11 avril 2009
Triste ronde des obstinés...
En ce début de printemps un peu poussif, alors que le Monde nous révèle quelques extraits du courrier des lecteurs sur la crise universitaire et que Sylvestre Huet continue de nous tenir en haleine avec son grand Soap Opéra du Savoir, du Pouvoir (à désespérer du journalisme), je me dis qu'il est temps de tirer un bilan lucide des six derniers mois:
1) Il n'y aura pas de redynamisation de l'enseignement supérieur sans un effort douloureux concernant le statut des enseignants chercheurs.
Alors que le rapport Schwartz esquissait des pistes intéressantes pour prendre en compte une large diversité de trajectoires professionnelles dans l'enseignement supérieur, le résultat des turbulences de ces six derniers mois est un quasi retour au statut de 1984: ainsi la charge de référence reste de 192 h eq. TD, c'est également le seuil de déclanchement des heures supplémentaires, rien n'a vraiment été décanté pour prendre en compte les formes d'activité pédagogique non présentielles... Et surtout la crispation a été telle que la possibilité de modulation des services sera probablement sous utilisée sur le terrain.
2) Il n'y aura pas de redynamisation de la recherche réussie et durable sans un rééquilibrage des modes de financement entre les financements sur projets montés par des équipes pour trois ans et le financement sur projet collectif destiné aux laboratoires et départements dans le cadre de la contractualisation. Or on n'en prend clairement pas le chemin, d'une part cette revendication est la grande oubliée du mouvement actuel et d'autre part l'affaiblissement dramatique et interminable du CNRS est en train de la priver d'un relai important...
3) Le renouvellement des générations universitaires laissait espérer l'espoir d'experimentations de ces concepts au niveau des PRES, notamment sur la diversification des parcours professionnels. Or ce dont j'ai l'impression c'est qu'au niveau des jeunes générations d'universitaires se produit une polarisation entre deux attitudes: d'un coté ceux qui se crispent dans la contestation et le refus de toute évolution, de l'autre ceux qui, sentant où est leur intérêt, se coulent dans un conformisme parfois habillé des vertus de la modernité et qui s'accompagne souvent d'une abscence de prise de recul. Je ne doute pas qu'il y ait beaucoup de monde partisan d'une autre voie mais on ne les entends pas beaucoup... combien faudra t'il de temps pour qu'on sorte de ces oppositions de postures ?
Tout cela crée des conditions assez peu favorables aux expérimentations de nouvelles pratiques professionnelles qui pourtant seraient bien utiles pour faire marcher la loi LRU et redynamiser sur le terrain l'enseignement et la recherche. Dans ces conditions, l'université et la recherche publique française se préparent des jours bien difficiles. On va sans doute me dire que je suis pessimiste mais cet épisode illustre une fois de plus que l'Histoire ne va pas toujours dans le sens du progrès.
J'entends ainsi souvent mes collègues parler de la catastrophe qui sévit depuis des années dans les universités italiennes, avec comme une once de compassion dans la voix, comme si entre les coins de notre bel héxagone, l'Histoire n'avancait que dans un seul sens tandis que d'autres pays étaient voués à la répétition Sysiphienne.
Ce qui s'est passé depuis plusieurs mois dans nos universités m'incline au contraire à penser que nous aussi rechignons parfois à rentrer pleinement dans l'Histoire (-: ... All this has happened before and it will happen again...
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