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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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16 mai 2009

La société de la connaissance (1): une utopie de plus ?

Il y a quelques semaines, j'ai assisté à une réunion organisée par les jeunes du Modem à Lyon consacrée à la société de la connaissance (voir l'annonce). C'est FX qui m'a envoyé l'invitation et bon, vu le sujet et comme c'était à Lyon même, j'y suis allé. En fait c'était une table ronde avec comme intervenants les personnes suivantes:
  • Anne-Marie Comparini, ancienne présidente de la région Rhône-Alpes et maintenant consultante européenne
  • Pierre Caillet, expert en capitalisation des connaissances et de l’immatériel, fondateur de l’entrprise innovante Ginkyo management.
  • François-Xavier Pénicaud, co-animateur de la commission national MoDem “enseignement sup., recherche, innovation”, et spécialiste en ingénierie pédagogique et sciences de la cognition.
  • Céline Bos, docteur & enseignante d’économie et de gestion à l’Université de Savoie, experte en management de l’innovation et de la créativité.
En fait, je ne vais pas détailler dans ce post tout ce qui s'est dit d'intéressant. Je vais plutôt parler d'un truc qui m'a fait tilt. En fait, durant les exposés et dans les réponses aux question du public, j'ai senti qu'il se dégageait de tout cela une vision assez idéalisée de la société de la connaissance. Céline Bos l'a d'ailleurs dit: pour elle, c'est une forme d'utopie, pas forcément réalisable mais qui peut nous inspirer. Finalement, comme l'a fait remarquer Anne-Marie Comparini et comme l'a décrit Attali dans "Une brève histoire de l'avenir", le paradigme de la société de la connaissance ne date pas d'hier: ce qui nous est vendu aujourd'hui s'est déjà produit par le passé. Mais la différence c'est que les vagues successives d'inovation qui se se produites par le passé n'ont pas buté sur les contraintes environnementales. Lorsque l'on a inventé la machine à vapeur, le monde était encore "infini" y compris pour l'Empire Britannique et même pour toutes les puissances européennes. C'était encore plus vrai lors des ruptures antérieures comme l'imprimerie. Et du coup, à chaque fois qu'un pays ou un ensemble de pays a réalisé une percée conceptuelle ou technologique, il a pu pleinement en tirer parti. Mais pour la première fois dans notre Histoire, cela n'est plus vrai. Or, comme l'explique très bien Jean-Marc Jancovici, le déploiement de la société de la connaissance n'est pas forcément synonyme d'empreinte écologique réduite. Ainsi, il faut plusieurs centaines de kilos équivalent carbonne pour fabriquer un ordinateur. De même, les mêtres carrés de bureaux emblématiques d'une société tertiarisée consomment de l'énergie en chauffage, en éclairage et climatisation. Les datacenter de Google sont construits à coté d'une centrale électrique pour alimenter les serveurs et systèmes de refroidissement (pour en savoir plus)... Bref, un certain nombre des éléments de la société de la connaissance qu'on nous vend ont en fait une empreinte écologique loin d'être négligable:voir l'article récent posant la question de l'impact de nos gadgets sur le réchauffement climatique. D'où la question que j'ai naivement posée aux intervenants: "Comment est ce que la finitude des ressources naturelles et en particulier la raréfaction de l'énergie bon marché vont impacter sur les métiers de la société de la connaissance ?" Alors, avant que je décrive les réponses des intervenants, qu'en pensez vous ?
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Commentaires
P
C'est en plus détaillé ce que j'ai en fait explicité lors de la réunion: la société de la connaissance telle qu'on la conçoit aujourd'hui est encore une société de l'hyper consommation et buttera donc elle aussi sur le problème de la finitude des ressources naturelles.<br /> <br /> Du coup, ces contraintes environnementales vont peser lourdement dessus, et donc forcément invalider la représentation qu'on s'en fait aujourd'hui. Ma question visait donc à connaitre le sentiment et l'intuition des intervenants sur ce point... Je détaillerai d'ailleurs leurs réponses dans un prochain post.<br /> <br /> Sinon je suis d'accord qu'un des arguments de vente de la société de la connaissance en occident vise à prolonger des positions dominantes dans la compétition économique...
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N
Une partie non négligeable des défenseurs de la société de la connaissance font à mon avis une triple erreur. <br /> <br /> Le coup nul ou négligeable de la duplication des biens produits est le changement majeur par rapport à la société industrielle. Grâce aux moyens de communication modernes, je peux partager mon savoir avec l´ensemble de la planète en quelques clics sans en être dépossédé. Sauf qu´il est alors difficile d´appliquer les modèles économiques standards où le coût est lié à la duplication matérielle. C´est en particulier la perception du coût par le consommateur qui oublie souvent les coûts liés par exemple à la R&D ou au marketing même dans les produits matériels. Pour les conséquences de cette difficulté, il suffit de faire un tour du côté d´HADOPI qui est un exemple criant de cette difficulté.<br /> <br /> La seconde erreur concerne le côté très énergivore de cette société. Encore une fois, ces dépenses énergétiques sont importantes mais indirectes et donc non perceptibles par les producteurs et les consommateurs. La taxation de l´empreinte écologique en lieu et place de la taxation sur le travail permet de résoudre ce problème. Pour autant cette taxe sera toujours confrontée à l´apparente gratuité des biens produits que je soulevais précédemment.<br /> <br /> La dernière erreur repose sur le fait que la société de la connaissance est en fait une société hyper-industrielle par sa consommation de biens matériels. Cette société est donc fortement limitée par les ressources naturelles. L´autre point un peu plus nauséabond est lié à une grande partie du discours occidental sur la société de la connaissance, qui repose sur le postulat suivant : il suppose implicitement la coexistence de deux sociétés séparées géographiquement, une de la connaissance en occident et et une industrielle ailleurs. Cette distinction, en plus d´être méprisante, sous-estime complètement la capacité de pays comme la Chine, de se doter de sa propre société de la connaissance.
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