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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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23 juillet 2007

Réforme de la recherche et capitalisme d'héritiers

Depuis quelques mois, Le Monde publie des articles sur le stress au travail, notamment à cause des divers suicides sur le lieu de travail qui se sont produits chez Renault, la centrale EDF de Chinon et Peugeot.

Le dernier article publié est une interview d'un professeur du Centre National des Arts et Métiers qui livre une analyse plkus large de l'évolution des conditions de travail.

Souffrir au travail
LE MONDE | 21.07.07

© Le Monde.fr

Je n'ai pu m'empécher de penser à ce que j'aidéjà observé dans mon univers professionnel et dont j'ai déjà amplement parlé dans ce blog. La pression qui emerge autour des classements des universités comme celui de Shangai s'est belest bien traduite par nombre des pathologies décrites dans cet article.

Sont mis en cause parl'auteur l'individualisation de la performance et la montée des évaluations uniquement quantitatives. Or c'est exactement ce qui tend à se développer chez nous. Or comme me l'a dit B. Castaing, un des principaux problèmes du financement par projets exclusif ou prépondérant est qu'il aboutit à déliter la cohésion des laboratoires et donc in fine à amputer leur dynamique. C'est l'exact pendant des mécanismes explicités dans l'interview du Monde: "Les systèmes d'évaluation cassent le collectif. Les gens n'ont plus les moyens et les conditions psychologiques pour délibérer, faire remonter les problèmes, participer à l'activité obligatoire, parce qu'il faut à tout prix atteindre des objectifs". Il est clair qu'on est loin d'une saine gestion des ressources humaines. Comme le dit l'auteur: "avoir de meilleurs résultats constitue l'un des critères de l'excellence, mais pas le seul, car le travail n'est pas mesurable, n'est pas quantifiable. Ce sont avant tout les pairs qui peuvent se rendre compte que vous respectez les règles de l'art. Dans le système actuel, on met tout le monde en concurrence, avec des critères qui peuvent conduire à des injustices, voire à de la déloyauté, pour parvenir à ses fins". Comme m'a dit un collègue de Boston: "You can't imagine that but here in the US, some people are ready to jump at each other's throats"... Bienvenue dans le 21ème siècle.

Un signe de ce délitement du lien socio-professionnel est cité par l'auteur: l'explosion de la communication autour des résultats quoi qu'il arrive. Cela se produit chez nous autour de la production scientifique: depuis une ou deux années, on nous demande de manière récurrente de veiller à ce que le nom de nos diverses institutions apparaissent sous forme normalisée dans nos publications. Nous voyons fleurir des articles dans toutes les feuilles de choux académiques autour de la publication du moindre papier dans une bonne revue. Ca n'était jamais le cas avant et je ne suis pas sur que la motivation soit une soudaine fièvre vulgaristatrice. Il s'agit plutôt de délimitation territoriale et de valorisation devant les puissances détentrices des finances... En matière corportate, à coup de comm, on en est arrivé aux affaire Enron, Vivendi et plus récemment Airbus. En matière de science, nous avons eu Hendrik Schoen ainsi que celle du cloneur coréen... Pas cool.

J'en parlerai dans une prochaine note mais j'ai été frappé de voir comment la nouvelle loi sur l'autonomie des universités faisait l'impasse sur toute vision globale de l'enseignement supérieur et en particulier sur toute la problématique de la gestion des ressources humaines autour des activités universitaires.

Bref, je suis convaincu que nous voyons s'étendre au monde de l'enseignement supérieur et de la recherche les tendances déjà à l'oeuvre dans le reste de la société. Comme disait Houellebecq, c'est l'extension du domaine de la lutte...

On peut y voir bien un N+1  ème signe du néo-capitalisme triomphant à l'échelle planétaire. Je ne nie pas le rôle des tendances de fond mais l'évolution récente que j'observe en France et la forme "dure" qu'elle revet ces derniers temps me renvoie à l'analyse de Thomas Filipon, professeur de finances à New York dont a parlé Benoit Braida dans un de ses commentaires sur mon blog. Dans son dernier livre, il analyse les relations sociales dans le contexte professionnel. Sa conclusion principale est que la «crise du travail en France» est «une crise non pas du désir individuel de travailler, mais de la capacité à travailler ensemble. En effet, la France est le pays développé où les relations de travail sont les plus mauvaises à la fois du point de vue des dirigeants d’entreprises et du point de vue des employés».

Mais si tel est le cas, d'où provient cette exception française ?

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Commentaires
P
Tout est question d'équilibre. Mais je développerai plus la réponse a ta question dans un autre post car ca ne tiendra pas en deux lignes.
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P
Je suis partisan d'un certain équilibre entre financement sur projet et financement récurrent.<br /> Mais j'avoue que je ne vois pas pourquoi tu considères que le financement sur projet empeche les coopérations au sein d'un groupe.<br /> En effet, les projets financent le plus souvent (et peut-etre meme trop souvent!) le travail d'une équipe voire de plusieurs équipes que celui d'un individu.
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