10 février 2007
Supermarket blues, once again!
Qu'est ce qu'il y a de plus déprimant qu'un supermarché américain rempli de malbouffe ?
Eh bien tout simplement le même quand ils mettent de la musique d'église en fond sonore!
Je ne sais pas ce qu'il leur a pris ce matin chez Trader Joes mais au bout de quelques minutes de consternation hélas habituelle devant le manque de légumes frais et le rayon à fromages (je vous rappelle que je suis condamné à 12 mois de Brie semi-industriel et de fromage de chèvre en buche pasteurisé et passé aux rayons gammas), quelque chose m'a frappé. J'avais comme une impression d'être à la sortie de la messe. Il régnait dans l'air comme un fond de religiosité totalement incongru au milieu des cacahuettes sous vides et des boites de soupe de poids cassés. Au début, je me suis dit "c'est le WE...tu n'es pas réveillé!". Puis je l'ai remarqué: le fond sonore. Il était là, discret, presque subliminal mais sirupeux et avec comme une légère une tonalité paroissiale.
C'est qu'une musique pareil, sans avoir l'air d'y toucher, ca vous change une atmosphère. De suite, tout prend un air plu solennel. Les gens deviennent plus sérieux, avec comme un air constipé d'avant-confesse. Peut être une activation subliminale des gènes des pères pélerins par le fond sonore ? Il faut dire qu'en face de la spiritualité subliminale distillée par le fond sonore, il serait de mauvais gout de protester devant l'indigence du rayon des desserts. Quoi ? Des mousses au chocolats ? Des fromages blancs nappés d'un nuage de chantilly ?? Des yaourts avec des morceaux de fruits ??? Péché de gourmandise, propention au vice que tout ceci.
Mais oui, bien sur... et si le but de cette petite musique était de faire accepter aux clients la fatalité du désastre alimentaire qui les environne ? Lorsque le client accepte avec résignation sa condition de pécheur et la fatalité commerciale, il est moins enclin a regarder avec dégout les bananes qui ont l'air de revenir d'un stage longue durée en biélorussie que le français de base, libéré, ronchonneur et laic.
Arggghhhh... tout cela m'a profondément énnervé. Nom de Dieu de bordel de merde! Déjà qu'aller au supermarché, c'est comme se retrouver dans un cauchemard de José Bové, mais si en plus c'est pour subir une une agression auditive, ca ne va plus du tout.
Bon du coup je suis allé acheter une bouteille de Bordeaux pour faire accompagner mon steak de demain (avec une sauce marchand de vin à l'échalotte) et me vautrer dans le péché (de gourmandise). Oui je sais: j'ai encore gagné un aller simple pour l'enfer... ce n'est pas le premier ni le dernier.
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