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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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11 février 2014

Le vent se lève...

Après le fils, c'est au père de se plonger dans le passé de son pays au travers d'une version romancée de la vie du plus célèbre ingénieur aéronautique du Japon, à savoir celui qui a conçu le fameux Zéro de la seconde guerre mondiale. Le film se situe donc entre 1918 et 1940-45 (la guerre n'est pas vraiment développée). C'est le croisement entre l'histoire de la conception du Zéro, l'évolution du Japon entre les deux guerres et une histoire d'amour inspirée du roman "Le vent se lève" de Tatsuo Hori écrit en 1936. Et le résultat est absolument remarquable!

Dès le départ, la maitrise cinématographique du maitre est époustoufflante. La scène du voyage en train interrompu par le tremblement daffiche-le-vent-se-levee terre qui ravagea Tokyo en 1923 (et fit 150000 morts et disparus) est incroyable, tout comme les scènes oniriques qui parsèment le film. Pour un dernier film, c'est carrément un chef d'oeuvre en matière de réalisation. La reconstitution du Japon de cette époque, un pays essentiellement pauvre juste ouvert à la modernité (l'ère Meiji n'était vraiment pas loin), est absolument remarquable! D'un coté, des femmes en sabot de bois et kimono, de l'autre le rève de dépasser l'industrie aéronautique allemande et américaine... On est directement plongés dans l'époque et avec un réalisme saisissant qui n'est pas sans rappeler "La colline aux coquelicots" réalisé au sein des studios Ghibli mais par Miyazaki fils! 

Evidemment le film a fait polémique... Comment est-ce que Miyazaki le pacifiste a t'il pu rendre si humain le concepteur d'une telle machine de guerre? A mon avis, la réponse réside dans les divers niveaux de lecture du film. Tout d'abord, l'histoire de ce Japon sortant à marche forcée du sous-développement dans un contexte de plus en plus marqué par le nationalisme n'est pas sans rappeler celle, beaucoup plus récente, du grand voisin chinois... Miyazaki aurait voulu attirer l'attention sur les nuages présents à l'horizon que cela ne me surprendrait pas. Ensuite, ce que le film montre c'est comment, lorsque rien n'est encore joué, la perspective historique peut échapper aux gens quand ils sont plongés le nez dans le guidon... Dans "Eagles of Mitsubishi", le vrai Jiro Horikoshi mentionne (p. 120) qu'en 1941 il était conscient que l'alignement du Japon et de l'Allemagne nazie ne pouvait que conduire à de gros problèmes. Mais en fait, il était déjà trop tard... Dans le film, on voit bien que parviennent des échos de la tempète à venir, mais comme étouffés. Finalement, c'est peut être ce qui est arrivé aux vrais personnages de l'époque: ils n'ont pas pris la mesure du cyclone qui se préparait. En ce sens, le film est relativement sombre...

La dernière dimension du film est évidemment toute la réflexion ou plutot le regard posé sur le processus de création. C'est assez rare de voir un artiste se plonger dans un processus de création technologique mais c'est pourtant ce qu'il a fait. Ce film est un très bel hommage à l'art de l'ingénieur et au processus d'invention. Même si c'est très très loin d'un documentaire, il esquisse par touches poétiques le coté intuitif et la démarche qui conduit de l'inspiration et du rève à la réalisation... Rien que pour cela, le film est à voir. 

Reste enfin l'histoire d'amour qui court tout au long du récit. C'est probablement la partie la plus romancée du film... Bizarrement elle tient le film au même titre que les autres aspects. elle apporte à la fois une fenêtre sur le Japon de l'époque et en même temps contribue à renforcer le sentiment d'un monde auquel il ne reste que peu de temps. Comme un écho au sentiment des personnages sur leur époque. Comme souvent avec Miyazaki, l'intéressant est dans l'ellipse... 

Bref un très bon film à voir absolument!

PS: Pour ceux et celles que cela intéresse, vous pouvez lire une interview de Miyazaki sur son film parue dans Télérama.

 

 

 

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Commentaires
P
Nous sommes allés voir le film dimanche dernier, toute la famille a aimé!
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