Towards a lost decade ?
Bon finalement l'actualité aura été plus rapide que moi...
Devant la crise de confiance devant les finances publiques grèques, et la menace d'un nouveau blocage du secteur bancaire par un mécanisme de perte de confiance entre banques (comme après la faillite de Lehman Brothers), ils n'avaient pas tellement de choix. Donc ils ont sorti les grands classiques à savoir le rachat de dette publique par la BCE sur le marché primaire, ce qui introduit de facto un mécanisme de solidarité entre tous les pays de la zone Euro.
Cela a eu un effet transitoire mais assez vite la situation s'est tendue de nouveau. On a vu les spreads sur les dettes Grèques, Portugaises et Espagnoles remonter. L'Espagne a vu sa note dégradée ce qui n'a pas manqué d'enclencher une course à la rigueur pour rassurer les marchés. Du coup, la situation se tend car les différents acteurs du système réalisent que le risque est en augmentation:
- Risque de défaut des états: mauvais pour les investisseurs institutionnels qui investissent des sommes considérables en obligations d'Etat.
- Risque de récession économique allumée par les plans de rigueurs européens: moins de commandes publics et hausses des taxes forment un coktail explosif sur la demande et donc sur la santé des entreprises. On se souvient de ce qui a suivi la hausse de 2 points de TVA décidée par Alain Juppé fin 1995: c'était le tournant de la rigueur chiraquien qui nous fit passer de "la France pour tous" à la récession pour tous...
- Risque de crise de liquidités: de nouveau, les banques n'ont plus confiance. Pas très sures de la solidité des autres, elles préfèrent placer leurs liquidités en pension auprès de la BCE plutôt que les préter à d'autres banques.
La période actuelle est donc assez risquée... Le danger le plus apparent, c'est la crise de la dette publique européenne. Mais cela n'est pas le seul problème car sur la liste des pays à problèmes, il y a deux gros poissons qui commencent à sentir le pourri: l'Angleterre et les Etats Unis.
Je détaillerai le problème dans un prochain post mais en gros, ces Etats comme tous ceux qui ont massivement injecté de l'argent dans des plans de relances vont avoir un besoin de refinancer leur dette considérable d'ici la fin 2010.
Or il n'y a rien de plus désagréable qu'une période où il y a plus de besoins d'emprunts que d'argent à préter! Ca entraine forcément une concurrence pour attirer les préteurs et donc une hausse des taux. Et ça c'est parfait pour mettre l'investissement en panne et amplifier la récession, et donc les déficits...
Bref, notre avenir pourrait être une longue et triste marche vers une sobriété subie... En termes plus techniques, une longue spirale déflationliste... C'est aussi le destin que connait le Japon qui, à peine sorti de la décénie perdue replonge de nouveau dans un cycle dépressif. Et c'est l'hypothèse qui inquiète Paul Krugman:
"But don’t we need to worry about government debt? Yes — but slashing spending while the economy is still deeply depressed is both an extremely costly and quite ineffective way to reduce future debt. Costly, because it depresses the economy further; ineffective, because by depressing the economy, fiscal contraction now reduces tax receipts. A rough estimate right now is that cutting spending by 1 percent of GDP raises the unemployment rate by .75 percent compared with what it would otherwise be, yet reduces future debt by less than 0.5 percent of GDP."
Mais un autre scénario, bien moins rassurant est possible... à suivre.