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After a year in Boston, entering an happy Apocalypse
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17 juin 2012

Dieu, Saint Etienne et les Bogdanov...

"Maître, qu'est-ce que vous cherchez dans vos équations? Einstein ne répond pas tout de suite. Lentement, il regagne son bureau et s'assied juste en face de la jeune fille. Peut-être troublé par la beauté ambiguë de son étudiante, il soupire puis lui prend la main et murmure, à mots à peine soufflés: «Je veux savoir comment Dieu a créé l'Univers. Je ne suis pas intéressé par tel ou tel phénomène, tel ou tel élément. Je veux connaître la pensée de Dieu.»"

C'est peut être ainsi que ce nouvel opus commence... auquel cas on ne peut nier à ses auteurs un certain talent littéraire. A l'heure où "lol", "mdr", "ptain ça me prend la tête" et autres "je kiffe" font figure de cyber poésie, arriver à recréer autour de ce bon vieil Albert une ambiance à la David Hamilton qui arriverait à faire aimer le calcul tensoriel à tout vieil érotomane rétif aux mathématiques, ça n'est pas rien. 

Encore que rien, c'est déjà quelque chose... Et c'est sans doute de cela dont parlent les jumeaux de l'espaaaaace dans leur dernier opus. Bon d'accord, vous me direz que je ne l'ai pas lu et je vais vous répodnre que je ne le lirai sans doute jamais. Mais le large extrait publié par le Figaro la semaine dernière m'a suffisemment titillé l'intellect pour que je ressente le besoin de m'épancher sur vous, cher lecteur de ce blog.

Car ce rien qui les occupe est en fait une affaire sérieuse... Ce n'est rien d'autre que de l'origine du Monde. Non pas le célèbre tableau peint par Gustave Courbet en 1866 mais l'origine de notre Univers... ou encore la pensée de Dieu si vous avez un frère jumeau, que vous avez porté des pyjamas en papier alu et que vous venez d'Alpha du Centaure. 

Etrange coincidence qui veuille que l'année où je fais un cours sur "Physique, information et calcul" et où nous avons précisément exploré le lien profond entre théorie de l'information et physique quantique, y compris dans ses aspects les plus fondamentaux comme l'interprétation d'Everett, le dernier opus intersidéral et sidérant des jumeaux de l'espaaaace introduise au grand public ces subtils concepts:

"A ce stade, il n'y a plus de matière, plus d'énergie et plus de temps. A quoi il faut ajouter - en y insistant bien - que sur ce point zéro, ce qu'on appelle l'entropie de l'Univers (c'est-à-dire, en gros, son désordre) est nulle. Cela est une conséquence naturelle du fameux principe de la thermodynamique si bien explicité au début des années 1900 par ce génie visionnaire qu'était Ludwig Boltzmann. Or, comme l'information est tout simplement «l'inverse» de l'entropie, cela signifie qu'à l'instant zéro, l'information caractérisant le pré-Univers doit être considérée comme maximale."

Devant une prose d'une telle précision, je me revois tel un misérable vers de terre en train de me démener au tableau de l'amphi Schrödinger pour essayer de faire passer aux étudiants de L3 l'embryon de compréhension de ces mystères insondables que j'ai acquis de haute lutte par de sombres nuits sans lunes où j'ai abusé de Coca Cola et autres substances addictives.

Il n'y a pas de doute, je n'ai pas et je n'aurais jamais le talent littéraire pour écrire: 

"Dans ce temps imaginaire où l'harmonie préétablie prend sa source, un nombre-Univers d'une grande pureté, hors de l'espace-temps, pourrait bien contenir la complexité la plus haute que l'esprit humain puisse imaginer."

Et là, tel le poëte impuissant qui maudit son génie à travers un désert stérile de douleurs, du fond d'une Seat Leon dans les rues sombres de Saint Etienne, parvint à mes oreilles une terrible interrogation qui exprima ma consternation éternelle dans une perfection quasi prophétique: mais pourquoi n'ont t'ils pas fait une thèse sur Bob l'éponge ? 

14wheeler

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