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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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17 novembre 2011

L'exponentielle, cette inconnue si familière... (suite)

Hier, quand je suis passé dans le bureau des doctorants pas très loin du mien, j'en ai vu un avec des écouteurs sur les oreilles en train d'écouter le cours de Alfred Bartlett sur "Arithmetic, Population, and Energy"... Un des épisodes c'est la vidéo numéro trois où il explique une des caractéristiques les moins bien comprises des croissances exponentielles... 

Ainsi un des trucs que l'on lit le plus dans la presse, c'est qu'une société stable et prospère est une société avec de la croissance. Ne riez pas, en filigrane c'est ce que la presse économique rabache à longueur de temps et c'est le message distillé par nos dirigeants politiques à longueur de temps.

Ne pensez pas non plus qu'il n'y a que des gens stupides et incultes pour croire cela: en 1981, mon prof de français, un homme d'une culture et d'une intelligence remarquable, s'était étonné que des gens aient fait l'apologie d'une croissance zéro. A l'époque, nous sortions à peine du second choc pétrolier, la France découvrait l'installation d'un chomage massif dans la durée... Evidemment qu'il fallait de la croissance. Qui aurait remis cela en cause ? D'ailleurs, le président récemment élu faisait une politique de relance à l'époque. Mais rétrospectivement, cette apologie de la croissance zéro était probablement la (pas très bonne) traduction du rapport Meadows du Club de Rome: "Halte à la croissance ?"... A moins que ses propos n'aient été qu'un écho de "Croissance zéro ?" d'Alfred Sauvy...

Quoi qu'il en soit on sait maintenant qu'un certain nombre des problémes soulignés dans le Club de Rome sont bien rééls: allez faire un tour à Lagos pour voir les bienfaits d'une vigoureuse croissance exponentielle d'une grande ville africaine... Et regardez la courbe de production des hydrocarbures liquide: les exponentielles ne montent pas jusqu'au ciel. 

Ce qui est amusant, c'est qu'en 1981, on a justement cassé une exponentielle: après deux chocs pétroliers dans la tronche, les pays développés (et en particulier le notre) ont réussi à diminuer leur consommation d'hydrocarbures en faisant des économies d'énergie: c'était le temps de la chasse au gaspi, des petites voitures et de la montée en puissance du parc nucléaire... Pendant un temps, j'ai pensé qu'on tenait le bon bout.

Mais pour continuer à croitre, il fallait faire augmenter la productivité... alors on a trouvé un truc: délocaliser la production matérielle en Chine et dans d'autres pays en voie de développement pour diminuer les couts et donc augmenter la productivité (le bénéfice par objet) des intermédiaires de sorte que les pays riches continueraient à croitre en passant sur une économie de service et de vente... 

C'est comme dans la vidéo de Bartlett: sur le plan économique, nous étions comme les bactéries qui venions juste de découvrir une bouteille supplémentaire. La différence, c'est que nous étions des bactéries intelligentes conscientes de nos actes: nous pensions qu'en déversant un peu de nutriment dans cette autre bouteille pour y catalyser une vigoureuse croissance exponentielle, nous ferions un truc bien en aidant les bactéries d'a coté à sortir de la famine! Ouaaahhhh..... nous vivions une époque formidable: la Mondialisation Heureuse était en marche.

Malheureusement les choses ont tourné moins bien que prévu. La seconde bouteille est en train de se remplir comme dicté par les lois de l'exponentielles avec un temps de doublement de 7 ans (70/10=7) et nous avons passé le pic pétrolier (ou nous sommes en train de le passer). Mais bon, entre temps, on a déployé l'internet et grace à cela, nous pouvons être des bactéries un peu moins stupides en regardant, par exemple, la vidéo numéro 6 du professeur Bartlett:

  

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Commentaires
P
Ben je pense que la vérité n'est ni dans la défense de la croissance sans se poser de question ni dans l'apologie d'une décroissance de bisounours....<br /> <br /> Il faut continuer à croitre sur certains plans (par exemple accès à l'électricité dans un certain nombre de pays, accès au soins dans nos pays, au logement de qualité etc)... Mais il faut décroitre sur d'autres plans: moins de gaspillage, plus de durabilité des biens (moins d'obsolescence programmée), moins de viande dans l'alimentation etc etc etc...
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P
Je me range dans le camp de ton prof de français.<br /> En ce moment on fait une expérience en grandeur réelle de la croissance zéro, voire de la récession (de la décroissance ?). On peut effectivement constater que les troubles sociaux se multiplient dans les pays les plus touchés, et que les mouvements extrémistes gagnent du terrain.<br /> <br /> Un effet de la crise actuelle sera de décrédibiliser les théories de la "décroissance heureuse". Ce discours est d'ailleurs complètement inaudible dans la campagne <br /> présidentielle.
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