Quatre raisons de s'inquiéter (1/4)

La démographie est l'histoire naturelle des sociétés.

En voyant ce graphe, on pourrait croire que je vais la rejouer Malthus... Mais non: les barres horizontales correspondant à des niveaux de consommation sont évidemment sujette à évolution si on redéfinit les modes de vie et de consommation.

Par contre, ce graphe montre ce qui est le grand fait historique de cette première moitié historique, à savoir l'explosion démographique en Asie et l'émergence de deux nations totalisant chacune près d'un milliard et demi d'habitants. Pour reprendre le mot d'un lecteur de ce blog: d'ici 2050, les pays d'Asie seront les grands ordonnateurs du Monde.

Mais ils ne seront pas les seuls. La croissance démographique dans les pays du moyen orient, d'Afrique sub-Saharienne ou encore de la péninsule arabique posera de sérieux défis. Juste un exemple: le Yemen de 2030 rivalisera en population avec la Russie et avec le Japon d'alors! En fait, le gros de la croissance démographique entre aujourd'hui et 2040 proviendra des pays pauvres.

Comments

[benoitb]

Excellent effectivement l'article de Martha Nussbaum ! Cela me rappelle une discussion que l'on a eu avec P. lors d'un de ses derniers passages sur Paris, on dressait le même constat. Evidemment en moins complet et brillant ;-)

Ce qui est le plus inquiétant, c'est que l'impact le plus fort se fait sentir sur le long terme : lorsque la génération qui est formée actuellement sera pleinement aux manettes (et nous chez les "seniors" ;-)), puis lorsque ce sera le tour de leurs enfants (vu que l'éducation va vraisemblablement continuer à se dégrader)... C'est ce qui me fait craindre (au-delà des autres "raisons de s'inquiéter" que P. est en train de lister) une période de "grand bond en arrière" qui puisse s'étendre sur tout le siècle...

[benoitb]

@Guillaume : eh oui, même si les commentaires se font rares, ce blog est bien fréquenté la qualité remplaçant la quantité. Dans les gens que tu connais, de temps à autres on y voit également FVD pointer le bout de son nez ;-)

Sinon, plutôt que de "démocratie universelle", c'est plutôt de "démocratie globale" dont il faudrait parler. Cette caractéristique est essentielle, car seule une démocratie globalisée peut faire pendant à un marché globalisé. C'est d'ailleurs le déséquilibre actuel qui fait que les "démocraties" traditionnelles se dissolvent actuellement dans le marché.

Après, il n'y a que 2 voies possibles vers une démocratie globalisée.

La première, est ce que certains comme Attali appellent "gouvernance mondiale", qui ne serait qu'une reproduction à l'échelle mondiale d'institutions traditionnelles que que nous connaissons, une "strate" supra-nationale supplémentaire en sorte. Je ne crois cela ni souhaitable (car on reste là dans une vision d'organisation pyramidale classique, inapte à gérer la complexité à laquelle nous sommes arrivé), ni réalisable (cf échecs du G20, UE,...).

La seconde organisation possible d'une "démocratie globable", c'est à l'opposé une organisation horizontale, très largement décentralisée. C'est la seule viable à mon avis, notamment car elle permet de concilier à la fois organisation à l'échelon local (et local peut être une ville, une petite région) et global, une circulation d'information rapide, plasticité importante,... bref tous les avantages des réseaux, nécessaires, auxquels ne peuvent arriver les "pyramides".

Exemple récent : (il faut malheureusement avoir accès aux archives...)
http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1132727

[Guillaume B.]

Salut Benoit,

Moi qui voulait passer inaperçu derrière mon avatar, c'est raté. Que de monde sur ce blog !!!

Pour repondre au commentaire du commentaire de Benoit, je ne crois pas trop a une démocratie "universelle", par contre il est evident qu'aujourd'hui tout dessein politique a été spolié par les stratégies économiques des gouvernances d'entreprises très opérationnelles car petites et avec une puissance de mobilisation très forte autour d'un projet qui se résume a "faire du fric". Ces 3 mots suffisent a résumer le programme politique des partis liberaux qui l'enrobe quand meme de quelques considerations populistes afin d'y faire adherer la masse du peuple déculturé.

Et la situation est plus grave que ca. Fin juin je suis tombé en kiosque sur la couverture du numéro 1025 de Courrier International qui titrait : "où va l'université ?". A l'interieur un article de Martha Nussbaum (qui m'était totalement inconnue) que j'ai trouvé particulièrement pertinent par rapport a un sentiment que je rumine depuis plusieurs années. Je vous invite a le lire et a mediter son analyse :
http://www.courrierinternational.com/article/2010/06/24/une-crise-planetaire-de-l-education

Je crois qu'il illustre en partie un des maux de notre monde contemporain qui nous donne des raisons de nous inquiéter : le marché est devenu plus important que la connaissance. En gros, le superficiel paye mieux et plus vite que le travail de fond. C'est un etat de fait qui imprègne toutes les dimensions de notre société (politique, famille, travail, solidarité, enseignement, recherche, media, culture...) et ce qui fait souvent aux vieux de mon quartier : "tout fout le camp ma petite dame...".

A bientot,
Guillaume B.

lien : http://en.wikipedia.org/wiki/Martha_Nussbaum

[benoitb]

J'attend la suite avec intérêt... :-)

Le lien que tu as mis vers un commentaire de Guillaume B. (content d'avoir de tes nouvelles au passage !!) m'a permis d'aller le lire, et du coup m'a inspiré cette réponse :

http://ayearinboston.canalblog.com/archives/2010/08/24/18473541.html#c36785415