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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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29 octobre 2009

Pour l'égo, le fric et la gloriole...

Si la devise de l'Ecole Polytechnique était et reste encore "Pour la Patrie, les Sciences, la Gloire", celle du Sarkozysme c'est "Pour l'égo, le fric, la gloriole"... 

valise_billets

C'est ce qui m'est venu spontanément à l'esprit en découvrant la politique de primes concoctée par le ministère de la Recherche et qui vient d'être plus ou moins rendue publique. En ces périodes de déficits abyssaux, on y découvre les modalités de mise en oeuvre des primes d'excellence scientifique qui font frémir. Jugez plutôt:

Pour les titulaires de prix Nobel, médailles d’or du CNRS et autres lauréats de l’un d'un prix internaitonaux dont la liste aura été concotée par le minisètre, ils recevront dès fin 2009 une prime quelle que soit la date à laquelle ce prix a été décerné. Le montant annuel brut de cette prime serait égal à 25 000 € par an jusqu’à leur retraite par renouvellement tous les 4 ans. Oui oui vous avez bien lu: 25000 euros par an jusqu'à leur retraite même s'ils ne foutent plus rien!

Il faut quand même oser: à ma connaissance, aucun prix scientifique ne consiste en une rente à vie! Alors de quoi s'agit t'il ? D'une prime récompensant une distinction (et qui devrait donc rester ponctuelle) ou d'une "promotion salariale" qui de facto se ferait par la bande en dehors des mécanismes qui s'appliquent aux autres chercheurs ? 

Récompenser les talents oui, mais l'état d'esprit véhiculé par une telle mesure me parait aux antipodes des valeurs de désinteressement et de service public qui doivent être les notres... c'est même carrément détestable.

- Des primes allant jusqu'à 15000 euros annuels pour les lauréats de prix et distinctions un peu moins prestigieuses attribuée à priori pour 4 ans. C'est déjà plus raisonnable mais bon, loin d'être négligeable. Là aussi, je m'interroge sur le montant de la dépense: 60000 euros sur un seul individu c'est un an de masse salariale toutes charges incluses d'un chercheur confirmé. C'est de quoi financer deux ans d'une thèse de doctorat... Et il serait envisagé de rendre ces primes renouvelables dans certains cas!

Du coup me reviennent en tête les observation d'un ingénieur études que je connais à propos des primes Avenir de l'INSERM dont le montant est comparable:

"Ceux qui ont eu 1500 euros de plus par mois, on ne les a pas vu bosser ni publier deux fois plus. Par contre ils sont partis deux fois plus longtemps et deux fois plus loin en vacances."

- Enfin pour les autres, en particulier les chercheurs qui ont une participation active dans l'enseignement, des primes de 5000 euros brus annuels (mais pouvant aller jusqu'à 15000) attribuées pour 4 ans. 

Mais là c'est encore en cours de finalisation... le "petit peuple" peut attendre. On sait jusque que le dispositif sera à constante macabre, l'objectif étant de ne donner la prime qu'a moins de 20 % des personnels, et ce que que soit l'évolution de la qualité du travail effectué par les chercheurs. Etrange quand le dispositif est vendu comme un moyen de revaloriser les carrières...

Lors des Etats-Généraux de la Recherche en 2004, nous avions exploré l'option "primes" pour revaloriser les carrières et récompenser les réussites individuelles et même collectives. On en était arrivé à la conclusion que ca n'était pas la meilleure solution:

"Les primes voient leur effet incitatif contrebalancé par le risque de désinvestissement de ceux qui n’ont pas ou plus cette prime. Par ailleurs, l’existence de primes au mérite peut conduire les agents à orienter leur activité vers des formes qui leur permettront d’atteindre rapidement les critères d’attribution de celles-ci, au détriment parfois de l’engagement dans des projets de long terme, plus risqués."

Au plus les primes pouvaient servir pour apporter un complément de rémunération sur des fonctions spécifiques lorsque celles ci trouvent difficilement preneur... Pour récompenser les gens dans l'exercice de leur métier de base, nous avions proposé une modulation de la progression dans la carrière (avancement au choix) qui crée de la différentiation mais dans le cadre du dispositif de GRH commun à tous les agents:

"Il est proposé que ces primes soient progressivement remplacées par un mécanisme compensatoire permettant une modulation de la rémunération directement intégrée dans les salaires et mettant en jeu une accélération du franchissement d’échelons et des promotions, en cas d’évaluation favorable."

J'avais défendu cette position lors de mon audition par la commission Schwartz en 2008 en expliquant que dans le cadre d'une GRH, un tel mécanisme au choix permettrait de récompenser les talents de manière plus pertinente et plus large d'un système de primes. Un des points auquel on ne pense pas c'est qu'une fois qu'un dispositif de primes est mis en place, le supprimer ou même le faire évoluer est difficile au point que l'outil devient un facteur d'immobilisme. Au contraire, une GRH bien pensée à vocation à évoluer au cours du temps. Ainsi un système d'avancement au choix est finalement un outil plus souple et pragmatique s'il est bien pensé: il peut encourager des parcours professionnelles émergents liés à de nouveaux "métiers", récompenser des succès que l'on imaginait pas 10 ans auparavant. Mais visiblement l'idéologie l'a emportée sur le bon sens... 



 

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Commentaires
P
Je savais que tu mettrais un commentaire dès que j'en parlerais (-: Au fait, ton post que tu m'as promis y'a deux ans, il arrive quand ?
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A
ah tu vois que mon concept de guillotine Stark te plait aussi!
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P
La question du jour: D'après vous, est-ce qu'une guillotine Stark en alu coute plus cher qu'une douche présidentielle avec radio FM intégrée ?
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L
Et a coté de ca on va dire au petit peuple de se serrer la ceinture pour payer le déficit, d'ailleurs bien agrandi par les dépenses pharaoniques du nabot président en 6 mois de présidence de l'UE...<br /> <br /> J'en viens à regretter la Terreur...
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P
Il n'y a pas que le Nobel... mais une liste complète de distinctions qui est sur le document que j'ai référencé dans ce post... Et puis quand bien même, quand on est dans un pays où 1 euro d'argent public dépensé sur deux est emprunté, où le médian est à 1400 euros, est-ce vraiment raisonnable ?
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