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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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8 janvier 2011

Indignons nous!

Récemment, un de mes amis distingué universitaire m'a confié qu'il avait été invité aux voeux du président de la République au monde de la culture et de la recherche. Je n'ai pas eu cet honneur mais si je l'avais eu, comme je l'ai expliqué sur Facebook, je n'y aurais pas été. J'aurais même décliné publiquement l'invitation.

Pour quelle raison ? Beaucoup en fait et j'aurais sans doute du passer quelques heures pour exprimer ma pensée avec clarté. Ceci dit, pile poil le jour de mon anniversaire, le président de la Cour de Cassation a prononcé un discours dans lequel il dénonce justement quelques unes des dérives impardonables de l'actuel gouvernement et donc, in fine, de l'actuel président.

On peut en effet diverger sur des choix de politiques: comme le dit Attali, un projet libéral n'est pas plus illégitime dans une démocratie qu'un projet social démocrate ou écolo. En revanche, toucher aux équilibres fondamentaux qui garantissent le bon fonctionnement de la démocratie c'est une autre histoire. Parmis ceux là, la séparation des pouvoirs est un des plus importants.

Alors, pour ceux et celles qui n'ont pas le temps de lire l'intégralité du discours, je vous recopie le passage où le magistrat s'inquiète du dénigrement dont fait l'objet en ce moment notre Justice de la part de ceux et celles qui nous gouvernent:

"Mais s’il n’est pas récent, le phénomène ne laisse pas d’inquiéter quand, à cette institution fondamentale de la République et de la démocratie, les coups sont portés par ceux qui sont précisément en charge de la faire respecter. A cela, je dis qu’il faut très sérieusement prendre garde. 

 

Afficher pour la justice une forme de mépris, inspirer à l’opinion des sentiments bas en instillant, de manière en réalité extravagante, la confusion entre la responsabilité du criminel et celle du juge dont on dénigre la décision, inscrire au débit des cours et tribunaux l’altération du lien social compromis pour une multitude de raisons qui leur sont étrangères, tout cela avilit l’institution et, en définitive, blesse la République. 

 

Le propre de la justice est de fixer les repères qui nous viennent de la loi, pour donner force et contenu au pacte social d’une société moderne et démocratique, c’est-à-dire d’un Etat de droit. La délinquance appelle la répression, c’est entendu et le mot ne doit pas faire peur, mais où sont les repères quand celui qui rappelle que l’accusé a des droits encourt le reproche d’avoir choisi le camp des assassins contre les victimes ? Où sont-ils ces repères quand est niée la présomption d’innocence, principe pourtant fondateur de tout dispositif pénal, au même titre que la légalité des délits et des peines ou la non rétroactivité de la loi pénale ?  

 

La police judiciaire est un élément majeur du dispositif assurant paix et sécurité à nos concitoyens. Ses membres, policiers et gendarmes, méritent respect et encouragements pour le travail qu’ils accomplissent dans des conditions très difficiles, trop souvent au risque de leur vie. Cette police, nous dit la loi républicaine, est dirigée par les magistrats. Mais au nom de quoi, par quelles dérives,  certains de ses représentants se permettent-ils alors d’en appeler à l’opinion contre ces mêmes magistrats quand ils prennent une décision qui leur déplaît ? Et le scandale n’est-il pas encore plus grand quand ces protestations politico-corporatistes sont relayées au plus haut niveau, au mépris du fondamental principe de séparation des pouvoirs. Prenons garde, prenons garde à 

l’instrumentalisation de la justice!

Alors oui, rien que pour cela mais aussi pour beaucoup d'autres raisons, j'aurais décliné l'invitation.

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