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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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21 août 2010

Des Médailles Fields à l'art de l'ingénieur...

Avec l'annonce de deux nouvelles médailles Fields françaises, la science fait de nouveau la une des journaux. En tous cas, l'obtention de ces prix fait plaisir: Cédric Villiani qui est à l'ENS de Lyon fait partie de ces mathématiciens qui s'intéressent à la physique et c'est positif de voir quelqu'un à l'esprit ouvert ainsi récompensé.

Au delà des cocoricos et autres hourras qui ne vont pas manquer d'envahir les journaux et les couloirs de mon labo, c'est l'édito du Monde d'hier qui m'inspire une réflexion et en particulier la phrase suivante:

"Si les mathématiques constituent le socle ou la boîte à outils de bien d'autres disciplines scientifiques, elles ne sont pas toute la science française. Portée au pinacle à Hyderabad, la France était, il y a quelques jours encore, humiliée par le classement de Shanghaï, où sa première université, Paris-VI, n'apparaît qu'en 39e position. Cette évaluation des meilleures universités de recherche dans le monde est certes sujette à caution ; elle n'en pointe pas moins un problème de visibilité que le système de recherche français n'a pas encore résolu."

J'avoue que je suis profondément en accord avec la première phrase... En revanche un peu moins avec les deux autres: tout ramener aux classements et à un problème de visibilité me parait à coté de la plaque. Je crois que les forces et faiblesses de la recherche en France sont avant tout le reflet de notre système éducatif et de nos traditions intellectuelles. Nous excellons en mathématiques car notre système scolaire y prépare très bien et nous avons plus de mal dans les sciences naturelles ou expérimentales (physique, biologie, etc) du fait de notre formation, sans doute trop "scolaire", et aussi car elles nécessitent à mon avis un contact avec des "préoccupations" technologiques qui ne sont pas dans notre tradition intellectuelle. 

Mais les choses peuvent changer. Dans mon domaine de recherche, la France a considérablement amélioré son positionnement en l'espace d'une dizaine d'années. A la fin du siècle dernier, quelques groupes français étient certes bien positionnés au niveau international mais l'Allemagne, les Pays-Bas et les Etats-Unis dominaient le sujet. C'est nettement moins vrai aujourd'hui on peut plus parler d'un quatuor que d'un trio.

Bien sur des éléments structurels ont joué comme le GDR de Physique mésoscopique dont j'ai déjà parlé. Mais un autre élément important est l'émergence d'une nouvelle génération de physiciens comportant à la fois des expérimentateurs sensibles aux idées des théoriciens et des théoriciens intéressés par une dialogue direct avec les expérimentateurs.

Comme je l'ai mentionné lors de mon exposé à Hanoi, l'émergence de nouveaux champs d'étude (en l'occurence l'optique quantique électronique) est due à trois éléments: le progrès technologique qui permet de faire des choses infaisables avant au niveau expérimental, de nouvelles idées expérimentales ou théoriques et le talent des expérimentateurs. En mettant cela dans mon exposé, je voulais initialement faire de la pub aux équipes expérimentales dans le sujet mais en fait c'est bien plus profond que ça. Je crois vraiment que dans beaucoup de domaines des sciences naturelles, ces trois élements sont nécessaires au progrès. La recette du succès tient en grande partie à la capacité qu'à la communauté scientifique à faire dialoguer des gens aux intérêts complémentaires au sein de cette triade.

Alors pour en revenir au congrès international de mathématiques de 2010, n'oublions pas le prix Gauss décerné à Yves Meyer pour le développement de la théorie des ondelettes qui a introduit la possibilité de travailler simultanément en temps et en fréquence dans le traitement du signal. Cet outil pour le traitement du signal a eu de nombreuses applications notamment en traitement des images (compression, reconnaissance des formes, intégration de marqueurs - "watermarking") mais aussi dans des domaines très éloignés comme par exemple en biologie (analyse des séquences ADN) ou dans l'étude de la turbulence. Pour en savoir plus, le mieux c'est encore d'aller voir la conférence d'Yves Meyer à l'Université de Tous les Savoirs... 

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Commentaires
P
D'après sa notice, il est directeur de l'HIP et professeur à l'ENS de Lyon. Je soupconne que directeur de l'IHP est une fonction (et non un poste)... Maintenant j'imagine qu'il doit avoir une décharge d'enseignement (déjà via l'IUF) et que cette fonction va nécessiter des séjours à Paris d'où peut être une vie plus "délocalisée"...
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B
Villani est à l'IHP, plus à l'ens... :p
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