Conte de Noël: le maître du Ice Pack!

Aujourd'hui, je suis allé aux urgences. Oui c'est original pour un jour de réveillon mais bon, ca m'apprendra à avoir été aux toilettes à 2h30 du matin sans mettre mes chaussons. Le truc c'est que les urgences c'est absolument pas passionnant en fait. Vous imaginez vous retrouver dans E.R. ou dans un épisode de Docteur House, voire éventuellement dans un reportage sur NT1 genre "Médecins aux urgences: sur le fil du rasoir"... Ben non: en matinée, sauf cataclysme, accident de la route ou lendemain de réveillon, ca ressemble plus à un film d'Agnès Varda qu'aux oeuvres sus-citées.

Du coup, comme j'avais chargé mon téléphone, j'ai fait des SMS avec mon doctorant. Comme il venait de passer d'une semaine sur le cercle polaire avec sauna, plouf dans lac gelé, nuits polaires et aurores boréales à chez sa maman avec des loisirs sans doute plus tempérés, je me suis dit que ça le distraierait pendant la préparation des toasts au saumon:

Moi à 10:26: Je suis aux urgences! 

Le doctorant: T'as fait quoi ?

Moi: Explosé petit orteil sur escalier 😫 

Le doctorant: Outch...

Moi: Ça doit être casse! Ce matin V->2*V (pour ceux qui auraient pas compris, j'ai le petit orteil qui avait doublé de volume au réveil... c'est là que j'ai compris que Noël ne serait pas spécialement fun).

Le doctorant: Si ca peut te rassurer y a pas grand chose à faire à part attendre que ca guérisse. (oui ben je sais... ça je vais l'entendre quatre fois dans la journée: deux fois le doctorant et deux fois le docteur, un partout la balle au centre...)

Moi: Je peux difficilement marcher...

Le doctorant: Ah ben oui, oui. ça c'est normal.

Moi: Je sens que ça va être galère... (5 minutes pour descendre mes 4 étages ce matin... Taxi à l'aller, taxi au retour...)

Le doctorant: Ben joyeux Noel !

Pascal Degiovanni: Merci!

Plus tard, je sais plus trop quand:

Le doctorant: Y a le père Noel aux urgences ?

Pascal Degiovanni: T'a même pas une guirlande.... (ben faut dire, niveau déco, c'est assez spartiate: j'ai pas vu le quart d'un début de sapin...)

Le doctorant: Meme parmi les malades ?

Pascal Degiovanni: Je suis en salle d'attente (bon là j'avoue j'ai pas réagi à sa blague mais dans une salle d'urgence soit les gens ont l'air normaux soit ils ont pas l'air bien du tout...)

Le doctorant: Essaie de pas choper un rhume ou une pneumonie ! (et voilà, ma réputation d'apirateur à microbes me suit même dans les hopitaux...)

Pascal Degiovanni: Oui.... 

Deux heures plus tard.... en gros j'étais passé en box, là on m'a fait attendre, on m'a demandé ce qui s'était passé et un jeune médecin m'a dit qu'on allait me faire une radio, puis j'ai attendu. 

Le doctorant: ça va toujours ? (comme quoi il s'inquiète pour son directeur de thèse... voila une petite joie de Noël! )

Moi: Je suis passé aux rayons X...

Pour une fois j'ai fait court car par SMS c'est assez difficile d'expliquer la séance de contorsion sur ta table de radio pour avoir le petit orteil sous trois angles sans le superposer avec les autres orteils, le tout sous la direction d'une manipulatrice radio à l'accent slave et une table de radio supersensible qui biiiiiipe dès que tu es pas bien placé...

Et y'a des flics devant mon box! 

Le doctorant: Verdict ?

Moi: Je suis dans le box et j'attends! Et j'ai faim! (et oui, entre la radio et le passage du docteur, il s'est passé environ 100 pages de mon bouquin et une sieste car je suis tombé en mode économie d'énergie vu que j'avais la dalle... mais là encore j'ai du résumer cette intense vie intérieure parce que taper un roman par SMS, c'est un challenge...)

Le doctorant: T'as pas confondu avec l'aéroport au moins ? (c'est là qu'on voit qu'il est quand même vachement créatif...)

Moi, rentrant dans le jeu: Ahhhh je comprenais pas pourquoi je suis passé entre deux valises! On m'a mis une étiquette "Caracas"...

Le doctorant: Bon voyage. Prends une grande inspiration vers 3000m ! (très drôle, sauf que là j'avais envie de péter et que ça aurait fait désordre si le personnel médical s'était pointé à ce moment là... j'ai donc évité de rebondir sur ces problèmes de détente plus ou moins adiabatique...)

Environ 100 pages et une sieste plus tard:

Moi: Toujours au même endroit!

Le doctorant: ça va pas vite. (ah ben les urgences, c'est toujours lent... c'est d'ailleurs pour cela que je suis parti avec un roman de SF de 750 pages et un bouquin de Seth Lloyd de 150 pages)

Pascal Degiovanni: Ah non! Je devrais peut être convulser ? (en fait je suis le patient ultime: vous en connaissez beaucoup qui se ramènent aux urgences avec presque 1000 pages de lecture pour un orteil cassé ? Mais bon je commençais vraiment à avoir très faim...)

Le doctorant: T'auras peut-etre droit au repas du réveillon ! (sur le coup, en pleine auto-digestion, ça m'a pas fait rigoler... restrospectivement c'est drôle mais avec un truc plus grave, je pense que j'aurais eu droit au non-foie-gras, à l'absence de la dinde et au vide des opérateurs de création de buches de Noël).

Moi, affamé parce qu'on commence à taper vers les 14h: La prochaine fois je viens avec des sandwiches (sérieux pensez y car, aux urgences, vous êtes sur de sauter un repas sauf à vous y téléporter juste après le petit déjeuner)

Le doctorant, toujours plein de bonnes idées: Ahah. Un cassoulet en boite.

Moi: T'a pas de réchaud! (faut bien que je sois dans le rôle du chercheur confirmé qui soulève les difficultés)

Le doctorant: Tu peux aussi en prendre un. (je pense que la découverte du butagaz par l'infirmière attirée par l'odeur du cassoulet, ca doit te faire rentrer dans la légende des salles de garde)

Moi: Oui bonne idée! C'est effrayant (tiens j'ai oublié ce que je voulais dire)... Et il y a pas foule! Donc soit t'a vraiment pas de personnel ce qui n'est pas le cas soit c'est super mal organisé.... Soit ca se presse pas 😡 (hallucination de sandwiches en salle de garde... je suis entré en urgence alimentaire, ca me rend moins patient...)

Le doctorant: Ben ca doit logiquement etre assez mal organisé.

Moi: La prochaine fois j'amène un mini drone pour explorer les couloirs! (bon là vous le voyez pas mais durant cet échange de SMS, j'ai passé deux fois la tête dans la porte coté toubib, histoire de vérifier qu'il y avait encore du monde - ça bossait - et qu'éventuellement on ne m'avait pas oublié...)

Le doctorant: Ben moi je veux retourner en Finlande ! (depuis qu'il a découvert l'art de vivre finlandais, il veut un appartement avec sauna...)

Moi: Ils on amène la radio (juste avant que  je demande au doctorant comment hacker le j'essaye de me connecter au Wifi de l'hopital vu que hélas le box était un trou pour la 3G/4G...). On voit quasi rien. Donc attelle et dehors! (résumé de la discussion avec le médecin et du passage de l'infirmière parce que bon, là pareil, par SMS c'est pas facile à transcrire...)

Le doctorant: C'est à toi de la lire ? De toute facon, c'est tout ce qu'il y a à faire pour les orteils ! (et voilà...)

Moi, juste histoire de me faire plaindre même si je sais très bien que les Daltons vont se moquer de mon orteil pendant toute la durée de leur thèse: Je souuuuufre et j'ai FAIM!

Bon voila, je suis chez moi après avoir rempli mon estomac et mon frigo... et acheté des chaussons en 44 (je fais du 42). Du coup, je suis sous doliprane avec codéïne parce que quand je suis rentré, ca faisait vraiment trop mal, et j'ai passé la soirée devant l'adaptation coréénne de La tour infernale avec mon pied dans un icepack.

Le film est pas mal du tout et du coup, mon pied est moins douloureux. Je suis un maître du Ice Pack: c'est ça aussi la magie de Noël...