1 février 2009
La révolution est faite: vive la révolution...
En ces temps d'ébullition dans le monde de l'enseignement supérieur et de la recherche, je n'oublie pas de continuer la série de posts que j'ai commencé sur la révolution en train de s'opérer dans notre écosystème professionnel.
Comme le souligne Jean-François Méla dans son blog, l'objectif de ce "nouveau management public" de la recherche et de l'enseignement supérieur est clair: il s'agit de mettre en place un financement budgétaire des universités et des effectifs de recherche fondé sur la performance, d’augmentation progressive de la part de financement sur projet de la recherche, de financement effectif des unités de recherche sur leurs performances, y compris pour le financement récurrent (Conseil des politiques publiques du 11 juin 2008).
Le problème c'est que ces nouveaux modes d'organisation induisent des comportements d'autoprotection chez ceux qui les subissent. Et en l'occurence, la meilleure protection vis à vis de l’entrepriseinstitution, c'est la prise de distance décrite par Gilles Martin dans une note récente de Zone Franche. Du coup, comme dans les entreprises, on prend le risque d'engendrer une génération de sceptiques dont la réussite dans la vie ne passera désormais plus par l’accomplissement professionnel. Sur des métiers comme les notres, les conséquences peuvent être désastreuses.
En premier lieu dans notre mission pédagogique: comment valoriser la connaissance et le progrès scientifique dans la société si ceux et celles qui sont chargés de le diffuser le font sans enthousiasme ? Depuis des années, on s'inquiète de la désaffection des études scientifiques en y cherchant de multiples causes, souvent exogènes à l'université. Ceci dit les universitaires ne sont t'ils pas aussi parmis les premiers responsables de cette évolution ?
Enfin en matière de recherche, les ravages seront sans aucun doute au rendez vous. En alignant ses méthodes de management et ses conditions de travail avec ce qu'on ne trouve pas de meilleur dans les entreprises (voire ce qu'on y trouve de pire), le monde de la recherche se prive d'un avantage concurrentiel important. Du coup, les différences entre écosystèmes s'estompant, les personnes les plus dynamiques et les plus créatives choisiront le territoire le plus vaste pour y développer leurs talents. Et bien sur, ce ne sera pas le monde académique qui n'offre pas autant d'opportunités de rebond que le vaste monde socio-économique...
Nous récupèrerons donc des gens moins dynamiques, de plus en plus conformistes et donc finalement moins créatifs qui, comme disait dans le temps un de mes amis de la Guilde des Doctorants, sont entrés à cause de la lumière et du chauffage. Les parcours professionnels dans l'enseignement supérieur et la recherche se standardiseront de plus en plus, enfermant les individus dans une hyperspécialisation scientifique de plus en plus poussée et diminuant d'autant la créativité collective.
Le bilan final d'une telle politique est tristement prévisible: on aura embauché du monde, avec des salaires fortement différentiés ce qui coutera plus cher globalement et le tout pour un output inférieur.
A suivre...
Publicité
Commentaires
P
E