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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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14 février 2021

Premiers regards sur la présidentielle 2022

A un an de la présidentielle 2022, le jeu de la patate chaude a déjà commencé: qui sera responsable de la présence du FN au second tour et de son potentiel score record ?

Malheureusement, la progression du FN ne date pas d'hier et est alimentée par l'effondrement de l'ensemble du spectre politique: depuis les partis de gauche historique jusqu'à la droite traditionnelle... Au fil du dernier quart de siècle, chacun a perdu une partie de son socle électoral qui est allé alimenter le FN. 

La nouveauté, c'est que la configuration habituelle Gauche/Droite + FN a évolué en une configuration "Centre + FN + les marges" ... Mais cela est instable aussi pour deux raisons: d'une part, l'ensemble des électeurs attaché à une pluralité dans la vie politique voit bien que cela ne peut offrir une pluralité de possibilités de choix raisonnables... D'autre part, le bloc Centre qu'est En Marche est un monde en soi, très hétérogène, où se côtoient des gens qu'on peut rattacher sans problème à la gauche progressiste, et d'autres qu'on peut rattacher sans problèmes à une droite conservatrice. Ce mélange est instable et détonnera une fois Emmanuel Macron sorti de son ou de ses mandats présidentiels... 

Le risque principal là dedans vient essentiellement la partie droite de son électorat qui ne vole pas très haut (désolé de le dire mais c'est une réalité) et qui est plus attaché à l'apparence de sécurité "convenable" (c'est à dire hors FN) qu'incarne Emmanuel Macron qu'au fond de la pensée politique qui l'a amené au pouvoir et qui est l'acceptation et l'adaptation à la complexité du monde... Dit autrement, l'ancien monde est très présent dans l'électorat d'En Marche et ce mouvement n'a pas su ni pu proposer une offre politique assez forte et innovante pour dissoudre les ancres qui le retiennent dans le monde d'avant et mettre l'ensemble en mouvement. Et c'est là, une manifestation parmis plein d'autres du fond du problème...

En effet, dans ce paysage, la bonne grille de lecture c'est plutôt que le FN progresse sur l'incapacité de la société française à se mettre vraiment en mouvement... Et on retrouve cela dans une partie de l'électorat d'En Marche, mais aussi dans une partie beaucoup plus importante de l'électorat de ce qui reste de la droite conservatrice historique (LR) et, sous des formes plus diversifiées, dans une partie assez importante de l'électorat de la gauche canal historique... On peut véritablement parler d'un mal transverse qui s'est installé sur l'ensemble du spectre politique. Or l'apétance pour le fascisme est là: dans l'attirance pour un pouvoir fort qui dispense de penser et qui est uniquement vu comme un blindage contre l'incertitude du monde. La cause première en est le refus où plutot la paralysie intellectuelle devant la complexité du monde.

Ainsi, nous sommes déjà dans une situation analogue à nos amis américains dont une partie de la population est aliénée dans un rêve de repli sur soi comme échappatoire à un monde de plus en plus complexe car de moins en moins "américain"... Simplement, d'une part on n'a pas encore eu l'équivalent de Trump, et d'autre part, on n'a pas le même fond culturel de défiance vis à vis d'un gouvernement central mais la situation n'en est pas moins aussi sérieuse. 

La vraie inquiétude que j'ai c'est qu'aucun responsable politique français ne prend vraiment acte du problème... Tout le monde fonctionne et parle comme si notre faiblesse structurelle -- car c'en est une -- n'existait pas: nous sérions encore la France des années 70-80, éduquée, solide, pleine de potentiel, avec une population qui adhère très très majoritairement à un socle de faits et à une acceptation du progrès et dont le principal problème consisterait dans le choix entre diverses déclinaisons de celui ci. 

Je crois qu'on est plus là: on est un pays affaibli, qui ne croit plus vraiment en son avenir, avec un énorme problème de compétences qui nous place en mauvaise position pour conserver notre niveau de vie, et qui s'est fragmenté en blocs qui ne s'accordent même pas sur les faits... J'ai une intuition qu'Emmanuel Macron a une vision comparable mais depuis la crise des gilets jaunes, il n'ose plus rien dire... Il avait pourtant mis le doigt sur un point essentiel avec sa réflexion sur la "pensée complexe" lors de sa campagne de 2017 et est souvent revenu sur ce thème, y compris un peu après la crise des gilets jaunes avec le grand débat. Mais depuis, peut être au fil des épreuves, peut être aussi parce qu'un président est aussi environné, influencé, imprégné par tout un entourage politique, cette thématique s'est effacée devant un discours rassurant sur le "génie français" mais qui fait plus l'impasse sur cette nécessité de changement profonde de notre manière de voir le monde.

Le problème c'est que, sans prise de conscience, il risque fort de ne pas y avoir d'effort de redressement... et donc oui, on court le risque d'un désastre.

Cependant, l'imputer à un bouc émissaire me parait vain: la responsabilité est effroyablement partagée...
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Commentaires
A
Bonjour Pascal, <br /> <br /> Merci pour la reprise de ton blog, ça fait du bien de lire tes réflexions ! J'espère que tu vas continuer. <br /> <br /> Bonne soirée
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