No future: chronique d'une crise intergénérationnelle annoncée... (1/3))

Depuis quelques jours, la France a les yeux braqués sur le mystère de la suite 2806 du Sofitel New York... Mais pendant ce temps là, l'eau continue de couler sous les ponts et la planète de tourner... Et accessoirement les vraies conséquences de la chute de DSK ne seront pas au niveau de la politique française mais bien au delà.

Pourtant, pas si loin de chez nous, les derniers mois ont été riches d'enseignements historiques... L'arc méditerrannéen est particulièrement chaud en ce moment: depuis l'Egypte jusqu'à l'Espagne, c'est toute une panoplies de tendances possibles qui s'étale sous nos yeux. Tous les pays du pourtour Méditerranéen, y compris le notre, ont en effet un dénominateur commun: un manque de perspectives pour les jeunes.

Dans certains cas, le phénomène est amplifié par une pyramide des ages comportant une forte proportion de jeunes: c'est le cas en Algérie, à Gaza évidemment mais aussi dans une moindre mesure en Tunisie. Mais le problème existe aussi dans des pays qui ont largement passé la transition démographique comme l'Italie, l'Espagne, la Grèce et dans une moindre mesure la France. 

Dans un certain nombre de cas, des éléments similaires sont retrouvés: l'effort d'instruction via les écoles et les développement de l'enseignement supérieur (comme en Tunisie par exemple) engendre des nouvelles générations bien plus éduquées que celle de leurs parents mais les débouchés économiques ne sont pas là... Ceci engendre la frustration et débouche sur des mouvements de protestation. C'est ce qui s'est produit au Maghreb, en particulier en Tunisie, mais c'est aussi ce qui se passe en Grèce depuis plusieurs années ou depuis quelques semaines en Espagne. En France et en Italie, pour le moment les scénarii sont différents: émeutes spéctaculaires mais sporadiques en France, rien en Italie si ce n'est un exode massif des plus diplomés.

Pour mieux analyser ce phénomène et comprendre pourquoi finalement ce qui se passe est assez logique, il faut tout d'abord brosser un tableau comparatif de la situation de ces différents pays. C'est ce que j'essayerai de faire dans de prochains posts...

Stay tuned...

Quizz: Quel rapport entre cette image et le sujet de ce post ?

Comments

[benoitb]

@P : ce n'étais pas du tout mon but ! Depuis le temps que l'on se connait, je me doute bien que tu auras sur ce sujet aussi des éléments d'analyse personnels et intéressants non lus ailleurs (c'est pourquoi je te lis toujours assidument ;-)).

Mon but était comme souvent de signaler aux lecteurs de ce blog des lectures complémentaires intéressantes, en l'occurrence les deux bouquins de Todd (et en particulier "Après la démocratie", remarquable), qui fournissent des éléments permettant de comprendre ce qui se passe et ce qui va se passer dans cette décennie et la suivante.

Et, dans mon second com., de fournir mon petit point de vue initial sur la question (qui ne demande qu'à évoluer), qui sera vraisemblablement comme toujours proche du tient mais un cran plus "révolutionnaire" ;-)

[P.]

Benoit, c'est effectivement une partie des idées que je compte mettre en avant mais.... j'ai d'autres éléments et des informations complémentaires.

Donc tu n'as pas réussi à me couper l'herbe sous le pied lol...

[P.]

Merci Nicolas, ca fait plaisir de voir que y'en a qui ont encore un peu de culture 70s... lol

[benoitb]

La différence entre les pays d'orient et chez nous : eux font sous nos yeux leur transition démocratique, tandis que chez nous cela a commencé il y a + de 2 siècles (et même 3 si on remonte non pas à la révolution française, mais à Cromwell). La transition qui se produit chez nous, c'est la transition post-démocratique : à savoir un glissement de régimes démocratiques à une nouvelle forme oligarchie. Pendant que les pays arabes tentent de se débarrasser de leur oligarchie au pouvoir, les peuples occidentaux tentent de résister à l'affermissement du pouvoir d'une nouvelle chez eux.

Le point commun, c'est que dans les deux cas (pays arabes et occident) les oligarchies sont du même type. Ce sont des oligarchies de type "cartel", concentrant l'essentiel des pouvoirs et richesses, avec à la tête du pouvoir politique officiel un "prince" dont le seul but est de défendre et étendre les intérêts du cartel.

Appliquez cette vision à : Ben Ali, Moubarak, ... mais aussi Sarkozy (relisez "Abus de pouvoir" de Bayrou par exemple) ou Obama...

[benoitb]

Pour comprendre les différences entre les révolutions dans le monde arabe et les révoltes qui commencent à naître en occident :

http://www.lepublieur.com/evement/livreOT/OT.html

...ce petit livre se lit d'une traite, mais ensuite il est très intéressant de lire le bouquin précédent, où le modèle et les analyses (en particulier appliquées à l'occident...) sont présentées en détail :

http://www.amazon.fr/Après-démocratie-Emmanuel-Todd/dp/2070786838