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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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23 novembre 2006

Le niveau de vie en France aujourd'hui...

A l'approche des élections présidentielles, les prises de paroles sur l'état du pays se multiplient et contribuent souvent à transformer le débat en gigantesque caisse de résonance aux frustrations des uns et des autres. Je ne nie pas qu'elles soient rééles pour beaucoup de gens mais avec le recul, je peux dire que les gens que j'ai entendu raler le plus fort n'étaient pas toujours les plus à plaindre (surtout dans les discussions de café au sein des labos)... Maintenant, grace à Internet, c'est facile de sortir des fantasmes et de s'en tenir aux faits. Il suffit d'aller sur le site de l'INSEE qui justement vient de sortir un rapport sur l'évolution des inégalités en France, en particulier en terme de niveau de vie et de patrimoine. Le niveau de vie est en fait calculé à partir des revenus des ménages en déduisant les charges sociales et impots (revenu disponible) et en répartissant celui ci de manière égale au sein du ménage. Si j'ai bien compris, le niveau de vie prend aussi en compte le fait que l'on soit propriétaire ou non de son logement: en gros on corrige le niveau de vie d'un propriétaire pour prendre en compte le fait qu'il n'a pas a débourser de loyer pour se loger. Il y a donc une différence considérable entre la distribution des revenus et celle des niveaux de vie. D'ailleurs, les deux distributions sont représentées en page 2 de la note Revenus et pauvretés depuis 1996. Mais le concept permet de comparer l'effet des revenus en prenant en compte la situation familiale des gens. Sachant cela:
  • Le niveau de vie médian par personne est de 1314 euros mensuels. Il s'agit de chiffres par personne. Si on raisonne au niveau des ménages, le médian se situe à 24600 euros par an soit de l'ordre de 2000 euros mensuels.
  • Avec un niveau de vie mensuel de 2363 euros mensuels, une personne se trouve dans les 10 % qui ont le niveau de vie le plus élevé.
  • Avec un niveau de vie mensuel de 753 euros mensuels, une personne se trouve dans les 10 % qui ont le niveau de vie le moins élevé. Concrètement ca veut dire que le niveau de vie de 6,9 millions de personnes est inférieur à 800 euros mensuel.
Tout aussi intéressant, l'évolution du niveau de vie entre 1996 et 2004 estimé dans les différentes catégories montre une courbe en U: les plus modestes et les plus aisés en terme de niveau de vie ont eu la progression la plus forte. On peut évidemment argumenter sur la réalité des augmentations mais le fait que la courbe soit en U explique le sentiment de détérioration ressenti par les classes moyennes qui sont par définition entre les extrèmes (en plus l'être humain est très sensible à la dérivée de son niveau de vie souvent estimé de manière relative à celui des autres). Last but not least, les difficultés touchent 20 % des personnes qu'il s'agisse de pauvreté en terme de revenu, de logement, ou de conditions de travail! Dit autrement, on se paupérise lentement mais surement. L'analyse de l'INSEE sur les inégalités patrimoniales donne quelques repères qui recadrent les choses. Ainsi 50 % des ménages ont un patrimoine inférieur à 100 k€ alors que le seuil des 10 % supérieur est à 382 k€. Ceci confirme qu'un ménage possédant un appartement dans le centre de Paris ou une maison bien située en banlieue parisienne à toutes les chances d'être parmis les 20-25 % les plus riches. L'étalement vers le bas reflète le grand nombre de ménages locataires et la grande dispersion des prix de l'immobilier selon la localisation géographique. Plus intéressant, la courbe montrant l'évolution de la répartition des patrimoines selon les tranches d'ages entre 1992 et 2004: c'est une courbe en forme de bosse (les jeunes ayant le patrimoine le moins important) mais elle s'est décalée. En gros la bosse a glissé vers les vieux. L'INSEE avance que c'est probablement un effet du vieillissement de la classe d'age qui aura le plus bénéficié des dividendes des trente glorieuses et qui aura pu se constituer un patrimoine à l'époque où l'inflation élevée érodait rapidement le cout des prêts immobiliers. Dit autrement, ces statistiques montrent clairement la captation du patrimoine par une génération à savoir les baby boomers. Enfin, l'analyse de l'évolution des écarts patrimoniaux montre une importance croissante des effets mémoire (héritages, plus-values immobilière) qui sont le signe que l'ascenceur social ne permet plus de fluidifier la situation. Tout cela n'est guère encourageant. Accessoirement, cela supporte pleinement un de mes derniers posts concernant le candidat de l'UMP: pour renverser cette dynamique, il devra "trahir" son électorat. Je commence à penser qu'il risque d'en être de même pour la candidate du Parti Socialiste mais j'en parlerais dans un prochain post.
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