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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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16 novembre 2015

As of this moment, we are at war.

 

D'abord, j'ai pris des nouvelles d'un de mes doctorants qui était en balade du coté des Halles. Fort heureusement, l'autre qui aime le Black Metal avait eu la bonne idée d'aller faire une pyjama party géante dans un gymnase à Cachan en préalable aux inter-ENS plutot que d'aller écouter les Eagles of Death Metal au Bataclan. J'ose pas imaginer ce qui se serait passé si les Black Sabbath avaient été au programme...

Ensuite, j'ai mal dormi, comme beaucoup de monde.

Bref, je pensais aller faire un musée à Paris et aller voir des amis dans un esprit plutot festif (désolé pour ceux que j'ai pas vu) et je me suis réveillé avec la gueule de bois dans un pays en guerre. Car c'est bien le cas... vendredi soir, nous avons subi notre 9/11.

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Après le nazisme, et le stalinisme, le troisième grand totalitarisme vient de frapper au coeur de Paris. Et puisqu'il faut bien nommer les choses, je parle bien du totalitarisme fondamentaliste musulman qui, comme ses illustres prédécesseurs, vise à faire émerger un "homme nouveau" par "distillation" de l'humanité selon des canons bien spécifiques. Certes, ce n'est pas l'Aryen du Reich de 1000 ans ni l'homme nouveau du communisme dont il s'agit, mais le "vrai musulman". Les paroles changent, la musique un peu mais in fine, c'est le même monstre qui revient. 

Et on ne négocie pas avec les monstres. On les extermine ou ce sont eux qui vous dévorent. 

En plus, celui là se réclame de Dieu, un nom qui a déjà servi de pretexte à beaucoup de meurtres. Et le pire c'est qu'il tend à se manifester au delà du périmètre strict de la religion musulmane: les intégrismes ont le vent en poupe... Raison de plus pour ne plus procrastiner. 

La guerre qui commence va être particulièrement difficile à mener tant elle réclamera d'intelligence, de détermination et de finesse sur trois fronts simultanés et pourtant très différents.

Bien sur il y aura un volet militaire et, même si on est attaché à la paix et à la fraternité, il est clair que les bonnes paroles ne suffiront pas face aux légions de fanatiques qui se sont constituées en Syrie et qui disposent de moyens sans commune mesure avec tous les groupuscules terroristes que nous avions connus jusqu'à précédent. Tout comme il y a 70 ans, lorsqu'il a fallu écraser l'allemagne nazie et le japon nationaliste, il faudra dans les prochaines années éradiquer ce foyer totalitaire au Moyen Orient. 

Ce sera long et difficile car il ne s'agira pas d'exterminer toute une population parce qu'elle s'est trouvée sous la coupe des mauvaises personnes au mauvais moment, mais juste de rendre le monde plus stable en anéantissant quelques dizaines de milliers de fanatiques irrécupérables. Alors je dis aux épris de non violence qui ne manqueront pas de me trouver bien prompt à proner la guerre: oui, ça sera sera sale car la guerre n'est jamais "propre"... mais imaginez que nous attendions trop et que tout un pays, industrialisé et armé, finisse par adhérer à cette idéologie totalitaire comme le peuple allemand au nazisme entre 1933 et 1941 ? Que préconiserez vous alors ?

Cependant, les armes ne suffiront pas, même si l'on envoie des troupes au sol. L'expérience des guerres d'Irak et d'Afghanistan nous a montré d'une part qu'une guerre devient vite un désastre si ses buts se perdent en route et que, d'autre part, détruire des mouvements fondamentalistes n'empèche pas d'autres d'occuper le vide qu'ils ont laissé. Il faudra donc s'attaquer aux sources mêmes du totalitarisme fondamentaliste musulman.

L'autre volet auquel il faudra s'atteler est donc celui de notre politique extérieure... terrain subtil mais où la constance et la détermination paieront surement plus que le louveoiement.

Nous avons trop longtemps fermé les yeux sur l'implication d'un certain nombre d'Etats dans le financement du mouvement totalitaire fondamentaliste musulman. Les oligarchies et pétromonarchies du Golfe doivent comprendre une fois pour toutes qu'il est temps qu'elles cessent le double jeu qui consiste d'un coté à courtiser l'occident lorsqu'il s'agit de maintenir leurs sociétés féodales et de l'autre à entretenir des mouvements dont le but est précisément de précipiter le monde occidental (pour commencer) dans le chaos. Ces pays jouent achètent leur paix sociale avec le sang des habitants de Kaboul, de Bagdad, de Beyrouth, d'Istambul et maintenant de Paris. Cela doit cesser: il est temps de dire que les amis de nos ennemis sont aussi nos ennemis.

Une alliance occidentale ou à défaut l'Union Europenne devrait donc remonter les flux financiers jusqu'aux marches des palais des bailleurs de fonds et jusqu'aux demeures des riches princes donateurs enrichis dans les affaires. Suite à quoi, les faits devront être exposés plubliquement et les avoirs de ces pays devront être gelés sans délais quelque soit le cout économique à court terme. Les intermédiaires devraient être traqués et emprisonnés, les diplomates mis sous pression, voire retenus et expulsés si nécessaire. Les contrats d'armements et tous les contrats liés à des technologies sensibles (nucléaire en particulier) devraiennt être suspendus et les paiements déjà effectués retenus jusqu'à ce que ces pays fassent leur ménage en interne, et même bien longtemps après.

En parallèle, nous devrions opérer une diminution significative de nos besoins en hydrocarbures, gaz et pétrole de manière à pouvoir en 10 ans nous passer totalement de leurs services, quitte à devoir construire quelques EPR en plus. De la sorte, nous ne paierions plus le financement de mouvements qui veulent, au sens propre, nous tuer et en plus nous contribuerions ainsi à la résilience de l'humanité en diminuant nos rejets de gaz à effet de serre. Plus généralement, l'émergence d'un modèle de développement plus sobre et décarbonné devrait constituer le point cardinal de notre vision politique et de notre diplomacie car, bien plus que Daesh, ce qui nous menace c'est le réchauffement climatique qui ne manquera pas d'entretenir la misère et de ramener à la surface des monstres comme les trois totalitarismes cités ci dessus.

Nous devrions enfin mettre fin à la culpabilité européenne qui nous empèche de faire réélement pression pour résoudre le conflit israélo-palestinien qui contribue tant à entretenir le cancer de la haine inter-religieuse. 

Le troisième front est intérieur et c'est peut être là que se trouve le défi le plus complexe.

Bien sur, il faudrait démonter les réseaux virtuels et rééls ainsi que toutes les associations confessionnelles qui servent de cache sexe à une propagande fondamentaliste. Certes, il faudrait condamner et expulser sans états d'ame les marchands de haine et surveiller en permanence ceux qui ne seront pas expulsables. Mais ce n'est pas le plus difficile... Le véritable défi, cela va être de regarder ce qui, ici en France, à créé le terreau favorable à l'incrustation de ces métastases. 

Car nous sommes aussi responsables de ce cancer. La société française, par son coté timoré, son aversion pour le risque en matière économique et industrielle, son incapacité à se remettre en question et son racisme latent n'a pas su offrir aux secondes et troisièmes générations d'immigrés de perspectives dignes d'un pays de ce niveau de développement.

Dès la fin des années 90, lorsqu'elle avait ouvert une unité psychiatrique pour les adolescents au CHU de Tours, ma mère avait détecté le tiraillement identitaire subi par la seconde génération, plus vraiment intégrée dans la culture du bled et confinée sous le plafond de verre ici. Dès cette époque, elle m'avait prévenu que nous risquions d'aller vers un problème psycho-social de grande ampleur. C'est par cette faille dans les coeurs et les esprits que des manipulateurs qui n'ont rien à envier à Goebbels ont instillé leur poison identitaire et haineux. Même si ces choses doivent être dites, on ne refait pas le passé et l'important est que nous nous sortions les doigts du cul pour l'avenir: la capacité du pays à se projeter dans l'avenir, à se renforcer économiquement de manière équitable et inclusive et à assurer un mieux vivre à moindre impact environnemental est ce qui renforcera notre immunité aux propagandes religieuses totalitaires, quelles qu'elles soient.

Cependant, pour aller au bout de ma pensée, je suis tout aussi convaincu que les brimés d'hier ne se rendent pas service en se complaisant dans un ressassement cyclique et sans fin du passé. Oui là société française a merdé l'intégration de la minorité musulmane dans les grandes largeurs, mais l'heure n'est plus à la complainte identitaire que l'on entend parfois. Aujourd'hui, les musulmans de France se trouvent devant un danger mortel, celui d'être pris entre l'enclume des fondamentalistes totalitaires et le marteau d'une France qui céderait au repli identitaire et à l'exclusion. Ce n'est pas un danger lointain ou théorique: que se passerait t'il si d'ici 10 ans les frêles remparts que sont la fragile Tunisie, l'Algérie congelée et le Maroc endormi cèdaient au cauchemar fondamentaliste, ou si le front National gagnait demain une élection nationale en France ? 

Réciproquement, nous avons collectivement besoin que chaque musulman qui souhaite bénéficier pour lui et ses enfants de la liberté de conscience et de la paix civile que la République laïque doit apporter soit pleinement conscient de la nécessité de resister au fondamentalisme totalitaire avec fermeté. Dire que "tout ceci ne nous concerne pas" ou que "Daesch c'est la création de l'occident", ne suffira pas... Et parce qu'il ne saurait y avoir deux poids et deux mesures dans la République, nous devons résister avec la même fermeté au fondamentalisme totalitaire chrétien incarné par les excités de la Manif pour tous et de Civitas pour ne citer que les plus connus, de même que nous devons résister fermement aux appels à l'hystérie des fondamentalistes juifs ou de politiciens étrangers de bas étage qui se servent de nous pour conserver leur poste.

Est-ce que nos dirigeants politiques sauront se montrer à la hauteur ? Je n'en sais rien. Je préférerais que oui mais je sais aussi qu'ils ne sont que le reflet de ce que nous sommes collectivement. Ce qui compte maintenant, c'est que nous sommes en guerre et que nous allons tous devoir mouiller la chemise durant des années pour préserver une société ouverte, où il est possible d'être soi même sans risquer l'opprobre (ou pire); une société où il soit possible de participer à la vie de la cité sans être obligé d'en faire son métier; une société où il sera normal de vivre sa vie, de cotoyer des gens différents par leur culture, leur origine, leur croyance, leur sexualité, leur expérience de vie; une société où une majorité de gens considèrera qu'un dogme n'a que la valeur qu'on lui prête mais qui tolérera différentes spiritualités; une société de gens sereinement conscients de la finitude du monde et d'eux mêmes.

Oui, c'est un idéal mais les idéaux sont indispensables pour avancer... Cependant, les idéaux sont pacifiques mais l'histoire est violente. Alors mettons nous au travail pour améliorer ce monde car notre avenir sera ce que nous en ferons.

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Commentaires
P
Les Etats-Unis ont déjà mis en ouevre une partie de ton programme, avec les EPR remplacés par le prétrole et le gaz non conventionnel.<br /> <br /> Par contre, pour ce qu'il est dela guerre dans le terrorimse, ils semblent souffrir d'une certaine lassitude...
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