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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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14 avril 2016

Let's shake the dust (4): think twice and trust broadly.

Dans un système complexe, il y a deux notions clé à ne jamais oublier: la première c'est la notion d'émergence qui dit en gros que le comportement du tout n'est pas que la somme oiu le décalqué des comportements de ses constituants. Et la seconde c'est la notion d'interdépendance qui dit qu'en gros, aucune des composantes ne se comporte isolément comme elle se comportant immérgée dans le tout.

Le principal éceuil des recettes pour l'apocalypse que j'ai énoncées dans un précédent post est qu'elles font l'impasse sur ces deux concepts tant au niveau de leur méthodologie que, souvent aussi, au niveau de leur corpus idéologiques. Avant d'aller plus loin, autant illustrer mon propos un peu plus concrètement.

Dans plusieurs des recettes en question, ce qu'on appelle les corps intermédiaires sont perçus comme des obstacles à la démocratie directe, souvent présentée comme étant la seule véritablement légitime ou porteuse d'espoir. Je vais être honnète: j'y ai longtemps cru... Et puis Google m'a fait changer d'avis. Oui, enfin pas que Google mais le basculement majeur qui s'est opéré avec notre immersion dans un océan de données.

Pour fonctionner, la démocratie directe suppose que chaque citoyen ait en permanence un accès direct, sans médiation, à une vision objective et complète des données relatives aux problèles sur lesquels il aura à se prononcer, et bien sur qu'il puisse prendre sa décision guidé par sa seule rationalité et ses convictions. Passons sur le fait qu'il puisse y avoir une contradiction entre convictions et rationalisés (comme disait Socrate, ma seule certitude c'est que je ne sais rien), mais déjà, les conditions nécessaires au premier présupposé sont plus que douteuses.

Ce qui caractérise une société complexe c'est précisément la complexité des données qui sont nécessaires pour l'appréhender. C'est déjà le cas depuis plus d'un siècle mais jusqu'à présent, le citoyen n'avait pas percu que c'était un fait incontournable. L'affaire des Panama Papers est assez représentative: pour étaler les turpitudes de quelques grosses fortunes cherchant à planquer leurs avoirs, de quelques politiques corrompus et de quelques trafiquants, il aura fallu brasser 3 tera-Octets de données. En mode texte, c'est l'équivalent d'une bibliothèque de 3 millions de volumes! Et ca c'est pour un cabinet spécialisé dans l'off-shore... et il en existe des centaines. Et ca c'est rien que pour appréhender la dissimulation et l'évasion fiscale qui n'est qu'un des problèmes de nos sociétés. Pour ceux et celles que ça intéresse, je vous renvoie à un article récent du Monde où ils expliquent comment ils ont fait pour traiter toutes ces données. C'était loin d'être une mince affaire!

Du coup, pour sortir l'affaire des Panama Papers, il a fallu un intermédiaire qui est cette fameuse association de journalistes. En fait, on a deux corps intermédiaires impliqués: une association professionnelle indépendante d'une part et la presse tout simplement...

Et c'est là mon point: la politique dans une société complexe, elle passe forcément par des corps intermédiaires: associations, ONG, syndicats (j'entends déjà certains hurler) mais aussi partis politiques... Elle passe par des institutions formelles en charge des trois pouvoirs dont les philosophes de Lumières avaient théorisé la séparation. Elle passe enfin par la capacité des institutions à mettre en place de vraies consultations qui ne sont rien d'autres que des instances temporaires de débat. Si on jette les corps intermédiaires de la société civile, on a une démocratie coquille vide (et de ce point de vue on peut reprocher à Sarkozy, premier président à avoir ouvertement critiqué les corps intermédiaire de la société civile, d'avoir durablement affaibli la démocratie française). Si on jette les institutions, on a tout simplement la dictature (relisez l'histoire de l'Allemagne dans les années 30).

Qu'est ce qui fait que cela peut fonctionner: dans l'absolu rien. Il faut juste un ingrédient qui s'appelle la confiance... 

Le point c'est que la confiance ne se décrète pas. Alors comment la créer ?

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Commentaires
P
Je ne sais pas s'il sortira quelque chose de Nuit Debout, mais il me semble que de nouveaux corps intermédiaires peuvent bel et bien émerger de mouvements de ce type. Voir Podemos en Espagne. On n'en est peut-être pas encore là en France, parce qu'on n'a pas encore atteint le fond du trou!
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