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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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22 février 2016

Are you alive ?

C'est peut être à vous qui lirez ce message que cette question s'adresse.

Nul doute pourtant que vous répondez à la définition biologique du vivant de part vos fonctions corporelles mais qu'en est t'il de votre conscience, ou comme diraient certains, de votre âme ?

Cela m'avait frappé depuis quelques temps, d'abord par petite touches, un peu comme une vague impression, puis plus nettement après les attentats contre Charlie Hebdo en janvier de cette année... Ecrire ce post m'avait déjà traversé l'esprit mais bon, le temps passant, d'autres choses ont occupées mon esprit. Et puis bon, écrire quelque chose que je sais être désagréable ne m'a jamais vraiment amusé...

Mais là, depuis un certain temps, j'en ai vraiment acquis la conviction en observant vos réactions sur les réseaux sociaux: trop souvent, vous ne réfléchissez plus assez, vous ne créez plus de pensée originale et au lieu de cela, vous relayez des opinions que d'autres ont élaborées puis que de puissants algorithmes ont mis sous votre nez.

Lorsque je me suis inscrit sur le livre des visages en 2009, je l'ai d'abord fait pour avoir des nouvelles de gens qui s'étaient éloignés ou que j'avais perdu de vue. Et de ce point de vue, l'outil s'est avéré efficace. Pour moi, cette technologie, c'était d'abord cela: un partage d'instants de vie, de nouvelles, un peu comme le coup de fil plus ou moins régulier qu'on passait aux grand parents quand j'étais gamin... Pour l'adulte que je suis devenu, le livre des visages, c'était aussi le réceptacle incontrolé de nos émotions primaires, de la joie de manger une pizza à la souffrance de la gastro hivernale, de la poésie d'une pièce de théatre rare au réveil embrumé d'un lendemain de fête, des joies amoureuses à la tristesse des disparitions. Bref, de tout ce qui fait de chacun d'entre nous des êtres humains.

Puis, au fil du temps, ce réceptacle dyonisiaque de nos émotions et de nos états d'âmes s'est étiolé...

J'ai vu peu à peu se décanter les contributions en deux "familles"... D'un coté des contributions qui continuent à s'exprimer en tant que tels, qui partagent un contenu que je sens personnel et original... et de l'autre (et cela ne va pas vous plaire), des contributions qui ne sont rien d'autre que des résonances d'opinions élaborées par d'autres et amplifiées par les algorithmes qui vous les proposent en se basant sur vos consultations antérieures, vos "J'aime" et ce que vous avez déjà contribué à mettre en lumière. Facebook appelle cela le "partage"... mais, en fait, ca n'en est qu'un erzatz.  

Prenez un repas entre amis où de famille, durant lequel on partage des histoires, des souvenirs, et même le bon repas cuisiné pour l'occasion. Ce qui se partage c'est quelque chose qui est personnel, qui véhicule un peu d'un de chacun des convives. Par contre, on ne partage pas le sel ni le poivre ni la corbeille de pain. Ces trucs là n'ont rien de personnels: ils ont été fabriqué par d'autres. On les passe à son voisin mais ce n'est pas de cela que vous évoquerez en parlant de partage dans un repas familial ou entre amis...

Et bien mon point, c'est que les partages du livre des visages qui consistent à transmettre quelque chose écrit par quelqu'un d'autre, ca tient plus de "Passe moi le sel" de "Tiens, tu sait ce qui m'est arrivé depuis la dernière fois qu'on s'est vu?", "Tu sais, j'ai changé de vie" ou "Tiens, j'ai rencontré quelqu'un!"... Et quand ce qui est partagé ne correspond pas à la générosité que les gens ont au fond d'eux mêmes, ben je le dit franchement: c'est assez déprimant.

N'allez surtout pas croire que je reproche à qui que ce soit de ne pas être Rimbaud, Balzac, Kant etc... Je serais bien mal plaçé pour ça vu mes talents littéraires. Et croyez moi, j'assume parfaitement de n'être qu'un nain juché sur les cathédrales des siècles passés... 

Mais quand même, une des rares ressources renouvelables dont nous sommes dotés, c'est notre créativité, notre imagination et notre capacité de reflexion. Certes, imaginer, créer et exprimer une pensée sérieuse ou même une grosse connerie rigolote c'est souvent difficile. Mais c'est quand même infiniment plus fun et enrichissant que de juste faire caisse de résonance surtout quand il s'agit de trucs qui ne correspond pas à ce que vous êtes vraiment ? 

aeci-éveiller

Déjà, accessoirement, alors que nous vivons la fin d'un monde, c'est ce qui nous permettra d'inventer autre chose, un monde nouveau dont nous ne votons pas encore les contours... En tous cas quelque chose qui nous évitera de sombrer dans le rejet de l'Autre ou l'incompréhension du monde ce qui, à terme, nous amènera à la barbarie...  

Mais surtout, formuler sa pensée c'est (re)découvrir le plaisir de l'expression, de la reflexion, du débat et de l'échange. Alors certes, parfois vous n'aurez rien à dire ou vous ressentirez la frustration de la page blanche, d'autre fois vous en prendrez plein la tête car vous serez confrontés à d'autres points de vue ou à des éléments qui remettront votre vision des choses en cause. Et bien sur, vous tomberez vouvent à plat et vous serez déçu de tant d'indifférence du milliard d'être humains connectés... Mais somme toute, n'y a t'il pas quelque chose de libérateur à se détacher un peu de l'approbation des autres ? 

Bref, en utilisant le livre des visages pour ce pour quoi il a été fait, à savoir partager vos moments de vie, vos émotions, des nouvelles, parfois une réflexion, vous serez bousculés, chamboulés et finalement, transformés. Mais en fait, vous resterez vous mêmes tout en changeant au fil du temps et de ce qui vous traversera. Bref, vous serez vraiment et pleinement vivants.

Bon voila, je me suis exprimé. Maintenant, ce message vous a agacé ?

Et bien, c'est un bon début: je vous ai fait ressentir quelque chose et personne d'autre que moi n'aurait pu le faire... Ca c'était un vrai partage ;-)

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Commentaires
C
Salut Pascal,<br /> <br /> <br /> <br /> Ayant fini ma thèse, je rattrape le lot de mes lectures mise de côté. Tous tes articles depuis le début ma rédaction sont cochés "à lire" et je m'y atèle depuis hier. Ils m'ont fait réfléchir, envie de m'exprimer, mais je suis resté silencieux de peur de parler dans le vide avec commentaires sur des posts qui datent de sept mois. Mais après cette lecture, et ayant toujours en tête un autre article où tu avais l'impression de parler dans le vide à cause du manque de réaction (et je connais bien ce sentiment de solitude), je me décide à commenter pour te dire que au moins, tu es lu.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai eu le même constat que toi sur les réseaux sociaux qui ont une grande audience. Cependant, ni Facebook, ni twitter ne conviennent à l'expression de la pensée. Format court (twitter), absence de mise en forme et impossibilité/interdiction de pseudonymat (facebook empêche les pseudonymes) en font des outils qui ne se prêtent pas au partage des réflexions. J'ai donc une forte préférence pour les blogs avec commentaires (mise en forme et on peut être critiqué) ou mieux, à mon avis, les forums car il y a un peu de mise forme (juste assez) et on construit vraiment une discussion (les commentaires sont généralement assez indépendant alors que sur un forum, on prend le temps de lire les réactions avant te poster).<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai arrêté de publier mes propres réflexions car bien qu'il soit important d'écrire pour mettre au clair ses idées et entraîner sa réflexion, bien souvent quelqu'un a déjà écrit sur le sujet. Je joue donc le jeu du partage, souvent sans même de légende.<br /> <br /> Néanmoins, je recommence à contribuer sur ce qui est déjà écrit en commentant depuis que j'ai du temps disponible.
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