur Seine" en pleine période de crispations identitaires et en sachant combien la guerre Israëlo-Palestinienne entraine de remous en France et contribue à un sentiment d'injustice chez nombre de citoyens restera dans les mémoires comme un modèle de bourde politique modèle "chiffon rouge"...

Du coup, l'amplificateur à conneries s'est mis en route et on ne compte plus les réactions stéréotypées de tous bords... 

Mais au moins un article mérite qu'on s'y arrète: celui publié par le Monde qui explicite ce qui a pu conduire à une telle bourde. C'est un papier très intéressant pas seulement concernant l'analyse de l'évolution récent de la guerre israélo/palestinienne mais surtout parce qu'il décortique précisément le temps de retard entre la situation actuelle et la perception qu'en ont eu les décideurs de la mairie de Paris, et plus généralement du PS (quoi que cela serait vrai avec une autre majorité).

Ce que ce papier montre, c'est combien notre démocratie est malade du manque de réactivité intellectuelle de la classe politique. Le problème, c'est que d'une part nous - citoyens français je précise - sommes tous un peu responsables de cette situation en ayant désinvesti le champ politique... Comme quoi, nous avons magnifiquement donné raison à Tocqueville...

D'autre part, quand l'auteur écrit que la communauté pro-palestinienne "s’est enrichie ces dernières années de nombreux citoyens de culture arabo-musulmane, dont le rapport à la Palestine est beaucoup plus sentimental que celui de leurs devanciers des années 1990", cela n'augure hélas rien de bon: je me rappelle que nombre de membres de la communauté juive revendiquaient aussi un "rapport sentimental" à Israel au siècle dernier. Or les passions et les sentiments sont rarement bons conseillers en matière de politique... Bref si il est vrai que la mairie de Paris a effectivement eu une "grille d'analyse périmée", je crains vraiment les jours où il n'y aurait plus du tout de grille d'analyse, c'est à dire un temps où les passions domineraient toute raison.