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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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21 février 2016

Marchés financiers: le réveil du de la Force (1/2)

Et oui, je suis de retour dans un rôle qui a fait mes heures de gloire sur ce blog que je manque vraiment de temps pour remplir. Mais là, c'est clair que l'heure est grave même si 90% des gens ne s'en rendent pas trop compte. Somme toute ce n'est pas nouveau: lors de la crise de 2008, j'ai entendu de la part de quelqu'un de fort éduqué "La crise financière n'est pas mon problème" au motif que celle ci touchant les gens qui ont investi sur les marchés financiers, ce qui n'était pas son cas, son seul effet serait de faire payer à ces derniers leur comportement amoral.

Ce n'est évidemment pas ce qui se passé: la sphère financière fait totalement partie de nos sociétés. Même le fonctionnaire que je suis voit 20 à 25 % de son traitement reposer sur la capacité de la République à refinancer sa dette sur les marchés. S'il y a un point commun entre une grosse université qui va rénover son campus et Mario qui veut un nouveau camion à pizza, c'est que l'un comme l'autre dépendent de marchés de capitaux pour leurs investissements. Il en est de sociétés complexes comme de la jungle amazonienne: chaque élément est dépendant des autres et souvent de manière assez "intriqué".

Alors certes, quand on n'a pas de capitaux (ce qui est le cas de beaucoup de gens mais pas tous en fait), on peut très bien ignorer les turbulences financières et macro-économiques et mener sa vie sans chercher à comprendre mais c'est une cécité volontaire. Comme j'ai expliqué à un doctorant qui me demandait ce que cela faisait d'être "un gros batard de riche quand la bourse baisse", en fait, avoir du capital force au minimum à être borgne (sauf à être inconscient mais là, c'est une autre histoire).

Comme cela fait des lustres que je n'ai pas fait de post sur la crise financière et économique, un petit rappel n'est pas inutile: 

2008: une crise "classique" aux causes exotiques, mais qui se propage partout

En 2008, nous avons eu la crise des subprimes. Un grand moment qui a surpris beaucoup de gens mais qui en fait était assez classique:

  • Avec la hausse du pétrole suite au peak oil de 2005, l'économie américaine a commencé à hocqueter, et la bulle immobilière américaine qui s'était constituée suite à 10 ans de politique d'incitation à l'endettement privé par la FED a explosé, précipitant quelques millions de ménages américains à la rue;
  • Les créances de ces ménages ont perdu leur valeur. Il faut comprendre l'ordre de grandeur de l'impact. Imaginez que l'on exproprie 500 000 primo-accédants en un an en France parce qu'ils n'arriveraient plus à rembourser leur prêt... Et bien, c'est ça les subprimes aux USA.
  • La dilution de ces créances dans des produits structurés ainsi que le jeu des CDS ont étendu le périmètre de la dépréciation d'actifs, et la fragilité du système bancaire à fait le reste: on a eu un bon gros krach dont l'impact a été suffisant pour amplifier les tendances récessives qui étaient à l'oeuvre suite au choc pétrolier de 2006-2008.

Jusque là, rien que de très "classique" (sauf le rôle du peak oil mais ce n'est pas le sujet principal de ce post...). Mais la manière dont on est sorti de la crise l'est beaucoup moins... Il a fallu de toute urgence dégripper le système bancaire pour éviter un blocage complet de l'économie qui aurait eu des conséquences bien plus terribles que ce à quoi on a eu droit. Dans un premier temps, on a prété de l'argent aux banques et même si les gauchistes hurlent encore qu'on leur a donné du fric sans contrepartie, ces prets à court terme ont été remboursés.

Vous avez du mal à comprendre ? Alleluyah, le blog de la section SES du lycée Champollion de Figeac a résumé les grandes lignes de la contagion de l'économie rééle par la crise des subprimes en un dessin:

crisefin081-300x250

 

2009-2015: entrée en Terre inconnue

Le vraie exotisme c'est le quantitative easing dont j'ai déjà parlé: pour relancer l'économie, les banques centrales ont racheté un paquet d'actifs de qualité médiocre à douteuse en créant de la masse monétaire via des prets aux banques pour qu'elles transfèrent cet argent dans l'économie rééle. L'idée était louable: il s'agissait de racheter du papier à haut risque pour préter de l'argent à Mario qui voulait changer son camion à pizzas, aux jeunes ménages qui voulaient un logement plus grands, à la PME qui reportait ses investissements depuis 2007 et qui du coup ne se développait pas.

Si vous voulez comprendre comment ca marche, regardez la vidéo ci-dessous: c'est très pédagogique!

C'était osé mais vu la situation, une fois passé la phase aigüe de 2008-2009, il fallait bien relancer la machine et aussi mettre tout le monde en phase pour cela. La situation n'était pas brillante comme je l'ai écrit dans mon post "De la crise à la slumpflation" en 2010. J'avais écrit une série de posts sur le Quantitative Easing en 2011 (QE1, QE2, QE3) pour développer les tenants et les aboutissants du QE. J'ai toujours eu l'impression que c'était une entrée en territoire inconnu, qui ne résolvait pas les problèmes de fond (voir mon post "L'été sera chaud" en 2011) mais qu'on n'avait pas trop le choix: pour résoudre les problèmes complexes, il faut savoir se donner du temps.

Le hic, c'est que les différents QE n'ont pas assez bien marché: l'économie rééle s'est montrée trop atone pour absorber ce flux de liquidités, lesquelles sont aller alimenter deux choses:

  • le renforcement des banques qui, suite à la crise financière de 2008, se sont vues imposer (à juste titre) des normes prudentielles plus dures;
  • des investissements sur les marchés financiers qui n'ont jamais vu autant de liquidités circuler.

Du coup, on s'est retrouvé avec des marchés bourrés d'argent mais sans une économie assez dynamique pour que les investisseurs - y compris les particuliers - transforment peu à peu leurs investissements soit en consommation, soit en investissement directement productif. Les politiques d'austérité n'ont pas aidé car elles ont généré une tandance au ralentissement global (les Etats sont des gros consommateurs au travers de la commande publique) ce qui a encore plus incité à faire du QE.

Il est clair que si on avait mieux géré la crise grèque en 2011, on aurait peut être pu plus rapidement passer aux problèmes de fond. Mais deux ans ont été perdus. Au lieu de finir d'assainir le système financier et de travailler à construire les bases d'une reprise économique plus résiliente, on a du faire plus de QE qu'il n'aurait été souhaitable d'en faire.

La situation n'était pourtant pas brillante. J'ai cru qu'il y aurait un gros soucis en 2012-2013, période à laquelle j'avais opté pour une posture très sécurisée sur les marchés mais somme toute deux des gros facteurs de crise que j'avais identifié ont fait long feu. Commme quoi, même si être borgne fait de vous un roi au royaume des aveugles, ca ne vuet pas dire qu'on y voie toujours clair. En revanche, les signaux "faibles" comme la chute des matières premières (dès 2012) et les fragilités structurelles en Asie se sont peu à peu transformés en gros problèmes.

Bref, que s'est t'il passé depuis 2011-12:

Dit de manière plus simple, on a créé de la monnaie plus vite que la richesse. Et tot où tard, cela finit par poser problème: le système se rééquilibre soit en créant de l'inflation qui diminue la valeur de la monnaie, soit en détruisant brutalement de la valeur lors de l'explosion de bulles.

Comme on n'a pas eu d'inflation mais plutot une déflation molle planétaire nous avons droit à l'explosion de bulles... Et c'est ce dont je vais parler dans mon prochain post sur le sujet... 

Stay tuned. 

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