La banalisation de la trahison
Aux échecs, l'ouverture désigne la première phase du jeu.
Elle permet à chacun des joueurs d'élaborer un système d'attaque ou de défense. Les enjeux principaux de l'ouverture sont en général le développement des pièces (leur mise en action) et le contrôle de l'espace (en particulier du centre). L'ouverture crée les conditions de la stratégie. Elle est la première d'un plan visant à conserver l'avantage du trait pour les blancs. L'ouverture relève de la guerre psychologique car elle permet de déstabiliser l'adversaire en l'amenant sur un terrain qu'il ne connait pas.
Ce qui se pratique en ce moment en France relève exactement de la même logique. Pour le plus grand bien de l'intérêt partisan et personnel du président actuel... mais avec le risque de jeter le jeu avec l'eau du bain et de destabiliser durablement la démocratie française. Car sans opposition, peut t'on croire que la vie politique du pays soit saine ?
Les retombées radioactives de l'ouverture, c'est aussi ce qu'il faut appeler par son nom: la banalisation de la trahison et des compromis nauséabonds.
Je suis personellement incapable de comprendre comment des personalités se prédentant de gauche peuvent rester dans un gouvernement qui, alors que le pays est dans une situation économique et financière difficile, opére de tels transferts de richesses en direction des classes les plus favorisées, mène une politique de l'immigration digne du Front National, pousse la police à de véritables rafles pour faire du chiffre et envisage très sérieusement l'immunisation pénale des escrocs de grande envergure (la dépénalisation du droit des affaires en langage politiquement correct).
Non vraiment, je ne comprends pas.
Alors évidemment, il y a les égocentriques avaleurs de micro qui ont besoin d'être sous les projecteurs pour se sentir exister (Kouchner, mais aussi ceux qui piaffent comme Lang et ce pathétique Allègre). Mais pour les autres (Hirsch, Fadara, Jouyet, Bockel, Besson), soit ils appartiennent à la catégorie ci dessus, soit ils se sont fait rouler dans la farine au dernier degré...
Les récentes sorties de Fadela Amara ou de Martin Hirsch illustrent clairement les limites de leur choix. Quelle crédibilité et quel poids accorder à leur critiques quand par ailleurs ils cautionnent par leur simple présence la cohérence d'ensemble de la politique menée par l'actuel président et sa majorité. Comme disait Chevènement dans un de ses rares éclairs de génie: "un ministre ca ferme sa gueule ou ca démissionne".
Tout au plus leurs interventions provoquent t'elles quelques vagues médiatiques qui contribuent à diminuer encore l'audience l'opposition parlementaire. Avec l'ouverture, l'opposition ne passe plus par les partis politiques censés pourtant, selon la constitution concourrir à l'expression du peuple via le suffrage. Dans ce nouveau paradigme qu'est l'ouverture sarkozienne, l'opposition est tout bonnement ramenée au rang de simple divergence de vue au sein de l'équipe gouvernementale.
Je n'ai pas l'habitude de tenir des propos qu'on peut qualifier de réactionnaires mais là, franchement, je trouve que le bal des traitres, cette fascination pour les maroquins, ca sent vraiment la merde. Y'a t'il tant de gens qui n'ont ni dignité, ni culture politique ou historique ?
Vous allez rire (jaune) mais ca me rappelle furieusement les USA...