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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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30 juin 2011

Fatal error d'Europe Ecologie: l'écologie de combat ou le choix du sectarisme...

Avec le score d'Eva Joly à la primaire d'Europe Ecologie - Les Verts, c'est peut être la fête chez les militants Verts canal historique mais pour la cause écologique, c'est en fait une bien mauvaise nouvelle.

Certes, avec Eva Joly, les totems du mouvement écologique (opposition au nucléaire et ancrage à gauche toute) seront respectés. Certes, c'est une candidate qui dont l'intégrité morale tranchera spéctaculairement avec les penchants oligarchico blingbling de l'actuel président. Sur le terrain du droit, on ne peut pas lui nier une grande expérience et des qualités de ténacité certaines. 

Mais justement, le problème c'est qu'elle n'est que cela: une juriste qui veut faire de la politique.

Or catalyser une mutation en profondeur de nos sociétés pour faire face à la crise énérgétique et climatique n'est pas un problème de droit ni même un simple problème de volonté politique.

En premier lieu, il faut bien comprendre qu'il n'y a pas de solution miracle comme je l'ai expliqué dans ma série de posts sur l'énergie. Eva Joly possède t'elle le bagage scientifique ou l'expérience que procure une longue observation des sociétés humaines et de la nature pour avoir pleinement conscience du problème: je n'en suis pas si sur... Je pense en fait qu'Eva Joly est une authentique candidate de gauche attachée à des principes de justice et d'égalité forts, qui veut faire avancer ces causes par la volonté politique et qui a trouvé chez les Verts une caisse de résonance à ses aspirations. Mais je ne suis pas convaincu qu'elle ait accompli le pas intellectuel de concevoir pleinement que c'est la limitation des ressources physique qui va conditionner notre avenir sur le moyen et le long terme...

Je pense que Nicolas Hulot, malgrés son coté Ushuaia-ce-soir-sur-TF1, a plus conscience de la gravité de la situation ayant eu l'occasion d'observer depuis près de 25 ans la mutation majeure qui s'est produit sur la planète sous l'effet de l'exploitation des énergies fossiles. Je pense donc qu'il est conscient que ce sont ces forces là qui vont déterminer l'avenir des sociétés humaines et que la volonté politique permettra, si tout se passe bien, d'échapper à une catastrophe de civilisation mais surement pas d'inverser les tendances lourdes dictées par les lois de la Nature. Il suffit pour s'en persuader de relire le pacte écologique de 2007: "L’avenir de la planète et de ses habitants dépend désormais de nous : ou bien nous décidons d’entreprendre sérieusement le changement auquel la réalité nous contraint, ou bien nous subissons ces chocs de plein fouet sans pouvoir les maîtriser progressivement."

Au delà de cette différence déjà fondamentale s'en dessine une autre... Un certain nombre d'études (dont j'ai plus ou moins parlé sur ce blog) soulignent que le principal défi politique dans la mutation des sociétés vers la sobriété heureuse c'est précisément que la sobriété est précisément percue comme antinomique à l'adjectif "heureuse"... On sent chez Eva Joly une forme de jouissance ascétique à l'idée de transition collective vers un autre mode de vie qui, ça me fait de la peine d'écrire cela, me rappelle les apologies de la privation et de la contrition de bien des religions.

On sait comment ça a tourné pour les religions: il y a toujours un clérgé qui a continué à se baffrer pendant que les croyants et ceux qui ont la foi (les "purs et durs") se privent et in fine, ça n'a pas sorti l'humanité de sa vallée de larmes... Je crains donc qu'il n'en soit de même pour l'écologie de combat dont certains des dangers ont d'ailleurs été dénoncés fort justement par mon ami Sami dans un post invité sur ce même blog.

Au contraire, Hulot me semble avoir mis le doigt sur un point important en parlant d'écologie heureuse: je suis convaincu que la transition vers une société plus sobre ne pourra se faire que si elle est perçue comme une opportunité de progrès dans la qualité de vie et dans le bohneur. C'est ce que disent des gens comme Patrick Viveret (voir un post où j'ai parlé d'un de ces articles sur le sujet) ou Pierre Rabhi (allez voir son blog) mais aussi Edgar Morin et aussi des scientifiques qui ont travaillé sur les neurosciences: l'homme est cablé pour réagir au danger immédiat et est motivé par la recherche du plaisir. La crise énergétique et climatique étant un danger difficilement appréhendable quand il est encore temps pour y remédier, il faut donc jouer sur la corde du plaisir comme je l'ai déjà expliqué.

Bref, vous l'aurez compris: je suis convaincu que les militants d'EELV viennent collectivement de faire une grosse connerie

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Commentaires
S
Petite rectification: un étiage est forcément très bas, puisqu'il s'agit du niveau minimal de quelquechose;-)
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P
Commentaire plus terre à terre: bravo pour l'expression "pastèques" car effectivement, c'est bien trouvé. Effectivement il a eu une forme de contamination du parti écolo par une forme de nostalgie de l'encadrement gauchiste. <br /> <br /> La nouveauté d'Eva Joly c'est l'alliance avec une sorte de rigorisme protestant expiatoire (haine de l'Homme coupable d'être capable d'avoir un impact au sein la Nature ?) que l'on retrouve même dans certains des termes qu'elle emploi (elle parle de "mission"). Bref c'est l'écologie de pénitence... <br /> <br /> Je partage donc vos analyse: elle fera un étiage très bas... Peut être pas 1% mais j'ai l'intuition qu'elle pourrait bien être plus bas que Mélanchon si celui ci fait une bonne campagne...
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P
Juste un commentaire sous forme de question philosophique sur le dernier commentaire: et si l'hypothèse de la "Terre rare" (Rare Earth, P. Ward & D. Brownlee) était vraie, est ce que cela ne changerait pas quelque chose ?
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S
Je suis tout à fait d'accord. Comme me le disait un éminent collègue, la planète n'a d'intérêt que parce que nous y habitons. Dans l'absolu, on s'en fout complètement: à l'échelle de l'univers nous ne sommes qu'un épiphénomène.
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T
Tout est dit. Il y a chez certains écologistes comme chez certains facistes et communistes une forme de haine de l'homme. Certains ne verraient pas d'un si mauvais oeil l'extermination de l'humanité pour sauver les petites bêtes. <br /> C'est une connerie. La vie n'a pas besoin de nous pour continuer et nous aurions beaucoup de mal à la mettre en danger. En revanche, nous sommes tout à fait capable de nous mettre sérieusement en danger en tant qu'espèce.
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