27 mars 2007
Gouvernance & Management notes (4) le bohneur est t'il dans le pré ?
Lors des Etats Généraux de la Recherche, j'avais fait des rencontres étonnantes... dont celles des représentants de l'INRA: la présidente directrice générale (Marion Guillou) et la déléguée générale à l'évaluation (Elisabeth de Turkheim) qui nous avaient expliqué comment fonctionnait cet organisme de recherche.
Pour les gens qui ne connaissent pas, l'INRA c'est l'Institut National de la Recherche Agronomique. En clair, c'est l'organisme qui fait des recherches sur l'agriculture, l'élevage, l'agro alimentaire... Souvent associé au développement de l'agriculture intensive, l'INRA est aussi le père de la garigette et d'un certain nombre des choses qui font fureur dans nos assiettes. Mai ce n'est pas de cela qu'il était question... En fait l'INRA s'est avéré être un organisme pionnier dans la modernisation du management de la recherche.
Ces dernières années, l'INRA a introduit un certain nombre de nouveautés tout à fait remarquables:
- La mise en place d'une programmation pluriannuel de l'emploi scientifique par le biais de "schémas stratégiques" qui constituent des contrats entre la direction générale de l'organisme et ses divers départements scientifiques.
- Un mode d'évaluation de l'activité des ingénieurs et techniciens qui dépasse la simple notation administrative par le directeur de laboratoire. A l'instar des chercheurs, les ingénieurs et techniciens de l'INRA voient leur activité évaluée par des "pairs", c'est à dire des gens qui exercent le même métier dans un autre contexte.
- Un suivi et une caractérisation des parcours professionnels des chercheurs au travers des différentes activités qu'ils exercent.
- Un dispositif de suivi et d'accompagnement des doctorants couplant formation à la gestion de projet, acocmpagnement du binome doctorant/encadrant et élaboration d'un profil personalisé de compétences du doctorant (formations PPP).
travailler sur des objets de recherche complexes et intégratifs, c'est-à-dire réellement interdisciplinaires, implique des compétences qui seront le plus souvent à la jonction de plusieurs champs disciplinaires. La construction de telles compétences impose la durée, c'est-à-dire des chercheurs et des ingénieurs recrutés sur statut. Un projet de recherche finalisée est un ensemble complexe de sous projets soigneusement articulés entre eux : sa conduite et son succès dépendront de la qualité de tous ceux qui établiront les articulations et qui devront réunir les compétences indiquées ci-dessus.La problématique de l'évaluation n'est pas définie par rapport à des a priori généraux mais toujours replacée dans la perspective des missions de l'organismes:
"L'évaluation se fait par rapport à une mission et des objectifs fixés. L'évaluation de la recherche académique et celle de la recherche finalisée ne peuvent pas être confondues. Ses critères, ses acteurs, ses processus sont différents. Les caractéristiques de la recherche finalisée poussent encore plus que les autres modes de recherche à une diversification des critères d'évaluation des chercheurs, pour mieux reconnaître les compétences qu'elle met en jeu. Compte tenu de la durée de l'acquisition des compétences, l'évaluation devra aussi être plus modulée dans le temps quant à la part faite à l'évaluation disciplinaire, par rapport à celle faite à l'évaluation de la pertinence et de l'aptitude à concevoir la complexité."Cette démarche qui part des missions et du positionnement stratégique de l'organisme pour ensuite décliner des aspects organisationnels, de gestion des ressources humaines et de management est saine. Elle ne met pas la charrue avant les boeufs et permet de clarifier le pourquoi des éléments mis en place. Clairement, il y avait là quelque chose d'original et de rare dans un paysage de recherche et d'enseignement supérieur plutôt dominé par le poids de l'historique et les comportements adaptatifs des acteurs du système... Lorsque j'ai demandé à Marion Guillou pourquoi l'INRA avait poussé sa réflexion aussi loin. Elle m'a donné trois raisons principales: 1. Le caractère spécifique de la recherche finalisée qui pousse à s'interroger sur la manière dont on travaille. 2. La pression extérieure: l'INRA devait négocier son contrat quadriennal avec le ministère et c'était une bonne occasion de réfléchir à ces questions. 3. Une certaine tradition d'autocritique interne à l'organisme. Sans doute, peut être aussi la qualité de l'équipe de direction... Au delà de ces éléments, les deux questions qui se posent, c'est de savoir (1) comment une telle réforme a t'elle pu se mettre en place sans entrainer de blocage (2) quel bilan tirer des évolutions en cours. Mais ca ca sera pour de prochains posts.
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