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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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13 janvier 2022

Taubira dans les pentes de La Croix Rousse: candidature qui roule n'amassera pas des masses...

Dans deux jours, Christiane Taubira va faire une "déclaration" à la Croix-Rousse dans le cadre de sa potentielle candidature à la présidentielle. Ayant prévu une livraison de courses chez moi, je ne suis pas sur d'être disponible pour sortir voir de quoi il retourne mais j'avoue hésiter entre en profiter pour passer par là avec Choupette qui serait bien capable de rafler la vedette à la potentielle candidate -- c'est mon coté joueur -- ou aller photographier ce qui restera un pas de plus vers le naufrage de la gauche à la prochaine élection.

Le fond du problème de la candidature Taubira, comme de toutes les autres candidatures à gauche, c'est que le travail qui aurait permis de dépasser les positionnements des uns et des autres et de sortir une vraie esquisse d'un programme n'a pas été fait. Donc on est dans une concurrence fratricide d'officines politiques qui parlent chacun à un segment électoral comme BMW, Dacia et Renault parlent à des segments de clientèle.

Ce n'est pas cela qui peut faire émerger la gauche au niveau national. C'est même tout le contraire... 

Certes, au niveau local, des succès électoraux sont possibles, comme à Lyon, mais même s'ils peuvent déboucher sur des mandats potentiellement positifs voire réussis [on ne va pas débattre de cela ici et maintenant, c'est pas le sujet], ils sont extraordinairement trompeurs. En effet, les pouvoirs des élus locaux sont en fait assez contraints, et les vrais problèmes durs sur laquelle les différentes officines ne gauche ne sont ni d'accord, ni convaincantes, échappent aux périmètres des collectivités locales.

La gauche historique actuelle, qui ne représente pas la totalité du bloc progressiste, est actuellement dans la même situation que la SFIO à la sortie de la guerre d'Algérie: elle a démontré son incapacité à relever les défis macroscopiques et elle n'a pas de programme convaincant... 
Il a fallu le génie politique et la persévérance d'un Mitterand pour arriver à restaurer une crédibilité à gauche. Cela qui a pris 10 ans de traversée du désert et 10 ans d'une stratégie claire qui a fini par être payante... Or je crois que là, on est même pas au début d'un tel processus.

Tout cela est tragique pour le pays car dans le contexte difficile qui est en train de se déployer depuis des années, la tentation régressive et réactionnaire ne va faire que croitre. 

Dans un monde sous contrainte où il n'y a pas de solutions simple, l'être humain tend souvent soit à mettre la tête dans le sable ("Don't look up") soit à trouver une manière d'éliminer ce qu'il pense être la source de tous les problèmes (Allemagne années 33-45, Cambodge sous les Khmers rouges, Rwanda 1994 etc).

Trouver des voies de sorties vers le haut demande infiniment plus d'énergie mentale et de réflexion... 

Historiquement, dans notre pays, c'est le camp progressiste qui a poussé poussé pour sortir par le haut des crises: les Lumières qui ont permis de dépasser les impasses de l'ancien Régime en France, puis les multiples mouvances rationalistes, républicaines et sociales au 19ème siècle pour consolider ces acquis et tempérer les ravages sociaux de l'essor de la révolution industrielle (sans arriver à empêcher la première guerre mondiale ceci étant), puis, bien plus tard, le conseil national de la résistance pour relancer la République Française sur des bases plus saines après la désastreuse et très régressive "révolution nationale" de Pétain et compagnie. Et à chaque fois, il y avait des gens de sensibilités très différentes portant des diagnostics clairs sur les principaux problèmes et tentant de les résoudre par la raison... Ces gens avaient travaillé pour trouver des solutions et ne se contentaient pas de faire des campagnes marketing.

Là on y est pas. A part sur la montée en puissance du danger que représente la contrainte climatique, l'ensemble des progressistes (qui incluent une partie de l'électorat de Macron) ne se retrouve pas sur un diagnostic pleinement partagé et lucide et encore moins sur des esquisses de solutions. Chaque groupe s'accroche à ses totems pour vendre sa soupe en imaginant que cela va l'aider à surnager alors qu'en fait, tous sont sur le pont du Titanic en train de jouer leur petite musique pendant que l'eau monte.

A moyen terme c'est très inquiétant... Parce que coté régressif, y'a pas besoin de grandes analyses fondées sur la raison. Il y a juste besoin de la rencontre entre une pensée fantasmatique qui résonne avec les peurs des gens et d'un porteur compétent et charismatique. Cela s'est déjà produit et cela se reproduira encore. Ca n'est qu'une question de temps.

Si ce qui s'identifie comme étant la gauche voyait ce danger, peut être qu'elle arrêterait de se regarder ses multiples nombrils et qu'elle travaillerait plus largement pour le moyen terme, plus sérieusement, en se débarrassant de ses totems et autres hochets idéologiques pour faire vraiment émerger une vision progressiste capable d'affronter des crises comme on en a encore jamais eu, peut être qu'il y aurait un espoir solide là où aujourd'hui on a juste un bal des égos et des prétentions...
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Commentaires
P
La primaire populaire, je trouve que c'est quand-même une tentative méritoire de lutte contre la désunion. Taubira a eu le mérite de s'y soumettre.
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