Premières actions en directions des jeunes enseignants-chercheurs
Hier soir, le Monde annonce quelles seront les premières mesures prises suite au rapport Schwartz en faveur des jeunes enseignants chercheurs.
Ce qui est annoncé:
- La revalorisation des salaires via un alignement probable des conditions de reconstitution de carrière des enseignants-chercheurs sur celles des chercheurs CNRS.
- La mise en oeuvre de chaires CNRS donnant à environ 130 personnes par an une décharge de 2/3 de service et un budget de 100 k€ pour une durée de 5 ans non renouvelable, plus une prime conséquente.
Qu'est ce que j'en pense ?
Dans le cadre du groupe enseignement supérieur et recherche publique de l'ANDèS, j'ai travaillé sur ces questions et nous avions, sur ce sujet, fait plusieurs propositions à la commission Schwartz.
De manière plus explicite, il y a un gros point très positif: l'amélioration de la reconstitution de carrière des maitres de conférences qui, j'espère, va être alignée sur celle des chercheurs du CNRS.
Cela permet de prendre en compte l'expérience antérieure (les expériences professionnelles, dont le doctorat, avant recrutement) et cela va vraiment permettre une bonne revalorisation des carrières compte tenu du fait que nombre de recrutements s'effectuent plus de deux ans après le doctorat. Nous l'avions explicitement demandé.
Par contre, le dispositif des chaires d'excellence CNRS ne me convainc pas du tout! C'est de la poudre aux yeux.
Il est intéressant de comparer ce flux de décharges avec le flux de recrutement des MCF: 130 pour environ 2000. Cela signifie que moins de 10 % des MCF nouvellement recrutés vont bénéficier d'une décharge!
L'ANDèS, consultée pour le rapport Schwartz, avait proposé quelque chose de nettement plus ambitieux: décharger tous les MCF nouvellement recrutés de 40 % au moins de leur service durant les 5 premières années (la manière dont la décharge est répartie serait négociée à l'embauche).
Nous avions estimé qu'en augmentant le nombre de monitorats, il était possible de compenser les heures d'enseignement correspondantes. Le cout restant somme toute assez modique. Ca ne résoud pas tout mais ca crée des conditions de début de carrière bien meilleures que ce qu'elles sont actuellement. On se rapprocherait ainsi de la situation américaines où les jeunes assistant professors disposent de conditions appropriées pour démarrer leur activité avant l'examen de leur titularisation.
Le choix qui a été fait par le ministère est donc décevant... Il va créer un système à deux vitesse avec d'un coté une grosse majorité de nouveaux recrutés qui seront surtout enseignants et un peu chercheur et quelques happy few qui seront de véritables chercheurs-enseignants.
Là où c'est un marché de dupes c'est que les emplois de maitres de conférences sont censés permettre de faire de la recherche. J'imagine l'ambiance entre les MCF "normaux" et les "happy few"... Au final l'impact sur la productivité globale de la recherche sera marginal mais cela contribuera un peu plus à dégrader le ressenti d'un nombre assez élevé de gens.
Il est également intéressant de voir que le Monde, dans un petit édito accompagnant l'article suscité parle d'un chois assumé de la compétition universitaire. En réalité, il n'en est rien.
Un choix assumé consisterait à ne proposer au recrutement qu'un nombre peut être un peu plus limité de postes de chercheurs enseignants avec des conditions de travail permettant un travail de recherche au niveau international et à poser le problème des carrières pédagogiques au sein de l'université. C'est un sujet qu'avec quelques autres j'avais soulevé lors des Etats Généraux de la Recherche en 2004 mais tout le monde s'est empressé de sortir les gousses d'ail. Là est le vrai tabou que ce ministère n'a pas osé renverser.