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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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21 août 2007

Le paquet fiscal à l'américaine...

En ces temps de rentrée politique et de paquet fiscal, je suis tombé sur un article très intéressant dans le New-York Times. Il parle de l'évolution du revenu des ménages américains et de l'impact du paquet fiscal proposé par Bush pour créer un "choc de croissance". Ca ne vous rappelle rien ? Concernant l'impact des mesures fiscales, le groupe Citzen for Tax Justice (CTJ) vient de sortir une analyse de la réduction des taxes sur les plus values et revenus de valeurs mobilières passé par Bush. Ce paquet fiscal avait réduit les rentrées fiscales de 91 millards de $ ce qui, ramené à l'échelle de la France, en fait une mesure comparable en taille au paquet fiscal Sarkozien. Ce qui ressort de l'étude du CTJ, c'est que ce sont les plus riches qui ont bénéficié de la mesure. Et quand je dis riche, je ne parle même pas des cadres qui gagnent 7000 $ par mois. Jugez plutôt:
  • Les 68 % des ménages déclarant un revenu annuel inférieur à 50 000 $ ont absorbé 3.2 % de ces réductions d'impots.
  • Les 0.6 % de ménages déclarant un revenu annuel supérieur à 500 000 $ ont absorbé 74 % de ces réductions d'impots.
  • Parmis ceux ci, 11433 ménages déclarant un revenu annuel supérieur à 10 millions de $ (ca dépote hein ?) ont absorbé 28.2 % de la réduction fiscale qui, pour chacun d'eux, s'est avérée égale en moyenne à 1,9 millions de $.
Concernant les revenus, les données sont également très intéressantes. Je dois vous mettre en garde devant toute comparaison brutale avec les données sur les revenus en France. En effet, le périmètre des revenus n'est probablement pas exactement le même: n'oublions pas que nous n'avons pas vraiment le même système de protection sociale ni de retraite. De plus, comparer les montants salariaux n'a pas forcément grand sens car le "rendement" d'un revenu en terme de qualité de vie n'est pas le même des deux cotés de l'Atlantique! Le point central de l'article, c'est que en moyenne, le revenu des américains à baissé sur la période 2000 à 2005 de 1 %. Big trauma au pays où tout est possible: cela n'était pas arrivé depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Mais le truc à comprendre c'est que tout le monde n'a pas été logé à la même enseigne. Quelques petits rappels de base avant le plat de résistance:
  • Le revenu médian se situe aux environs de 30 000 $ annuels.
  • Un revenu de 50 000 $ annuels vous place dans le tiers supérieur et un revenu de 100 000 $ annuels vous met dans les 10 % supérieurs.
  • Environ 300 000 foyers déclarent un revenu annuel supérieur au million de $ annuel. C'est le petit monde des très hauts revenus qui représentent une tranche de 0.25 % des contribuables américains.
incomeLà où ca devient amusant, c'est que la petite tranche des très hauts revenus s'est arrogée 47 % des gains de revenus aux USA sur la période 2000 à 2005. Les très bas salaires sont moins nombreux mais apparemment, c'est dans la classe moyenne que le squeezing comme ils disent ici s'est fait le plus durement ressentir. En effet, en plus de la bulle internet et du ralentissement suite au 11 septembre, ces ménages ont du faire face à l'augmentation des dépenses liées à la santé et aux retraites (tiens c'est marrant, d'un coup je pense franchises médicales) ce qui a contribué à l'érosion de leur revenu effectif (le net alors que les données ci dessus concernent le brut). Si je résume: Bush avait promis un choc fiscal et une reprise économique. Ils ont eu tout le contraire: les riches ont empoché le jackpot mais l'économie n'est pas repartie pour autant. La classe moyenne se fait presser le citron de plus en plus pour des revenus nets de moins en moins élevés. En clair:
  • Ceux qui gagnent normalement leur vie ont du travailler plus pour gagner moins
  • Ceux qui gagnent très très bien leur vie l'ont gagnée encore mieux mais sans forcément travailler plus
Mais comme l'a dit le président: I’m pleased with the economic progress we’re making. Bon... ca n'engage que lui... Quant au pognon qui n'a pas attéri dans les poches des américains modestes, durs à la tache, qui bouffent leur hamburgers et qui triment comme des chiens, on sait où il est passé:
Bush_Budget
Dans un prochain post, j'essayerai de parler de l'évolution des très hauts revenus mais en France...
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Commentaires
P
La remarque de Pascal est fort intéressante.<br /> Le hic c'est qu'il y a un marché international des chercheurs (ou un embryon de marché), et donc si on veut attirer les meilleurs, il vaut mieux mettre toutes les chances de son coté...<br /> Mais ne soyons pas trop pessimiste: une lecture assidue de ce blog nous permet de conclure qu'il nous reste encore l'atout de la bonne bouffe!
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P
Pascal dit que les revenus des américains ont baissé de 1% en moyenne entre 2000 et 2005.<br /> S'agit il vraiment de la moyenne, ou de la médiane ? J'ai lu quelque part (je suis trop paresseux pour rechercher la source) que "ces dernières années" le revenu moyen des américains a augmenté, mais le revenu médian a baissé. Ce qui n'est bien sur pas contradictoire, et s'explique comme Pascal l'a souligné par l'augmentation des revenus des super-riches.<br /> Je ne me souviens plus si la période de référence dans cette étude était 2000-2005 également.<br /> En tout cas, c'est un bon example pour expliquer la différence entre moyenne et médiane dans le cours de Statistics 101!
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L
C'est clair... et je ne vous parles pas de ceux qui sont dans le décile inférieur et qui veulent juste survivre...<br /> Alors la question de savoir si le décile sup pourra ou non s'acheter l'appart a Megève pour le noel... c'est p-e pas le plus important, enfin pour une majorité.<br /> <br /> Mais ca fait longtemps que ce n'est plus la majorité qui gouverne (en France ou ailleurs)
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P
Hé hé, si tu avais lu mon blog depuis les origines, tu aurais vu que j'ai déjà discuté ce point:<br /> <br /> http://ayearinboston.canalblog.com/archives/2007/01/17/3714422.html<br /> <br /> Effectivement un chercheur CNRS ou un universitaire en milieu de carrière est dans les 5 % de revenus les plus hauts. Je ne dis pas qu'une revalorisation ne serait pas la bienvenue mais j'ai l'impression que nombres de nos chers collègues qui la demandent à corps et à cris ne sont pas forcément conscients de la réalité du paysage salarial français (et encore moins américain). <br /> <br /> Il est en effet intéressant de voir qu'un universitaire US qui émarge en gros à 90 k$ ou 100 k$ annuels n'est pas aussi haut qu'un DR/PR dans la distribution des revenus annuels (100 k$ = le décile supérieur).<br /> <br /> Comme quoi, l'herbe apparait toujours plus verte dans le jardin d'a coté.
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S
Pour la France, on peut voir ici: http://www.inegalites.fr/spip.php?article1. Bon, va falloir qu'on fasse gaffe, pcq on est tous les deux dans les 5% des plus riches... Des têtes vont tomber!!! Si si, on est riches... Me voilà rassuré ;-)
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