14 mai 2009
Comment sauver l'université ? (3/3)
Passons maintenant à la solution de Bertrand Monthubert:
La solution, nous l'avons trouvée au PS depuis janvier. Un geste très fort doit être envoyé en direction des universitaires. Une réforme est nécessaire, mais pas comme celle en cours. Nous demandons ainsi de suspendre réellement la réforme lancée par Valérie Pécresse et de rouvrir le dossier avec une vraie concertation. Enfin, il semble indispensable de rétablir les emplois qui ont été supprimés. François Fillon doit également respecter son engagement pris en 2004 lorsqu'il avait annoncé un plan pluriannuel des emplois scientifiques. Ce plan est une nécessité. Seuls quelques mois nous suffiraient pour discuter sur le fond, compte-tenu des fortes convergences que nous avons sur l'essentiel des thèmes.
Effectivement il faudra rouvrir un certain nombre de dossiers et avancer avec une méthode différente... On ne fait pas une réforme de cette ampleur sans y associer les acteurs de terrain et sans prendre le temps. La précipitation et les pressions politiques venues du "chateau" ont été un vrai poison qui aura savonné la planche de Valérie Pecresse alors qu'elle aurait pu réussir à faire évoluer quelques points... même si in fine son action aurait été forcément limitée par le manque de marges budgétaires dues aux cadeaux fiscaux du gouvernement. Mais bon, les gouvernements sont par essence transitoire et une avancée est toujours préférable à un échec.
Pour revenir aux propositions de Bertrand: qu'une planification pluriannuelle des emplois soit nécessaire est une évidence. Les Etats Généraux de 2004 l'avaient soulevé notamment au travers de l'exemple de l'INRA dont j'avais déjà parlé.
Mais hélas cela ne suffira pas.
On n'arrivera pas à redynamiser l'enseignement supérieur en rajoutant des postes sans se poser de questions. Il y a deux tabous que la communauté éducative du supérieur dans son ensemble refuse de regarder en face et qu'il faudra pourtant dépasser.
Le premier c'est le tabou du cloisonnement: on ne peut pas continuer dans cette concurrence stérile entre universités, prépas, IUT et BTS. Cette concurrence engendre de nombreux parcours merdiques pour les étudiants, dévalorise une grande partie du dispositif (les universités) et entretient ce que Patrick Fauconnier a appelé la culture de la "raffinerie" dans l'enseignement supérieur alors qu'on aurait besoin d'épanouir les talents des étudiants dans toute leur diversité. Voir mon commentaire sur les propositions de Jean-Robert Pitte.
Le second, c'est le tabou de la diversité: il faut reconnaitre que l'excellence n'est pas unidimensionnelle. Les différents établissements d'enseignement supérieur ne peuvent pas avoir tous le même positionnement. C'est un point que les Etats Généraux de 2004 avaient soulevé et c'est pour cette raison qu'ils avaient proposé la notion de poles régionaux (PRES) regroupant des composantes complémentaires dans un projet global bien défini. La diversité c'est aussi accepter qu'il existe de multiples manières d'être un universitaire sérieux et compétent: le modèle du prof au collège de France n'est pas le seul. L'enseignement est l'affaire d'équipes regroupant des profils différents et c'est cela que la modulation des services permettrait de faire.
Or dans le mouvement qui s'est déployé cette année, la première question n'a pas été soulevée et la seconde à fait l'objet d'un refus massif. Ca donne une mesure de l'ampleur du problème... qui ne se résoudra pas qu'en rajoutant des moyens et en faisant un plan pluriannuel d'emplois.
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