Ora na azu nwa (Il faut un village pour élever un enfant)...

Il y a quelques jours, un lecteur du blog m'a demandé par commentaire interposé:

"D'après vous qui est censé éduquer les enfants ? L’école ou leurs parents ? D'après moi, mais je peux me tromper, l’école est faite pour instruire : enseigner la lecture, l’écriture, le calcul, l'histoire, la géographie, etc... Préparer les enfants au monde complexe et incertain dans lequel nous sommes, c'est le rôle des parents."

Ben à mon avis, c'est une question qui n'a pas une réponse binaire justement parce que le monde est complexe! Bien sur l'école est là pour enseigner des choses aussi fondamentales que lire, écrire, calculer et pour communiquer un certain nombre de connaissances sur l'histoire, les sciences de la Nature, la géographie... Mais justement, un des grands progrès dans notre compréhension du monde, c'est le lien entre les connaissances dans des domaines différents. Je ne dis pas qu'il faut faire de l'interdisciplinarité dès le CP mais quand on explique le cycle de l'eau aux enfants, ou le cycle du carbone aux collégiens, on doit intégrer une vision globale du monde... C'est aussi cela préparer les enfants à la complexité... Expliquer aux enfants comment fonctionne leur ville, la région, le pays et l'Europe c'est aussi rentrer dans la complexité politique du Monde. Je pourrais multiplier les exemples.

De manière symétrique, on sait bien qu'un enfant élevé dans une famille où on ne lit pas, où on ne parle jamais de l'Histoire et où ne voit pas plus loin que le quartier est assez mal barré... La famille joue un rôle indispensable dans l'ouverture au Monde mais encore faut t'il qu'elle soit en mesure de le faire.... d'où l'apport de l'école aussi sur ce terrain. Ceci dit, à mon avis, ce n'est pas nouveau: depuis que l'éducation publique a été mise en place à la fin du 19ème, il n'y a pas eu de séparation des rôles si tranchée entre famille et école. Il faut se rappeler qu'il y a 130 ans, la France était un pays en grande partie agricole dont la majorité des écoliers n'était souvent pas sortie de son canton... Et pour beaucoup, l'ouverture au vaste monde passait précisément par l'école!

Après tout, les Africains disent bien qu'il faut un village pour élever un enfant... Je suis convaincu qu'il y a quelque chose de profondément vrai là dedans. Simplement dans nos sociétés avancées, la notion de village est sans doute plus complexe à appréhender (-: ...

Comments

[rafounet]

bonjour,



nous ne donnons pas le même sens au mot "éduquer", éduquer c'est façonner le cerveau encore malléable du jeune enfant.

On n’éduque pas les "grands", avant on était "grand" vers 10 ans, maintenant c'est 8 ans. Quand on est "grand" on apprend la vie, on acquiert des expériences, on ne s'éduque plus.

A l'époque, les parents éduquaient leurs enfants, comme leurs parents l'avaient fait pour eux, lors les cours de morale les instituteurs participaient aussi à l’éducation, les lectures également.

Il y a quelques années, avant l'Internet, on avait la lecture, la série des Michel dans la bibliothèque verte , je les ai lus et relus. De nos jours n'importe quel gamin de 8 ans a vu des films X et sait comment on baise, en haut en bas par devant par derrière, qu'est-ce que tu veux les éduquer ?





j'ai parcouru un peu ton blog, il est intéressant. Tu es enseignant, tu appartiens à "l'Education Nationale" d'où peut-être la confusion (expliquer le cycle de l'eau aux enfants, ou le cycle du carbone aux collégiens, ce n'est pas de l'éducation, c'est tout simplement de l'enseignement).

Dans les quartiers sensibles il y les "éducateurs", ils n'éduquent rien du tout, l'éducation des clients est déjà faite, ils essaient simplement de les ramener sur le droit chemin.

le 22 avril 2012 tu écrivais :

"Au jour d'aujourd'hui, nous n'avons donc plus guère le choix: pour l'élection présidentielle, c'est le vote Hollande qui est le seul susceptible d'ouvrir la porte à une rééle politique alternative."



ma foi... on en reparlera en 2017, en attendant montebourg a retourné sa veste, melEnchon continue à aboyer mais de loin et lamblin a rapatrié ses 400 000 euros planqués en suisse par le grand-père sous forme d'argent sale livré en billets usagés de 20 et 50 dans un sac plastique...





http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bayard

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/10/23/01016-20121023ARTFIG00636-lamblin-son-copain-rockeur-son-argent-et-ses-sex-toys.php



bon courage,

Ec 1:2 Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.

[Miniroot !]

salut !



Plutôt que celle de P. Rabbi, je préfère la conception de l'éducation du fabuleux Albert Jacquart ... Je n'ai pas de référence à vous fournir autre que ses bouquins parus en poche, et les chroniques quotidiennes qu'il faisait sur France Culture vers 17h55, à podcaster, peut-être ?

[zgzg]

Le problème à mon sens n'est pas tant que l'école éduque en même temps qu'elle instruise, mais qu'elle ne fasse plus qu'éduquer. Elle se suffit de ça, et a décrété que son rôle était dorénavant de former des "citoyens" (si on était méchant on pourrait dire de bons petits consommateurs), en passant à la trappe l'essentiel : l'instruction.



Puis si on s'amuse à regarder les valeurs qu'elle promeut, c'est assez drôle de voir qu'elle met au dessus de tout l'envie d'apprendre et l'amusement. On apprend plus à l'école, on apprend à apprendre, et ce pour être à même d'apprendre ce qu'on aime si l'envie nous y prenait. Comme s'il n'y avait pas certaines connaissances fondamentales à acquérir qui prédomineraient sur les autres.

C'est sûr que c'est plus facile (et égalitariste bizarrement) de dire que si l'école a permis à Rachid d'exceller en rap, chose qu'il aime, alors elle aura réussi son pari de "l'inserer dans la société" et d'en faire un "citoyen autonome, responsable, mais surtout épanoui".

Forcément à ce jeu là, l'école aura beau dire que lire des livres est important pour, je cite, découvrir et comprendre la complexité de ce monde, mais en s'interdisant de hiérarchiser ces derniers et en ne se suffisant que de le dire, elle n'en sera pas moins incapable de susciter le moindre intéret auprès de ceux à qui elle rabacherait ce refrein.

Parce que s'il y a bien quelque chose qui ne se décrète pas et ne se se transmet pas en le disant mais uniquement en le faisant, c'est le gout de l'effort. Qui dit gout de l'effort, dit gout du "vrai" travail et par conséquent va de paire avec une instruction exigeante et de qualité. Sans compter que c'est en étant aussi exigeant avec tout le monde, aussi et surtout avec ceux qui n'ont pas la chance, justement, d'avoir accès à des livres (pas harry potter hein) chez eux, que l'école permet l'ascension sociale (et culturelle).



J'en viens alors à me poser une question toute bête : c'est quoi le plus préjudiciable, pas assez, ou trop d'instruction ?

[Chris]

Coucou Pascal,

il s'agit bien sûr d'une question très difficile et comme tu le dis il n'y a pas de réponse. L'école et les parents sont dans un partenariat, ce n'est pas forcément chacun son rôle, mais chacun doit faire en sorte que les enfants aient leurs propres visions de la société. En effet, même si l'école se doit de faire respecter les valeurs de la République, il ne peut pas forcer un enfant à croire en X ou Y choses. L'école est là pour donner le plus d'information possible pour que l'enfant se fasse une idée et puisse choisir.

Après, éduquer... bah l'école s'en occupe aussi, même si ça serait plus pratique que tout soit fait à la maison. D'ailleurs, vu qu'on est dans un partenariat, dans ce cas là, il faudrait que l'enfant apprenne autant à vivre en société à l'école qu'à la maison, niveau propreté c'est pareil.

Après, on se rend vite compte quand on est maître des écoles qu'il arrive pour certains enfants de jouer un petit peu le rôle des parents pour "recadrer" les enfants.