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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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7 avril 2007

Des lendemains qui vont déchanter...

Vous pensez que la dilution de l'identité nationale, la perte de la valeur travail, le voile islamique et la dégradation de l'ordre moral sont les problèmes essentiels du pays. Et bien c'est que vous êtes carrément à coté de la plaque et il serait temps de vous sortir les doigts du cul et de regarder la réalité en face. Le Groupement International d'Etudes sur le Climat (GIEC) vient de finaliser la version courte de son rapport destinée aux "décideurs". Il est disponible sur leur site Web et est très instructif à lire. Le pire est en train de se confirmer: les écosystèmes ont déjà commencé à réagir au changement climatique et leur réponse va s'intensifier. Jusqu'à présent, il n'y a pas encore eu d'effet d'emballement mais les experts du GIEC soulignent qu'au delà de 3 degrés d'augmentation moyenne à l'échelle de la planète au dessus de la référence de 1990, la biosphère allait commencer à relacher des gaz à effet de serre. Cela provient du fait que le CO2 se dissour moins bien dans les océans et aussi sans doute la libération de réserves de gaz captives (dégel du permafrost) et de la décomposition accélérée des végétaux (quoi que sur ce point un régime stationaire doit s'établir au bout d'un certain temps). N'imaginez pas que l'Europe va échapper à la catastrophe: "Nearly all European regions are anticipated to be negatively affected by some future impacts of climate change and these will pose challenges to many economic sectors. Climate change is expected to magnify regional differences in Europe’s natural resources and assets. Negative impacts will include increased risk of inland flash floods, and more frequent coastal flooding and increased erosion (due to storminess and sea-level rise). The great majority of organisms and ecosystems will have difficulties adapting to climate change. Mountainous areas will face glacier retreat, reduced snow cover and winter tourism, and extensive species losses (in some areas up to 60% under high emission scenarios by 2080)." Oui vous avez bien lu la dernière phrase: on va assister à une extinction massive des espèces dans certaines régions européennes. Et d'une manière générale, difficulté des écosystèmes tempérés à s'adapter au changement rapide du climat. L'écosystème méditerranéan va déguster ce qui me fait penser que je ne conserverai surement pas ma maison de vacances sur la cote d'Azur jusqu'à ma retraite (snif)... Ceci dit, la vraie bombe est en Asie avec la menace d'une sécheresse aux conséquence dévastatrices: "Freshwater availability in Central, South, East and Southeast Asia particularly in large river basins is projected to decrease due to climate change which, along with population growth and increasing demand arising from higher standards of living, could adversely affect more than a billion people by the 2050s." D'un point de vue économique, un réchauffement de plus de 3 degrés entrainera des couts globaux qui ne seront pas compensés. Voir le rapport Stern. Il pourrait en résulter une perte de plusieurs % de points de PNB ce qui, compte tenu de la croissance faible de nos sociétés, sera suffisant pour nous envoyer en récession permanente. Et encore, Stern avance jusqu'à 20 %! La "valeur travail" sera donc valorisée au delà des espoirs les plus fous mais pas pour permettre à chacun d'atteindre le rève américain... Dit autrement: on va en chier comme des russes. Evidemment, on peut se dire que tout ca est bien abstrait et que ces élévations de températures moyennes ne veulent pas dire grand chose. Cependant, dans le rapport du GIEC, on lit que entre 1970 et 2004, pour la France, on a une évélation moyenne de 1 à 2 degrés (figure SPM-1 du résumé). Or en 25 ans: - les hivers neigeux de mon enfance ont pour ainsi dire disparu; - les sous-pulls synthétiques qu'on mettait en hivers et qui faisaient tant d'électricité statique sont devenus des accessoires oubliés; - les interdictions d'arroser les jardins et de laver les voitures sont devenues systématiques dans certains département (en particulier dans l'Ouest): voir les notices d'information du ministère de l'environnement; - on crève littéralement de chaud l'été alors que c'était exceptionnel il y a 25 ans; Je vous laisse imaginer ce qui se passera si on se prend trois degrès en moyenne de plus... Avec de tels nuages -- je devrais plutot parler de canicules -- à l'horizon, l'attitude de certains candidats à l'élection presidentielle n'en est que plus scandaleuse. Il est évident que devant l'énormité des défis qui nous attendent, il est vital que les politiques développent une vision ambitieuse et aient une rééle volonté d'enclancher des évolutions de société. Au lieu de ça, nous avons droit à un clientélisme outrancier qui revet des formes d'un marketing compassionnel ou à l'opposé limite fascisant. Mais ce n'est pas en dissolvant l'Etat au sens large dans les lobbys et en en mettant au service des apétits particuliers de toutes les corporations possibles et imaginables que les choses iront mieux. La même chose se produit au plan économique: en refusant d'une part de mener une réflexion en profondeur sur l'évolution de notre environnement et la hiérarchie des priorités que cela va nous imposer et d'autre part de voir la perversion du capitalisme libéral par le développement d'oligopoles et une financiarisation excessive, on favorise l'émergence de puissances qui viseront à préserver leur interet et leur existence quitte à écraser les libertés individuelles et notre avenir. Sur ce point je rejoins le diagnostic porté par Benoit dans un commentaire de mon blog à propos du néocapitalisme actuel qui s'éloigne des valeurs libérales originelles (libre choix, libre concurrence dans un environnement régit par la loi élaborée via un processus démocratique). Bref, par delà les tailleurs immaculés et les privations de chocolat, certains candidats en arrivent, consciemment ou inconsciemment, à renier toute la construction universaliste qui a aboutit à la naissance de nos démocraties modernes pour revenir lentement mais surement vers un mode d'organisation néo-médiéval avec des sociétés évoluant en fonction de multiples interets contradictoires sans rééle capacité à prendre collectivement des décisions importantes du fait de l'affaiblissement des institutions démocratiques. Le problème c'est que je ne crois pas que c'est ce qui nous prépare le mieux à échapper à l'enfer du changement climatique.
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