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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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15 décembre 2010

Sale temps pour la démocratie...

Pour beaucoup, la chaise vide du prix Nobel de la paix 2010 restera le symbole de la nature anti-démocratique du régime chinois. Et c'est vrai: comme l'Allemagne des années 30 forte de sa puissance industriel et de son grand capital abdiquant devant l'idéologie nazie, la Chine d'aujourd'hui n'hésite plus à faire pression pour que tous se soumettent à sa propre vision du monde, qui n'est pas celle portée par les démocraties occidentales.

Mais cette accès d'hubris des maitres de Pekin ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Car avec la crise économique qui mine la planète depuis près de trois ans, les démocraties occidentales ne sont pas au mieux de leur forme. En Amérique comme en Europe, les sombres intuitions de Tocqueville quant à l'instabilité intrinsèque de la démocratie sont en train de se traduire en sinistre réalité.

Aux USA, c'est un système institutionnel gangrenné par la puissance financière des lobbys qui est en train de scléroser la première puissance mondiale, menaçant de l'entrainer dans la ruine et, à plus long terme, vers une forme d'isolationisme nationaliste ou pire vers le fondamentalisme religieux. 

En Russie, c'est la montée en puissance de la corruption d'Etat qui menace de renvoyer ce pays vers une obscurité politique comparable, bien que plus policée, à celle des pires années du soviétisme.

En Europe, c'est l'explosion des tendances centrifuges laissées libres par une génération de dirigeants fades et, disons le, plus soucieux de leur réélection que de l'avenir du continent, qui menace de détruire cet ilot de stabilité et de paix voulu par ceux et celles qui ont du déblayer les décombres de la seconde guerre mondiale. 

En Fra nce enfin, c'est l'arrivée au pouvoir en 2007 d'une clique inculte et sans scrupules qui révèle les pires faiblesses du pays et catalyse un clientélisme feutré et un courtisanisme servile jusqu'aux plus hautes autorités politiques et au plus haut niveau de la fonction publique.

Paquet fiscal, cadeaux aux restaurateurs, suppression de l'ISF peut être: gaspillage et déni de la réalité économique sont au menu depuis 2007... Affaires Karachi et Woerth-Bettancourt à mettre en parallèle avec la suppression des juges d'instructions: cachez ces magouilles que nous ne saurions voir... Pression sur les médias publics et privés, rumeurs d'utilisation des services secrets à des fins personnelles ou politiques, interventions en faveurs de la famille (affaire EPAD) et des copains (les Bogdanov), rien ne nous aura été épargné... Culture de l'excuse lorsqu'un ministre accuse ses services, les fainéants de fonctionnaires voire même les météorologues à chaque dysfonctionnement qui s'avère in fine causé par la déresponsabilisation croissante des petits chefs et par le manque de moyen qui épuise les executants lambda censés faire toujours plus de miracles sur le terrain avec toujours moins de moyens et toujours plus de pression.

Le plus inquiétant dans tout cela n'est pas tant l'incurie du premier cercle de quelques dizaines de personnes qui gravitent autour de l'hyper-président mais la facilité avec laquelle des gens en situation de responsabilité deviennent des relais de cette politique et par là même contribuent à l'affaiblissement éthique et moral de la République.

Il est temps d'être lucide sur ce que nous vivons: une partie des élites dirigeantes du pays est en train d'abdiquer ses principes moraux devant une petite cour qui manifestement s'assoit sur les principes fondamentaux de la République. Cette fascination pour un pouvoir absolu, qui ne se discute pas et ne doit pas être critiqué, porte un nom qui nous a été transmis depuis près de 2000 ans: c'est une dérive fascisante, version moderne de l'abdication obséquieuse des fondateurs de la République devant Octave devenant Auguste il y a un peu plus de 2000 ans...

Alors oui, peut être que nous verrons monter une hyperdémocratie via Internet comme Benoit l'a mentionné dans un commentaire récent. Mais en attendant, n'oublions pas que la démocratie ordinaire vit des jours bien difficiles.

PS: pour en savoir plus: une interview de Rafaele Simone, auteur du livre Le monstre doux: l'occident vire t'il à droite?

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Commentaires
B
Alors une fois n'est pas coutume, une petite dose d'optimisme est venue du dernier bulletin GEAB du LEAP2020 :<br /> <br /> http://www.leap2020.eu/GEAB-N-50-est-disponible--Crise-Systemique-Globale-Second-Semestre-2011-Contexte-europeen-et-catalyseur-US-Explosion-de_a5617.html<br /> <br /> ...apparemment, ce sont les banquiers qui devraient finir par payer une partie de l'addition ! :-)
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P
Les Bogdanov sont partout et tout est dans les Bogdanov... et ils ont un plan!<br /> <br /> Plus sérieusement, je sais pas... une fulgurance sans doute. Mais bon j'ai aussi remarqué que la fréquentation de mon blog a augmenté depuis que j'ai écrit sur eux.
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P
Qu'est-ce que les Bogdanov viennent faire dans cette histoire ? J'ai du rater un episode.<br /> Voila en tout cas un post bien pessimiste, mais helas a mon avis tres bien vu...
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