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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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30 mars 2010

Prométhée schizophrène ?

Ce week-end un papier intéressant dans Le Monde intitulé "Les orphelins du progrès" et qui s'intéresse à une tribu bien particulière: les néopositivistes... Kezaco ? Une vaste nébuleuse aux contours indéfinis qui s'inquiète que l'on s'interroge sur le progrès et que l'on puisse éventuellement discuter de la finitude de notre planète. 

Là où le papier est vraiment intéressant, ce n'est pas dans le catalogue d'exemples divers et variés incluant certains de nos jurassiques climatosceptiques nationaux, mais dans la recherche des racines de cette opposition, ce quasi schisme qui est en train de naitre dans la communauté scientifique. Car il ne s'agit pas de combat contre les pseudosciences mais d'une ligne de fracture entre deux générations de scientifiques: d'un coté ceux qui croient que l'ingéniosité humaine apportera des solutions à tous les problèmes que nous rencontrons; de l'autre, ceux qui envisage que la solution ne réside non pas dans la technologie mais aussi dans des changements de comportements. Et bien sur, les oppositions se cristallisent autour des questions tournant autour de l'environnement et de son impact sur notre modèle de développement.

Ceci dit, on n'en n'est plus à l'oposition entre ingénieurs sérieux et baba cools utopistes. Comme le dit l'auteur, la vraie rupture c'est que "Ce sont les enfants du rationalisme scientifique eux-mêmes qui désormais alertent sur la crise environnementale". S'agit t'il d'un schisme générationnel entre les enfants de la révolution industrielle et ceux de la crise économique, entre ceux qui ont grandi pendant les 30 Glorieuses et ceux qui buvaient leur biberon sous le nuage de Tchernobyl ? Peut être... Mais peut être est-ce plus profond. 

Dans nos sociétés occidentales s'est construit une philosophie du progrès qui décrit notre histoire comme une avancée vers plus de liberté et de mobilité au moyen de la technologie. Cette quête du "nomadisme" comme dirait Attali se trouve remise en question par la finitude des ressources et de notre espace de vie, à savoir la biosphère. Là où nos ancètres arpentaient de grands espaces qui leurs inspiraient des mythologies, la Science qui était censée nous ouvrir de nouveaux horizons lointains nous délivre maintenant un message ambigu, moins rassurant et surtout moins prometteur de lendemains qui chantent. 

Mais somme toute tout cela n'est pas nouveau: depuis Copernic nous expulsant du centre de l'univers à Einstein en passant par Newton, la Science a peu a peu fait émerger l'image d'un univers complexe et fascinant mais dans lequel nous n'occupions qu'un tout petit coin plutot confortable. Avec le développement des sciences de la Vie et de la Terre, nous découvrons que l'espèce humaine est tout autant le fruit d'une longue histoire chaotique que les bactéries ou que les autres espèces d'hommes qui ont vécu sur Terre et que le développement de notre civilisation doit beaucoup aux équilibres climatiques et biologiques de la planète. 

La conclusion de l'auteur est que finalement, ce qui est reproché au GIEC, aux écolos et aux scientifiques qui vont dans leur sens, c'est peut être "d'avoir mis fin à 150 ans de rèves d'infini". Somme toute, c'est l'histoire du verre à moitié rempli. On peut dire qu'il est à moitié vide mais aussi voir les choses autrement: depuis qu'elle existe, la Science fait changer notre vision du monde et c'est quand même son plus grand succès.

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